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gay - Page 5

  • " Un professionel de la profession."

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    Lorsque vous fréquentez le monde interlope de la nuit, vous êtes amenés à rencontrer toutes sortes de créatures hautement improbables que vous n'auriez pas eut la moindre chance de croiser au soleil de midi.

     De fausses gloires en authentiques stars, de barons de la drogue en capitaines d’industrie, de fleurs du mal en illuminés, j’ai, au cours de ma vie, affronté à peu prés tous les mensonges de ce monde des merveilles ou même Alice et son lapin blanc eussent finis à la sauteuse.

    Ne manquait à ma collection qu’un acteur de pornos.

    Cette déplorable lacune fut comblée au cours d'une nuit d’Aout, maussade et poisseuse, dans une boite à Partouzes destinée à une clientèle hétéro.

    Mais que Diantre allaient donc foutre « Mauvaise. Graine » et son inséparable faux frère entre le quai de la Seine et le parc de la Villette, dans un Lupanar ou des gisquettes énervées du berlingot aguichaient moult membrus mateurs de moniches malapprises ?


    Nous visitions , ne vous déplaise , en curieux , en touristes , ceci à l’invitation du gérant , un adorable voyou, ami de jeunesse de nos pères respectifs, lequel nous accueillait comme les fils qu’il n’avait pas , puisqu’en dépit d’efforts enthousiastes et répétés il n’engendrait que des pisseuses ( plus une bonne dizaine de bâtards de sexes indéterminés , inconnus et pas reconnus qu’il essaimât du temps ou il officiait comme mercenaire au Cambodge et en centre Afrique)


    L’endroit, doté d’un restaurant en rotonde ou l’on dinait à l'ombre piquée des brefs et tièdes scintillements dispensés en avare par de pudiques chandelles, paraissait, pour peu qu'on ne prétât attention à la quasi nudité des serveurs, parfaitement convenable, voire complètement anodin.

    Un salon bar décoré de laques bleues et de bois de roses accueillait le chaland. Une volée de marches menait au premier cercle de l'enfer , une discothèque singeant avec malice la folie baroque d'un petit théâtre à l’Italienne ou le sourd bourdonnement des ors tempérait le tapage des soieries rouges bordel.

    Le reste n’était que dédale de couloirs ouvrant sur des chambres faussement bourgeoises ou de vastes pièces nues aux sols jonchés d’épais matelas.

    Ai-je besoin de préciser que je ne quittais pas le bar, engoncé jusqu'au goitre dans des discussions de pochards, tandis qu’un David plus aventureux jouait les explorateurs de l’étrange un sourire musard aux lèvres ?

    « -Tu as une touche, gamin, me dit « Jean-de-la-lune », ce soir là ; et même une fort jolie touche!

    Bien que circonspect, mon œil radar s'alluma aussitôt.

    « -Tu te fiches de moi ? Non ! Ou ça ?

    « -Dix heure et quart ; le box prés de la colonne. Six mecs ; le tiens c’est le blondin.

    Je détournais la tête avec toute la discrétion dont j'étais incapable.

     


    Effectivement un très joli garçon athlétique et bronzé me souriait aves insistance.

    « -Tu connais ? Glissais-je à « Jean-de-la-lune ».
    « -Non, sont pas du coin. D'ailleurs la plupart ne parlent même pas français.
    « -Anglais ?
    « -Plutôt hollandais, ou un patois dans le genre
    .


    Nous étions bien avancés tant notre habilité à manier les rudes subtilités de l'Utrechtois-ablasserwaards touchait au néant absolu !

    Etrangement, plus je regardais ce garçon, plus je lui trouvais un visage familier.

    « -Peut être un client à toi ? suggéra « Jean-de-la-lune ».
    « -Je n’oublie jamais un client.
    « -Un ancien amant, alors !
    « -Je les oublie encore mois. Même les mauvais! Surtout les mauvais !

    David regagnant l'abreuvoir de son pas nonchalant, j'agrippais son bras et lui désignais le mystérieux gandin.

    « -Ecoute voir, mon amour, le mec, là bas, chemise blanche, yeux bleus ; sa frime te dirait rien par hasard ?

    David écarquilla ses grands yeux myopes, scruta l'obscurité du claque puis dans un haut le corps éclata d'un rire semblable à l'éveil d'une forêt vierge lorsque l'hystérie des macaques annonce l'approche d’un prédateur.

    « -Bien sur que je le connais ; se gondola t il. Et toi aussi d'ailleurs ! Il jouait dans le film de boules qu'on a maté la semaine dernière chez la Benguala

    Je me frappais le front du plat de la main.


    Bon sang, mais c'est bien sur !

    Le Cadinot's boy.



    Je me souvenais, en effet, d’avoir regardé vaguement et sans trop y prêter attention, un charmant conte pour enfants dissipés, au cours d'une soirée tapioles, tapas, téquila.

    Comment avais je pus oublier des ...yeux pareils ?

    « - Même que tu as dis que tu te le ferais bien, ajouta mon faux frangin, décidé à me crucifier telle une hulotte au porche d'une église Vendéenne. Alors, qu’est ce que tu attends, grande cheminée, tire donc !

    Le garçon à présent s'avançait vers le comptoir ; la démarche conquérante, un sourire 100.000 volts sur ses lèvres groseilles.


    Je pris la fuite entrainant à ma suite un David outré par mes vilaines manières.


    Nous gagnâmes le salon bar ou la musique plus discrète invitait au flirt et à la conversation.

    « -Ce n'était pas la peine de vous sauver ; je n'avais pas l'intention de vous manger. Du moins pas immédiatement.

    Une voix masculine, basse et amusée.
    Un parfum urbain, brutal et sensuel; une odeur de bitume et de café fort que réchauffait un frisson de réglisse.

    Je me détournais et reçu en plein visage un regard ou l'on ne voyait que du bleu.
    Frappé jusqu’au fond du cœur (d’une atteinte imprévue blablabla) je chancelais.

    « -Je ne me suis pas sauvé, bredouillais je piteusement. C'est mon pote là ; il ne supporte pas la fumée.

    David, occupé à allumer un robuste Vegas Robaina on ne peut plus Cubain, s’éboula en une quinte de toux admirablement feinte.

    « -C'est ce que je vois ; constata l'acteur goguenard. Vous permettez que je vous offre un verre ?

    Demande-t-on à un aveugle s'il veut voir ?

    J’acquiesçais, rougissant comme une rosière à l’heure de sa première saillie.

    Nous trinquâmes.

    Le garçon me sourirait de ses dents admirablement blanches.
    Je lui fis voir que les miennes n'étaient pas d’égueulasses non plus.

    « - Vous avez de très jolis yeux ; me dit il. D’un vert peu commun, presque translucide, avec une légère nuance de jaune.

    Plutôt que de lui retourner le compliment, je tentais une boutade.

    « - Le vert pour l’espérance, le jaune pour la cirrhose.

    Il rit par politesse avant de me demander mon prénom.

    A toute hâte je déclinais mon identité complète ; pour un peu je lui eus récité mon acte de naissance et mon numéro de sécu.

    « -Et toi ?

    Je m'attendais à un pseudonyme à la mord-moi- le- chose, du genre Kevin Hard ou Florian Hole.

    Il me donna un prénom français bien banal suivi d'un nom de famille qui ne l'était pas moins.

    « -Et que fait il dans la vie ce charmant Vania ?
    « - Je viens de signer avec un Tour Operateur. Je crée des circuits à la carte pour une clientèle haut de gamme, répondis-je.
    « -Tu ne me demande pas quel est mon métier ? S’enquit mon soudoyeur, moqueur.

    J'eus un geste de la main comme pour jeter du sel derrière mon épaule.
    Conjurons le mauvais sort et tout se passera bien.

    « - Oui, non ! Quelle importance ?
    « - Et bien, je vais te le dire quand même. Je fais des films.
    « - Ah, super, Melville, Cassavetes, Truffaut.

    Sans même m'en rendre compte, je ne citais que des cinéastes morts.

    « - Plutôt Cadinot. Tu connais J. D.C. ?

    Prétendre le contraire eut été stupide.

    « -Ca te dérange ? demanda t il en posant comme par inadvertance sa main sur la mienne. Que je sois dans " l'industrie ", je veux dire ?


    Plutôt que de jouer les vierges folles je mêlais mes doigts aux siens et décidais de me montrer sincère.

    « - Si je devais t’épouser, ça pourrait constituer un problème.

    Il se pencha vers mon visage, embrassa sans la moindre pudeur le coin de mes lèvres.

    Je me fis violence pour ne pas mordre au sang cette bouche gourmande.

    « -Pourquoi ? C'est un métier comme un autre et un fantasme très banal. De plus ça paie bien et j'ai la chance de pouvoir choisir mes partenaires. Ca vaut toujours mieux que le tapin, tu ne crois pas ?

    Je ne croyais rien du tout ; j'étais liquéfié par son charme.

    Intelligent, fin, sensible il était à mille lieues de l'image relativement malsaine que j'avais des professionnels de la profession.

    Mon trouble était tel que je ne savais plus vraiment ce que je faisais.

    « -Je crois que tu allumes ta cigarette à l’envers, me fit remarquer le joli cœur.

    Je grognais, tout autant agacé par ma propre maladresse que par la limpidité avec laquelle s’affichait mon émotion.

    « -Ma cigarette est à l’endroit. C’est ce foutu bar qui est à l’envers ! Répliquais-je.
    « -Trop bu ?
    « -Jamais assez.

    Ayant dit, je commandais une autre tournée.

    Les verres défilant, l’heure tournant me vinrent d’inévitables pensées salaces.

    Ca devait savoir se tenir, sous l’homme, un acteur de pornos.
    Ca devait pratiquer des trucs insensés, des agaceries inédites, des subtilités Mandarines, des raffinements de harems Ottomans.
    A moins que ça ne baise mécaniquement, comme on s’acquitte d’un boulot pas réellement fastidieux mais que la force de l’habitude rend monotone.

    Mon adonis interrompit mes rêveries licencieuses.

    « -Je peux te poser une question intime ?

    L’alcool aidant, je prenais de l’assurance, jouais les agents provocateurs.

    « -Chéri, tu as quasiment collé ta langue au fond de ma gorge. Je ne vois pas ce qui pourrait être plus intime.

    « - Et bien, demander à quelqu’un d’aussi ostensiblement gay ce qu’il fiche dans un club échangiste hétéro.

    Ostensiblement gay, il en avait de bonnes le poupon gonflable !

    A croire que c’était moi qui, la raie bienheureuse, ouverte ainsi qu’une huitre un soir de réveillon, me faisais sodomachiner face caméra.

    « -Le patron est un ami. Et toi ?
    « -J’accompagne des potes Bulgares. Tu sais ces mecs qui tournent des films pédés pour le pognon mais préfèrent les filles.
    « - On parle d’autre chose ?
    « - On parle d’autre chose !

    Nous devisâmes ainsi un moment agréablement ; jusqu'à ce David vienne me taper sur l’épaule.

    « -Je m’emmerde, je me barre, je vais au Queen. Tu gardes la caisse ? Tu prends un taxi ? Monsieur te ramène ?

    Mon acteur passa un bras déjà possessif autour de ma taille.

    « - Je le ramène.

    Il me ramena, en effet !


    Chez lui.

    L’appartement était minuscule mais clair et propre, le rosé frais, les cigarettes odorantes, l’acteur embrassait comme un dieu.

    Je ne sais comment je me retrouvais dans une chambre aux murs crépis jaune soleil, allongé tout nu sur la courtepointe aux motifs provençaux d'un lit de plumes, la bouche de l'adonis plus bas que mon nombril.


    Et c'est ainsi que se termine mon histoire.

    Non ?

    Vous en voulez encore ?

    Mais une question d'abord : Avez vous déjà couché avec un acteur de porno ?

    Non !

    Et bien moi non plus.

    A mesure que cet habile jeune homme s'en amusait, coquette rétrécissait.


    J'avais pourtant à cette époque le chibre fringuant et le derrière mutin, pourtant ce matin là tous deux affichaient le pavillon Suisse de la neutralité.

    Mon amant, si du moins je peux l'honorer de ce nom, ne pouvait se flatter, du reste, de meilleures performances.

    Après quelques amabilités réciproques restées lettre morte nous nous regardâmes en riant.


    « -C'est la première fois, tu sais ! me dit-il simplement.

    Je n’en doutais pas un seul instant.


    Manque de bol, il fallait que ça tombe sur moi.

    « - Qu'est ce qui t'arrives ?
    « -Je tourne encore cet après midi. et il n’est pas recommandé de baiser une veille de tournage. C’est nuisible à la qualité de la performance. Valable comme excuse, non ? Et toi, quel est ton problème ?

    Aucune gène ; aucune honte. Nos échecs mutuels nous rendaient complices, fraternels.
    « -Chais pas, le coté professionnel de la profession, sans doute. La trouille de ne pas être à la hauteur de tes partenaires habituels. On arrête les frais ?
    « -On arrête ! Mais je n’ais pas envie que tu partes. Je voudrais rester un moment, comme ça, avec toi .Je suis bien dans tes bras.

    Il enfouit son visage dans mon cou, se blottit contre ma poitrine.
    Il avait quelque chose de fragile et d'infiniment attendrissant ; quelque chose de perlé que l'on trouve à la sueur des enfants.

    Au moment de le quitter, alors que le soleil était déjà haut dans le ciel, il me rappela sur le pas de la porte et m'embrassa très tendrement.

    « -Dis moi beau gosse, ça te dirait de tourner dans une production adulte ?

    Je claquais gentiment sa joue.

    « -Avec toi ? Pourquoi pas. Ce sera le seul film de boules ou personne ne bande !

  • " L'adieu au guerrier."

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    J’étais à peine majeur lorsque je rencontrai le garçon pour lequel je commis ma première folie amoureuse.


    Nous l’appelleront « Le Pacha » puisqu’il répondait au grade de quartier maitre dans la marine nationale.


    Le terme de « Pacha » dans l’argot des marins désigne le commandant d’un navire. Or commandant de navire, il l’était comme moi danseuse nue au « Crazy Horse ». Cependant ce surnom me semblait parfaitement convenir à sa nature dolente comme à son gout prononcé pour la plus parfaite oisiveté ; je l’aimais en tous cas beaucoup plus que celui officiel de « Crabe » qu’il devait aux chevrons rouges de son insigne de grade rappelant les pinces d’un crustacé.


    Nous nous rencontrâmes au « Queen » ; un Dimanche si je me souviens bien ; aux temps bénis ou pour accéder à ce saint des saints nous classant définitivement parmi les gens « in » , nous acceptions , de bonne grâce, d’être traités comme les voyageurs du métro New Yorkais , un Vendredi soir veille de fête , à l’heure ou des milliers de bureaux vomissent dans la rue des centaines de milliers d’employés , ou certains , moins jeunes , moins jolis ou moins rusés que nous ne l’étions , payaient à prix d’or des consommations que les serveurs , distraits , leur apportaient ou non selon leur humeur .

    La nuit largement entamée, j’étais saoul à ne plus savoir comment je m’appelais ; mais pas au point de laisser échapper cet immense gaillard, les cheveux taillés ras ; la mâchoire carrée ; les yeux légèrement fendus en oblique d’un bleu intense et liquide dans lequel on aurait aimé nager vers la promesse d’une ile.


    Vêtu d’un pantalon à pinces de toile noire comme on en faisait plus depuis 1982, d’une sage chemisette blanche boutonnée jusqu’au col, il dansait gauchement parmi les folles à boas et les athlètes en strings, indifférent aux mouvements de la foule comme au rythme de la musique.


    Je le trouvais emprunté, maladroit, provincial ; bref terriblement attendrissant.

    « - On dirait Balloo du « Livre de la Jungle » ; se moqua David à mon oreille.


    Je lui assénais une petite tape amicale sur la joue.


    « - Dans ce cas, je veux bien être son Mowgli.
    « - En plus, tu as vu la touche ? Je te parie qu’il est hétéro ! objecta mon empêcheur de draguer tranquille.


    J’esquissais un sourire que je voulais insolent.
    « - Raison de plus !

    Hétéro, il ne l’était manifestement pas, puisque trente secondes plus tard, après avoir feints de trébucher contre sa large poitrine (« Pardon, je suis un peu saoul ») je titillais de ma langue le fond de sa gorge sans qu’il songeât à me flanquer l’avoinée que mon impertinence méritait.

    A la fermeture, nous l’embarquâmes ; sans nous soucier de lui demander son avis, ni de savoir s’il était accompagné ou non ; chez David, dont le père, producteur de cinéma, absent pour cause de tournage Africain ne risquait pas de venir troubler nos turpitudes : autrement dit dans l’appartement mitoyen de celui ou mon propre géniteur et son épouse feignaient d’ignorer les bacchanales orchestrées de l’autre coté de la cloison.

    Tandis que nos pseudos amis s’achevaient gaillardement à coups de shoots de Téquila et de rails de coke, « le Pacha » et « Mauvaise. Graine » s’enfermèrent à double tour dans la chambre d’amis ou, bien entendu, ils jouèrent à la bataille navale jusqu’au lendemain matin.

    Quoi qu’il en soit, quant à des raisons suffisamment évidentes pour que je m’abstienne de les énumérer ici, il ne me fallut pas mille ans avant de me découvrir amoureux dans toute la splendide inconscience, la merveilleuse voracité de mes dix huit ans.

    « Le Pacha » brulant des mêmes feux, s’en suivirent six jours de folle passion, passés essentiellement à faire l’amour avant que le glas d’un départ annoncé ne vienne tempérer nos priapiques ardeurs.

    Je vous épargnerais la litanie des « ne me quitte pas » et autres « mais je ne pourrai jamais vivre sans toi » que nous déroulâmes à plaisir telle la bobine d’un mélo-raclette ; nos adieux déchirants sur un quai de gare , ma course éperdue dans le sillage de ce train qui emportait mon amour vers Toulon, sachez simplement que si un jour on tire un film de cette histoire il faudra impérativement vendre des kleenex pendant la projection sous peine de voir la salle noyée avant la fin du premier quart d’heure.


    S’en suivirent deux semaines de correspondance tragique, de coups de fil désespérés, avant que je ne me décide, ma vie m’étant devenue intenable, Paris haïssable, à tout plaquer pour rejoindre mon homme aux rives de la plus belle des mers du monde.


    Mon Saint homme de père tomba des nues lorsque je lui annonçais ma décision.


    « -Tu es saoul ? Drogué ? Malade ? Tu me fais un poisson d’Avril au mois de Mars ?


    Je le rassurais aussitôt : jamais je n’avais été plus sérieux.

    « -Et de quoi comptes tu vivre à Toulon ?


    J’objectais que je trouverais un job. Après tout travailler ne devait pas être bien terrible puisque plein de gens s'y risquaient.


    Ricanement du paternel.


    « - Parce que tu sais faire quelque chose de tes dix doigts ! Voilà qui est nouveau.


    En dépit de ma mauvaise foi, je convins qu’il n’avait pas tort.
    « - J’espérais que tu accepterais de m’aider financièrement.


    Pour la toute première fois mon père me dévisagea avec sévérité.


    « - Tu es majeur, je ne peux donc légalement t’empêcher de partir si tel est ton désir. Mais sache que tu fais une énorme bêtise. Tu te crois grand, tu te crois fort, tu te crois amoureux d’un garçon que tu ne connais pas, tu te crois armé pour la vie à deux et ses petites misères, vas mon fils, vie ta vie, seulement ne compte pas sur moi pour t’aider à te fourvoyer ! Et puis Toulon, franchement ! Tu n’y tiendras pas huit jours !


    J’y teins huit mois.


    Suite au refus de mon père, je m’en allais pleurnicher auprès de mes tantes, lesquelles nourries de romans roses et de films Hollywoodiens, compatirent à ma misère, acceptant même de me doter d’un joli magot aux conditions expresses que je taise leur rôle dans mon escapade et que je promette de leur téléphoner tous les jours.


    Je partis donc d’un cœur léger et retrouvais mon « Pacha » avec transports, bien décidé à gouter sans limites aux délices d’un amour conquis de si haute lutte.

    Hélas, je ne tardais pas à réaliser que si j’aimais sincèrement « Le Pacha », l’amour, l’amour avec « Le Pacha », j’aimais encore mieux mon confort et mes aises et que la passion dans 20 m2 avec chiottes sur le pallier, eau chaude uniquement entre sept et huit heures du matin, lorsqu’en plus il faut se farcir les courses, le ménage et la bouffe ; cette passion là possédait un léger gout de rance auquel mon palais de fin gourmet ne s’accoutumait pas.


    Toulon ; mon père avait raison ; et j’en demande pardon aux Toulonnais si toutefois certains d’entre eux me lisent, n’est pas une ville bien agréable, ni bien folichonne.

    Bref je m’y emmerdais à cent sous de l’heure et ce n’était pas un semblant de milieu gay -composé pour l’essentiel d’un bar, « Le Texas », lui plutôt sympathique ; d’un resto dont par charité Chrétienne je tairais le nom et d’une boite, « Le boy z Paradise », ou des travelos de l’âge de ma grand-mère se produisaient sur des chansons d’Annie Cordy - qui risquait d’enjoliver mes humeurs maussades.

    Mon orgueil m’interdisant toute marche arrière je rongeais mon frein jusqu’à ce que « Le Pacha » ne vienne m’annoncer, le teint cendreux et l’œil humide, qu’il embarquait à destination de Djibouti pour une escale de six mois.


    Je ne me souviens pas de ce que je ressentis à ce moment précis ; sans doute un lâche soulagement ; mais voici ce que je notais dans mon journal intime à la date de son départ :

    « Il s’en va.
    Il part sur la mer indigo à bord d’un navire blanc fierté de notre marine Nationale.
    Il ne reviendra pas avant de longs mois.
    Destination Djibouti.
    J’ai regardé dans un Atlas ou ça se trouvait.
    C’est loin, très loin …….
    « Le Pacha » pleurait tandis qu’il me serrait à me briser contre son grand corps massif.
    Il disait des bêtises, il disait des guimauves.
    Il disait qu’il avait peur. Il ne savait pas de quoi. Il ne savait pas pourquoi.
    Il voulait me faire l’amour, encore une fois, avant de me dire adieu.
    Je l’ai trouvé laid comme un homme qu’on aime plus.
    « - Tu m’attendras, suppliait il, tu ne me tromperas pas !
    J’ai promis tout ce qu’il a voulu, mais in petto je me disais « Pars tranquille, mon grand, je n’ai jamais autant envie de te tromper que lorsque tu es là. »

    Le bâtiment emportant « Le Pacha » n'avait pas quitté la rade Toulonnaise que déjà j’embarquais pour Paris ou mon père me reçu sans un commentaire, sans un reproche.


    "Le pacha" m'écrivit des mois durant sans même que je daigne ouvrir ses lettres.


    Puis il téléphona.


    Je lui fis répondre que j'étais décédé dans la paix du Christ Roi.


    Parfois, il me plait à imaginer qu'il espère encore ma résurrection.


    En revanche au cours des semaines qui suivirent je refusais systématiquement de sortir avec tout garçon qui habitat à plus d'un jet de pierre de mon XVIème natal.

  • " Oral Sexe et petites contrariètés."

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    1998

    J’étais en cette époque bénie, étudiant à Nanterre (comprenez par là inscrit à l'Université, car sans boussole ou cardan j'eus été bien en peine d'en indiquer les bâtiments, tant je m'y montrais assidu.).
    Ivre d’indépendance et friand de minets libidineux, j’avais quitté le domicile paternel pour m’établir dans un appartement de la rue d’Aboukir dont le loyer m'eut couté la peau du derche si j'avais dut le payer de mes deniers.
    Mon papa adoré, bien évidement, assurait plus que généreusement ma subsistance, cependant, m’aurait il refilé les milliers de millions de milliasses de talbins que sa jeune et ravissante épouse claquait chez les couturiers que je n’en aurais encore pas eut assez.


    Je vivais, il faut bien le reconnaître, de nuits champagne en après midi shopping, un chouia au dessus de mes moyens et carrément à chrome s’il fallait en croire les somations de mon banquier lequel, en d’autres temps et sans remords, eut volontiers envoyé ma tête à vent valdinguer au massicot.

    De sottises en incohérences je me retrouvais très rapidement dans une situation financière à peine moins dramatique que le final Moldave d’une saison de « Dynastie ».

    (NDA : l’ensemble du casting sulfaté à l’Avtomat Kalachnikova modèle 1947, plus communément appelée AK-47 ou Kala pour les intimes, durant les épousailles d’Amanda Carrington, la fille cachée de Blake et Alexi, avec un prince d’opérette. Bilan de la tragédie : deux figurants virés.)



    Quatre solutions s’offraient alors à moi pour sortir de la mouise :

    - 1) Renoncer à sortir toutes les nuits ce qui était impensable ; autant prendre, la bure, le cilice et enterrer vivants mes vingt carats dans quelque Abbaye cistercienne perdue aux fins fonds de l’Auvergne.

    - 2) Continuer à sortir toutes les nuits mais attifé pire qu’une mendiante Péruvienne après un séisme de magnitude neuf sur l’échelle de Richter, or si le vêtement que je porte avec le plus de chic et de désinvolture reste encore une paire de bras d’hommes, les linges griffés ne me siéent pas mal non plus pour l’immense malheur de mon portefeuille et l’ineffable rayonnement de mon égo.

    - 3) Me prostituer ; j’avoue y avoir sérieusement songé et n’eut été mon dégout pour la chair flapie des michetons dont j’acceptais déjà assez mal qu’ils me prissent la main après avoir fait péter la roteuse , peut être aurais je connu une carrière honorable dans la galanterie.

    - 4) Me dégauchir fissa un colocataire potable, entendez par là solvable, propre sur lui, point trop brise burettes, évidement pédésexuel et suffisamment moche pour que je m’abstienne de lui sauter dessus les soirs de grande désespérance.

    David eut parfaitement convenu (hormis pour le coté moche, Dave mon amour ne me fais pas dire ce que je n’ais pas dit) si ce lâcheur ne s’en était allé tâter de la miche Yankee sur le campus d’une Université Californienne ou il se formait aux métiers du cinéma.


    Confronté à l’embarras du mauvais choix je me décidais finalement en faveur du pire.
    Gianni le Baltringue, dit « Mistinguett », dit « La Miss », vendeur en prêt a porter la semaine, gambilleuse le week end dans un bouge à travelo bien connu ou il/elle s’illustrait dans un Cancan frénétique laissant à penser qu’il/elle ne possédait pas de colonne vertébrale, et pire colporteuse de ragots, de fables, de contes que notre Sainte Gallia du Charlat.


    Pas mauvaise carne au demeurant.


    Rusée, matoise, plutôt finaude en dépit d’une inculture qui lui faisait prendre Sean Penn pour la capitale du Cambodge et le groupe « Boney M » pour une taille de soutiens gorges, d’une honnêteté toute relative, bien qu'étonnamment franche et fidèle dans ses amitiés.


    Notre cohabitation se passa pour le mieux jusqu’à ce que « La Miss » s’entiche d’un asticot de banlieue quasi pré -pubère, mince comme un soupir cependant doté selon la rumeur d’un engin de torture digne de l’inquisition Espingouine, engin dont il se servait, toujours selon la rumeur, sans la moindre imagination mais avec une endurance remarquable.


    Bref une peine à jouir, monté comme le bourricot de Buridan, sans gène ni éducation et stupide au point que si l’on avait du sonner les cloches à chaque fois qu’il disait une connerie, plus personne ne se serait entendu penser.


    A part ça un bien charmant garçon que ce José, tant et tellement serviable que je le trouvais un matin ou une après midi, je ne sais plus, en tous cas à mon réveil posé sur la courtepointe de mon lit avec la grâce bovine d’un crapaud buffle sur une feuille de nénuphar.

    Alerté par cette présence inhabituelle je soulevais un vasistas de plomb sur un œil aux allures d’huitre avariée. Bien que l’esprit me manquât encore, je notais la présence d’un soleil vert et acide aux fenêtres de ma chambre, la frime enfarinée de l’autre crève-la-dalle, le tressaillement maladif de ses doigts aux ongles rongés et me payais le tracsir de ma vie en imaginant la gouape venue me suriner ou pire caser son démonte pneus dans les profondeurs de mon haillon, quoi qu'il en soit bien trop étroit pour contenir la chose.


    « -Qu’est ce que tu branles ici, connard ! Beuglais-je d’une voix qui ne devait ses inflexions males qu’à mes abus d’alcool et de tabac. Tu ne sais pas que ma chambre est out of limits, forbiden, verboten, vietata, prohibita ; IN-TER-DITE ! D’abord qu’elle heure il est ?


    José s’agitait comme s’il avait besoin de se secouer le mérinos.
    La mine chiffon, il chignait des châssis, respirait bruyamment, se mordait les limaces, transpirait aussi un peu des aisselles à en croire l’exquis fumet de gigot à l’ail qui peu à peu se répandait dans la pièce.


    « -s’cuse de te réveiller, finit il par lâcher, mais y a urgence !


    Avec une plainte pitoyable de bébé phoque à l'agonie je me réfugiais sous mes couvertures.


    Je connaissais le modèle par cœur. Le golio s’était, une fois de plus, engrainé avec la Miss et comptait sur moi pour arbitrer, une fois de trop, leur eternel match de catch.


    Rassuré de ne pas s’être ramassée une giroflée, le lascar, à présent s’autorisait toutes les hardiesses.


    « - Allez, feignasse, bouge-toi ! Y a péril en la demeure je t’ais dit !
    « - Tu permets tout de même que je boive un caoua ?


    Péniblement je trainais ma carcasse avinée jusqu’ à la cuisine, enclenchais la machine à expresso.
    Le café coula, crémeux, onctueux, odorant.
    Me revinrent des images d Afrique, celles de grandes Ivoiriennes aux visages impassibles assises très droites à l’entrée de leurs cases, occupées à griller les gros grains craquants du café-vert sur des braseros ou brulaient d épaisses feuilles de Bananier.
    Dans mon dos le ramier trépignait d’impatience.


    Dix huit ans aux quetsches, petit animal immature et amoral que la Miss avait ramassé dans un bar à vioques ou il allait aux asperges pour le prix d’un jambon-beurre, il m’eut attendrit si j’avais possédé ne serait ce que le quart de la moitié d’un cœur.


    « - Quel est le problème ? Ta vieille n’a pas voulu brosser ? Demandais-je, histoire d’en finir le plus rapidement possible.
    « - bé, elle peut pas trop la pauvre ! Elle a, comme qui dirait, le fignédé en chou fleur en ce moment ! Non, y a pire !


    Encore chargé d’avoir un peu trop fait la fête aux chapelles, j’avais beau creuser le vide abyssal qui me tenait lieu de cervelle, je ne voyais pas très bien ce qu’il pouvait arriver de pire à l’autre tarderie que de perdre, même momentanément, l’usage de son trou d’amour.


    « - Tu me promets que tout ça restera entre nous ? S’inquiétait le Jocrisse.


    Je posais une main virginale sur mon cœur d artichaut.
    « -Juré, craché, ça ne sortira pas d’Ile de France.


    Queue-d-âne prit une grande inspiration, puis, a toute hâte, comme on se lave d’une souillure il m’avoua l’invraisemblable vérité.


    « - La Miss ne sait pas sucer.


    A ce point du récit je me dois de vous préciser que si Gianni avait hérité du surnom de « Mistinguett », ce n’était pas tant en raison de son habileté à la gambille, ni à cause de la beauté de ses échasses, mais parce qu’il se trimballait en guise de dentition un clavier à dominos sur lequel on aurait put jouer du Chopin avec des gants de boxe sans risquer d’altérer la pureté de la mélodie.
    Comment voulez vous que doté d’un tel appareil à désosser les côtelettes l’infortuné puisse tailler une pipe convenable ?

    J’avalais une gorgée de café. Je souris les yeux dans le vague. Je songeais que décidément, ces rideaux vert bouteille, aux embrases des fenêtres n’allaient guère avec le papier peint des murs ; que je serais forcément à la bourre à tous mes rembours ; que le Château Lafiotte que j'avais décidé de servir au diner en accompagnement d'une tourte forestière n’était peut être pas le vin le plus approprié pour relever la saveur boisée des champignons ; que je m’en allais sur le champs occire ce petit con de José avec des raffinements de barbarie dignes d’un empereur Mongol .


    Calmement et sans cesser de sourire, je rangeais une mèche de cheveux derrière mon oreille (oui, à l’époque j’avais encore des crins !), chopais un paquet de Dunhill sur une étagère, y cueillis une cigarette que je n’allumais pas immédiatement.


    « -Et en quoi l’absence de prouesses buccales de ta morue me concernent elle ?


    L’allumette craqua dans un silence assourdissant.


    Face à mon apparente impassibilité, José s’enhardit un peu plus.


    « - Tu pourrais, comme qui dirait, genre, lui donner des leçons particulières. Ce serait pas du luxe, crois-moi. Faut voir comment elle s y prend, la pauvre. Elle mastègue, elle mordille, elle tousse, elle crache, elle bave et moi forcement je débande.
    « - Et sur quel " instrument " suis je censé faire ma démonstration ? Une banane ? Un concombre ? Un vieux gode des familles ? Ton chibre de concours ?


    Ma voix était à présent aussi claire et tranchante que le fil d’un sabre Musashi.


    « -Ben, non, t’es conne, rigola l’arsouille, j’ai pensé, comme qui dirait, que, peut être, tu pourrais lui montrer sur un de tes mecs.


    J’exhalais un nuage de tabac blond semblable à une bouffée de soulagement. Ainsi donc l’ignoble ne cherchait pas à m’escroquer d’une turlute gratos au saut du paddock !


    « - Quelle bonne idée ! Chéri, tu ne veux pas abandonner ton livre le temps que je te taille une petite pipe ? Au fait mon amour, ça ne t ennuie pas que la Miss regarde et prenne des notes ? Ou mieux; on lui fait une cassette vidéo ; comme ça elle pourra réviser, le soir à la veillée.


    Le charlot à sa mémère afficha une lippe penaude.


    « -Tu n es pas d accord, c est ça ?
    « - Tu as tout compris morveux ! Comme qui dirait, je ne suis pas d accord ! Je ne comprends même pas que tu ais l’audace de me demander une chose pareille !


    Le ton enflait dangereusement. Le gnome était à deux doigts de se ramasser la mandale qu’il méritait.


    « - Ben, comme tout le monde prétend que tu touches drôlement la bille en la matière ; alors je me suis dit, comme qui dirait .....


    Et Allez, en avant la musique! Une étiquette de plus sur les bagages de « Mauvaise. Graine », l’Einstein de la clarinette baveuse, l’Isabelle Adjani des amabilités fellatrices, La Madonna du pompe-dard, le Mozart de la flute à bec, celui qui a six ans déjà composait d’une langue mutine d’étincelantes variations sur les pipeaux dressés de ses petits camarades.

    Un prodige en somme !


    « -Décarre, José, fissa, si tu ne veux pas te damer un coup de boule ! !
    « -Allez, le prend pas mal. Entre copines, on peut se rendre service.


    Ma tasse à café manqua sa belle tète d imbécile de quelques millimètres.


    J’ignore s’ils ont résolu leur problème de turlute avec l’aide de sainte Rita ou celle du rebouteux du coin, mais ils sont, à l'heure actuelle, toujours ensembles.


    La Miss a probablement appris à sucer