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gay - Page 3

  • " Folle à Tuer "

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    Marissa séjourne à Paris pour toute une semaine.

     

     

     

    Je dois passer la soirée - la nuit devrais je écrire car nous ne serons certainement pas couchés avant potron-minet - en sa compagnie et celle de David .

     



    Bien que je n'ais pas la plus pauvre idée du programme des réjouissances,j'en rougis par anticipation.

    Va nous mettre une honte grosse comme le Ritz , l'Amerloque !

    Car Marissa est folle.

    Folle à lier.


    Folle à enfermer.

    Folle à tuer.

    Folle à ouvrir son corsage en plein salon de thé afin de vous faire admirer ses somptueux nouveaux nibars : « Touche, sweety pie. Ce sont des amazing mousses Japonais. Juste comme des vrais, n’est ce pas ? »

    Folle à s’atteler au sortir d’une nuit enneigée, à la benne d’un camion- poubelle et à faire en cet équipage, trois fois le tour de l’Etoile.

    Folle à coincer la tête d’une rivale dans la cuvette des toilettes d’un restaurant de prestige et à tirer plusieurs fois la chasse d’eau.

    Folle à conduire une décapotable à tombeau ouvert sur la route infernale qui, de Muholland déboule en cataractes de lacets jusqu’à Coldwater Canyon, tandis qu’elle dégomme à coups de « Smith & Wesson-Lady Smith » les lumières de Los Angeles qu’elle prend ,dans son délire éthylico-narcotique ,pour les yeux jaunes-orangés de chacals enragés.

    Folle à porter des manteaux de loutre par trente cinq degrès ,des lunettes de soleil à minuit,des capelines de gaze sous la pluie.

    Folle à organiser des bals règence sur des plages de schistes volcaniques, des pique niques de caviar et de langoustes dans les ruines de la forteresse El Alcazaba, au Sud de l'Espagne .

    Folle à claquer des millions pour les beaux yeux d'une intrigante se prètendant princesse russe ,alors que nul n'ignore que la soi disant Altesse sort d'un bordel de Riga

    Folle à coucher avec un homme parce qu’elle le trouve effroyablement laid, quasiment monstrueux et que ça l’excite.

    Folle à tomber amoureuse folle d’une folle et à s’en faire épouser.

    Cependant, Marissa est de toutes les amies de ma mère –en règle générale un ramassis de putains vipérines et maniérées, mariées à des cocus magnifiques et richissimes- la seule pour laquelle j’éprouve de la sympathie, voire même une certaine affection.

    Je ne sais pas du tout quel âge ce danger public peut bien avoir car elle fait partie de ces privilégiées dont le plasti-magicien réalise des miracles. Selon la diffusion de la lumière et le maquillage qu’elles porte, Marissa, dans ses bons jours,parait à peine aborder le versant roussoyant d’une trentaine épanouie.

    Ma mère, toujours bonne copine, prétend que Marisa est plus vielle que Catherine Debeuve et sans doute, pour une fois, dit elle la vérité, puisque notre Américaine épousa sa pédale au milieu des années Soixante.

    Issue d'une vieille famille de Philadelphie aussi fêlée que la seconde « Liberty Bell » dont Les membres fondateurs prétendaient avoir financé la fonte; Marissa étudia la linguistique au sein du prestigieux Pembroke collège de l’université de Brown.

    Elle y coula des jours studieux face à l'immense baie de Narragansett et ses îles pareilles à des monstres échoués; des jours mondains,courtisée qu'elle était par la bonne société de Rhodes Island; des jours de régates et de parties de tennis, de randonnées et de baignades improvisées dont elle percevait encore à travers la brume des années enfuies, a peine engourdi, comme bercée d'une bienheureuse indulgence, le joyeux tintamarre .

    Agée de tout juste vingt ans à l’époque, cette vierge professionnelle fuyait pourtant la compagnie intime des hommes comme elle eut fuit la peste noire ; se déguisait en quakeresse afin de dissimuler aux appétits des chiens et des loups, une beauté nerveuse et racée qu'elle portait comme un cilice.

    C'était ne pas compter sur les yeux affutés d’un Frenchy, assistant au département des langues étrangères ; lesquels yeux, bien qu'aimantés par des charmes d'une toute autre nature, savaient reconnaitre un Modigliani fut il chancit et rayé.

    Intrigué par cette étrange personne, dont il humait les déviances avec un flair de braque, ce bel homme, pédé notoire et assumé, entreprit de la pêcher, telle une carpe d'or dans un trou de rocher.

    Au bout de quelques semaines d'intimité bavarde, il n'ignorait plus rien de son dégout de la chair; de la sienne propre moins encore que celle des autres,  de cette obsession dangereuse d'un idéal désincarné qui la consumait jusqu'à l'hébétude.


    De son coté, il ne lui cacha rien de ses turpitudes.

    New York, cette « ville debout », venteuse et saline lui communiquait, disait il, sa détermination océane et houleuse ainsi qu'une furieuse envie de baiser.

    Par bonheur, les lieux destinés aux homos foisonnaient au cœur de l'East Village.


    Dans les bars de Christopher street, aux noms évocateurs ; tels « The Leather Man » ou « The Cockring »; des hommes à la poitrine en barrique, aux torses suants, dansaient à demi nus, mêlaient leurs langues et leurs bouches velues, s'aspergeaient mutuellement de bière tiède qu'ils léchaient en rigoles de la pointe des seins jusqu' au creux du nombril.

    Plus au sud, vers les docks, un gigantesque entrepôt pour camions et semis constituait le plus vaste et le plus dangereux baisodrome de la ville.


    Le Français avouait, sans fausse honte, y avoir passé des heures à se faire

    défoncer entre deux monstres d’acier, par des garçons dont il ne voulait connaitre que les haleines mourantes sur son cou.

    L’homme évoquait cet enfer comme il eut dépeint un Disneyland d'orge et de pastels.


    Il magnifiait ces aubes blanches levant sur l'étain de l'Hudson River , alors qu’ il rejoignait son hôtel , ivre de fatigue et de foutre , les jambes trempées d'une pisse qui n'était pas la sienne ; un reste de joint lui brulant les doigts ; l'âme tellement souillée que toute rédemption devenait impossible .

    Etrangement, les récits dont il maculait leur amitié naissante,semblaient fasciner Marissa. Elle s'inquiétait des détails les plus sordides. Elle poussait le Français dans ses derniers retranchements afin qu'il avoua l’inavouable. Ces festins d’immondices la laissaient dolente, apaisée, la peau cireuse et l'œil creusé de mauve.


    Bientôt, elle exigea d'accompagner son nouvel ami dans ses tribulations New yorkaises.


    Il y consentit à condition qu'elle se laissât transformer.

    Des mains du Pygmalion naquit une femme androgyne, théâtralement fatale qui ne consentait à porter que du blanc, du noir et l’or servile des barbares.

    Elle s'aimât un peu dans cet apparat.

    Lui, l'aurait voulue chaque soir différente, polymorphe, polychrome, femme réinventée, détournée, déviée ; somptueux rêve de folle perdue.

    Passionnément, il lui composait des visages, des silhouettes, des personnages.


    Parfois, nuque rasée, l'œil noyé de khôl, la bouche vermillon en smoking Saint Laurent, elle incarnait les flamboyantes garçonnes des rugissantes années 20.


    Parfois le cheveux flou , les paupières argentées sous des sourcils en forme d'oiseau lyre , les joues mâchurées d'un rose que même Schiaparelli eût trouvé " schocking, en étole d'hermine et fuseau nacré , jusqu'aux genoux bottée de Cordoue blanc,elle évoquait la Marlène équivoque des fantasmes russes de Von Sternberg .

    Elle le laissait s'amuser, indifférente comme une poupée que l'on berce.

    Très vite, ils parurent dans le monde ou leur duo connut le succès d'une attraction de Music hall ; lui long Lys éclatant au charme continental coupé d'arsenic ;elle aussi froide, étincelante et tranchante qu’une dague Japonaise.

    L’Amérique aime les monstres, lorsqu'elle ne les crée pas, aussi furent ils fêtés dans des fastes princiers ; la fortune personnelle de Marissa assurant les inévitables retours d’ascenseur.

    Ils se marièrent au printemps suivant.

    Lui par strict intérêt financier.

    Elle par folie amoureuse.

     

     

     

  • " Tout l'amour d'une mère."

    zzzzzzzzz-mom-sandra.jpgAnne Marie fait partie de ces femmes que l'on remarque immédiatement, fut ce au sein de la foule la plus dense.

    Jolie, évidement, mais au fond plus que cela.

    Un port grave, bien que de haute couleur, d’Impératrice déchue, l'attitude lente, menaçante d'un flot de lave en marche, une tournure sur laquelle n’importe quel vêtement tombe à ravir , une bouche immense, nerveuse, prompte au rire et au baiser, un nez légèrement busqué, un teint d'Andalouse, des yeux pales et froids, une chevelure à la richesse diaprée de pelage animal.

    Je l’observais en coin, tandis qu’elle hésitait ente une sage robe blanche à peine soutachée d’or et une autre, plus audacieuse aux couleurs franches et heurtées, dont la coupe asymétrique dénudait jusqu’en haut des cuisses ses jambes parfaitement halées. Je trouvais à ma mère un air de fleur exotique et fascinante, capable de souffler le poison de ses étamines sur la gent masculine comme un vent blizzard souffle sa petite misère sèche et glacée sur les géants fourbus de Manhattan.

    Si nous n’avions été mère et fils, sans doute nous serions nous entendus avec l'évidence avide et insoucieuse des lendemains de ceux pour qui le bout de la nuit à des allures de bout du monde.

    Anne Marie s’agitait un peu, plus pressée d’en finir avec sa toilette que gênée par ma présence. Elle parlait beaucoup, de tout et de rien, posait des questions dont elle n’attendait pas de réponses.

    «- Qu’est ce que tu en penses, je mets la blanche ou l’autre? L’autre, hein! La première fait un peu bourgeoise de Province. Idéale pour Zurich et ses soirées à périr. Paris demande un peu plus de fantaisie. Pour les bijoux, tu préfères quoi? Perles? Diamants? Non, ça ne va pas. Les perles font trop modestes, les diamants trop prétentieux. Je vais porter mes émeraudes, même si je ne les aime pas. Elles vont bien avec mes yeux et puis une touche de vert allégera un peu mon bronzage. Tu as vu cette camelote? Dernier cadeau de ton beau père. Cet abruti c’est fait avoir, il n’y a pas une seule belle pierre. Au fait j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle à t’apprendre; je commence par laquelle?

    J’avalais lentement une gorgée de Scotch à peine moins glacé que mon attitude depuis mon arrivée dans sa chambre d’hôtel.

    « - Ma chère Anne Marie, une mauvaise nouvelle te concernant ne saurait pour moi en être tout à fait une.

    Penchée en avant elle fermait sur sa cheville la bride d’une sandale au talon démesuré, apparemment insensible à mes insolences.

    « - La bonne donc! Je divorce.

    Je fis tourner lentement le restant du Scotch dans le fond du verre, conscient que mon apparente nonchalance n’abusait pas cette fine mouche.

    « - Ca ne fera jamais que la troisième fois. Quel crime a commis papa Schultz? Il t’a trompée avec une meule de gruyère?

    Elle haussa légèrement les épaules, se dirigea vers la salle de bain seulement vêtue de ses sous vêtements et de ses chaussures, y disparut le temps de rafraichir un maquillage qui n’en avait nul besoin, revint dans la chambre du même pas indifférent tout en attachant aux lobes de ses oreilles de longs pendants d’émeraudes.

    « - Même pas, j’ai assez vu sa gueule de boche, voilà tout, dit elle d’un ton détaché. J’en ai ma claque de ces Fridolins et de leur morale Calviniste, des diners du Lundi chez les Wallenstein, du gin- rummy le Mardi, d’Haendel ou de Bach le mercredi, des charités du Jeudi. Et je ne te parle pas des Week-end à Ascona, du lac Majeur et du parfum des iles Borromées. C’est triste et chiant comme du Lamartine. Vraiment je n’en peux plus de me montrer toujours impeccable et polie, souriante et aimable avec les associés de mon mari, de subir toutes leurs conneries comme si elles me passionnaient. Leurs affaires auxquelles je n’entends rien, leurs mômes limite mongoliens à force de mariages consanguins, leurs bonnes femmes laides et lisses. En plus ils me prennent tous pour une sorte de Messaline. Et que je cherche à te peloter les seins, et que je te touche un peu les fesses. Je veux bien être gentille mais pas au point de me taper toute la bande à Neuneu juste pour ne pas casser l’ambiance. Heureusement que j’ai mes copines Italiennes et Américaines, sans quoi je serais devenue folle depuis longtemps. Tiens, tu m’aides à fermer ma robe s’il te plait? Donc voilà, je quitte mon peine à jouir d’époux. Et je pars comme une pied noir. Une main devant une main derrière.

    Je fermais sèchement la dernière agrafe au milieu de son dos, étreint par des sentiments contradictoires ou la colère d’être pris pour un imbécile le disputait à un amusement vaguement amer.

    «- A qui prétends-tu faire croire pareille énormité ?

    Nous échangeâmes un bref regard de défi, semblable au choc froid et étincelant de deux rapières.

    « - Je t’assures, je ne veux rien de lui. Enfin si, juste le chalet de Gstaad, mes bijoux évidement et deux ou trois babioles auxquelles je suis sentimentalement attachée.

    « - Genre le Matisse, l’Utrillo et ton portefeuille d’actions. Je t’imagine mal « sentimentalement attachée » à quoi que ce soit qui n’ait pas de valeur pécuniaire.

    Dans un sourire bon enfant, Anne Marie vint poser sa main aux longs doigts bagués sur mon épaule. Je me retins avec peine de frémir comme au contact des écailles empéstées d'un crotale.

    « - Mon chéri, je te dirais bien d’aller te faire endaufer mais ça te ferais trop plaisir, murmura t elle tandis que ses ongles mordaient cruellement ma peau à travers le voile de ma chemise. Du reste, si tu m’avais écoutée toi aussi tu aurais choisi un homme riche plutôt que de t’amouracher de ton ramassis de crève la dalle. Enfin, n’en parlons plus, de toute manière tu es bien trop vieux maintenant pour la pèche au millionnaire.

    D’un mouvement sec je me dégageais de ses griffes. Son bras retomba brutalement le long de son corps dans un feu d’artifice de gemmes.

    « - Je suis vieux à trente trois ans alors que toi, tu es encore jeune à  cinquante et un. J’aime beaucoup ton sens du paradoxe ma petite Anne Marie.

    Dans un rire qui manquait de spontanéité elle suivit le contour de mon profil du bout de l’index.

    « - Pour le cas ou tu ne l’aurais pas remarqué les pédés et les hétéros ne se fanent pas à la même vitesse. Vous êtes périmés dés vingt cinq ans, mettons vingt huit; alors qu’une femme bien entretenue possède une espérance de vie au-delà de la cinquantaine. Regarde-toi un peu Vania! Cette horrible barbe de boucanier, ces tatouages de fausse frappe, ces fringues de vieux minet, ces boucles d’oreilles comme on en porte plus depuis les golden 80’s. Tu es un désastre ambulant mon pauvre enfant. Une caricature de pédale sur le retour. Oui je sais, une foultitude de jolis jeunes gens s’accrochent à tes basques. Les pauvres n’ont que l’embarras du mauvais choix. Remarque, dans le milieu que tu fréquentes, tu dois représenter ce que l’on trouve de moins pire. Je suis très déçue, Vania, j’avais fondé d’immenses espoirs en toi. Nous aurions put former un tandem formidable tous les deux. J’aurais été une fag hag exceptionnelle et toi un faire valoir du tonnerre. Seulement voilà, tu refuses d’évoluer, tu te complais à jouer les ados attardés. C’est pitoyable mon fils.

    Je reculais d’un pas, plus meurtri par l’attaque que je ne l’aurais imaginé. Pourtant, ce fut sur un ton de badinage que je lâchais mes chiens.

    «- Moins que d’être une demi pute vieillissante probablement larguée par son mari pour un modèle plus récent. Si tu t’imagines encore pouvoir accrocher un gros richard avec tes nichons en plastique et tes lèvres à déboucher les chiottes je crains que tu ne te foutes le doigt dans l’œil jusqu’au coude.

    Tranquillement, elle nous servit deux verres, me tendit le mien tandis qu’elle portait sans y boire le sien à ses lèvres.

    «- Toujours aussi perspicace à ce que je vois. Pour ta gouverne, crétin, je me marie en Juillet.

    J’esquissais un mouvement comme un repli.

    «- Attends, je ne te suis plus là. Tu divorces ou tu te maries ?

    Elle savourait son Scotch, les yeux mis clos, le visage obscur et clair à la fois, glacé.

    «- Les deux. Je divorce d’un Suisse pour épouser un Italien.

    Je laissais échapper un petit ricanement de mépris. Soudain sa beauté me devenait insupportable au point de la haïr.

    «- Tu es courageuse! Lâcher un Suisse pour un Italien ! En pleine crise économique !

    Elle m’observa d’un air absent juste avant de me tirer une balle en plein cœur.

    « - Il construit des automobiles. Crise ou pas crise, je doute que nous en revenions aux chars à bœufs. Tu vas l’adorer, j’en suis certaine, d’autant qu’il est d’une beauté stupéfiante. Si tu es très sage avec maman, peut être que maman te le prêtera de temps en autre.

    Décidement, j'adore ma salope de mère!

  • " Le Diable en nos murs."

    zzzzzzzzz-mom-08.jpgAlerte rouge sur la capitale !

    Avis de tempête sur ciel serein !

    Pic de pollution inégalé attendu à partir d’aujourd’hui et jusqu’à une date indéterminée !

    Les pigeons tournoient dans l’air vicié avec des cris d’agonie. Les poissons flottent le ventre à l’air sur le grand fleuve empoisonné. Les rosiers aux jardins ne sont plus qu’un entrelacs de ronces. Déjà les fontaines murmurent des anathèmes.

    Chez les couturiers, les premières vendeuses hoquettent de terreur et songent au suicide.

    La moitié du personnel du Ritz a démissionné. Restés à leurs postes, les téméraires portent des gilets pare-balles et des casques à visière.

    L’apocalypse est pour ce soir.

    Amis Parisiens fuyez lorsqu’il est encore temps.

    Tous aux abris ! Rejoignez vos caves ou vos bunkers.

    Si vous êtes contraints de sortir évitez absolument la place Vendôme et ses abords immédiats.

    Le mal absolu à quitté la Suisse et insidieusement se répand dans nos rues.

    Le Diable rode en nos murs.

    Lucifer arpente de son pas sacrilège les trottoirs de nos avenues.

    Satan vous observe derrière les vitres fumées de sa limousine.

    Si par malheur vous croisez son regard, vous serez attiré au cœur d’un cercle maléfique dont vous ne reviendrez pas.

    Souvenez-vous de ce dialogue extrait du film de Michel Audiard, « Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des Canards sauvages. » :

    « - Messieurs, si je vous ai arraché à vos pokers et à vos télés, c’est qu’on est au bord de l’abime, la maladie revient sur les poules. Et si je n’étais pas sur de renverser la vapeur, je vous dirais de sauter dans vos autos comme en 40. Le tocsin va sonner sur Montparnasse, il y a le cholera qui est de retour, la peste revient sur le monde, Carabosse a quitté ses zoziaux, bref, Léontine se repointe. »

    Voici un paragraphe que je pourrais reprendre à la virgule près.

    Il me suffirait pour me l’approprier de changer le prénom de Léontine en celui d’Anne Marie.

    Tremblez hommes sages et vertueux, tremblez les canailles, tremblez les corrompus, la bête aux mille visages est de retour ; Anne Marie est à Paris.

    Elle m’a appelé hier, alors que je me trouvais au bureau.

    Bien entendu, elle avait prit soin de masquer son numéro. J’ai commis l’erreur de décrocher tout de même.

    « - Chéri, c’est maman !

    J’ai failli répondre qu’il y avait erreur sur la personne tant le mot « maman » est étranger à mon vocabulaire. Au lieu de cela j’ai bredouillé une vague formule de politesse restée lettre morte.

    « - Joyeux anniversaire! 33 ans; l’âge du Christ! Frères Chrétiens, taillez la croix, préparez les clous, peu importe mon fils ressuscitera tout de même au troisième jour. Pour l’occasion je ferai un saut en ville à partir de demain. J’espère que nous pourrons nous voir.

    Je paniquais, mouillé de sueurs acides, un goût de cendres, un goût de feuilles mortes plein la bouche.

    «  - Bé c'est-à-dire que je suis très pris en ce moment et….

    Un soupir agacé dans le combiné. Une voix sarcastique toute fardée de tabac blond et d’alcools blancs. Un ton qui ne souffrait pas la réplique. Ma mère telle qu’en elle-même enfin elle ne cesserait d’être.

    « - Et bien tu te libéreras. Passe me prendre Samedi vers 22 heures à mon hôtel, je t’emmène souper.

    Ayant dit, elle raccrocha tandis que je me maudissais de ne pas avoir prévu de passer le Week-end au fin fond du Ténéré.

    A l’annonce de la grande nouvelle, ma belle mère s’alita prise de fièvres et de vomissements , mes tantes réunirent leur progéniture et prirent aussitôt la route de « Feuilleforte », quant à papa nous ignorons encore si nous parviendrons à le ranimer.

    Sur ces quelques mots, je vous dis adieu, mes enfants chéri.

    Je pars affronter ce démon, auquel parait il je ressemble tellement. Il est vrai qu’elle m’a légué ses yeux et sa bouche. Enfin, son ancienne bouche, celle d’origine.

    Je crains de ne pas survivre à ce nouveau combat.

    Certes je suis armé jusqu’aux dents, cependant, comme vous le savez sans doute, le Diable gagne toujours.