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new york

  • " Folle à Tuer "

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    Marissa séjourne à Paris pour toute une semaine.

     

     

     

    Je dois passer la soirée - la nuit devrais je écrire car nous ne serons certainement pas couchés avant potron-minet - en sa compagnie et celle de David .

     



    Bien que je n'ais pas la plus pauvre idée du programme des réjouissances,j'en rougis par anticipation.

    Va nous mettre une honte grosse comme le Ritz , l'Amerloque !

    Car Marissa est folle.

    Folle à lier.


    Folle à enfermer.

    Folle à tuer.

    Folle à ouvrir son corsage en plein salon de thé afin de vous faire admirer ses somptueux nouveaux nibars : « Touche, sweety pie. Ce sont des amazing mousses Japonais. Juste comme des vrais, n’est ce pas ? »

    Folle à s’atteler au sortir d’une nuit enneigée, à la benne d’un camion- poubelle et à faire en cet équipage, trois fois le tour de l’Etoile.

    Folle à coincer la tête d’une rivale dans la cuvette des toilettes d’un restaurant de prestige et à tirer plusieurs fois la chasse d’eau.

    Folle à conduire une décapotable à tombeau ouvert sur la route infernale qui, de Muholland déboule en cataractes de lacets jusqu’à Coldwater Canyon, tandis qu’elle dégomme à coups de « Smith & Wesson-Lady Smith » les lumières de Los Angeles qu’elle prend ,dans son délire éthylico-narcotique ,pour les yeux jaunes-orangés de chacals enragés.

    Folle à porter des manteaux de loutre par trente cinq degrès ,des lunettes de soleil à minuit,des capelines de gaze sous la pluie.

    Folle à organiser des bals règence sur des plages de schistes volcaniques, des pique niques de caviar et de langoustes dans les ruines de la forteresse El Alcazaba, au Sud de l'Espagne .

    Folle à claquer des millions pour les beaux yeux d'une intrigante se prètendant princesse russe ,alors que nul n'ignore que la soi disant Altesse sort d'un bordel de Riga

    Folle à coucher avec un homme parce qu’elle le trouve effroyablement laid, quasiment monstrueux et que ça l’excite.

    Folle à tomber amoureuse folle d’une folle et à s’en faire épouser.

    Cependant, Marissa est de toutes les amies de ma mère –en règle générale un ramassis de putains vipérines et maniérées, mariées à des cocus magnifiques et richissimes- la seule pour laquelle j’éprouve de la sympathie, voire même une certaine affection.

    Je ne sais pas du tout quel âge ce danger public peut bien avoir car elle fait partie de ces privilégiées dont le plasti-magicien réalise des miracles. Selon la diffusion de la lumière et le maquillage qu’elles porte, Marissa, dans ses bons jours,parait à peine aborder le versant roussoyant d’une trentaine épanouie.

    Ma mère, toujours bonne copine, prétend que Marisa est plus vielle que Catherine Debeuve et sans doute, pour une fois, dit elle la vérité, puisque notre Américaine épousa sa pédale au milieu des années Soixante.

    Issue d'une vieille famille de Philadelphie aussi fêlée que la seconde « Liberty Bell » dont Les membres fondateurs prétendaient avoir financé la fonte; Marissa étudia la linguistique au sein du prestigieux Pembroke collège de l’université de Brown.

    Elle y coula des jours studieux face à l'immense baie de Narragansett et ses îles pareilles à des monstres échoués; des jours mondains,courtisée qu'elle était par la bonne société de Rhodes Island; des jours de régates et de parties de tennis, de randonnées et de baignades improvisées dont elle percevait encore à travers la brume des années enfuies, a peine engourdi, comme bercée d'une bienheureuse indulgence, le joyeux tintamarre .

    Agée de tout juste vingt ans à l’époque, cette vierge professionnelle fuyait pourtant la compagnie intime des hommes comme elle eut fuit la peste noire ; se déguisait en quakeresse afin de dissimuler aux appétits des chiens et des loups, une beauté nerveuse et racée qu'elle portait comme un cilice.

    C'était ne pas compter sur les yeux affutés d’un Frenchy, assistant au département des langues étrangères ; lesquels yeux, bien qu'aimantés par des charmes d'une toute autre nature, savaient reconnaitre un Modigliani fut il chancit et rayé.

    Intrigué par cette étrange personne, dont il humait les déviances avec un flair de braque, ce bel homme, pédé notoire et assumé, entreprit de la pêcher, telle une carpe d'or dans un trou de rocher.

    Au bout de quelques semaines d'intimité bavarde, il n'ignorait plus rien de son dégout de la chair; de la sienne propre moins encore que celle des autres,  de cette obsession dangereuse d'un idéal désincarné qui la consumait jusqu'à l'hébétude.


    De son coté, il ne lui cacha rien de ses turpitudes.

    New York, cette « ville debout », venteuse et saline lui communiquait, disait il, sa détermination océane et houleuse ainsi qu'une furieuse envie de baiser.

    Par bonheur, les lieux destinés aux homos foisonnaient au cœur de l'East Village.


    Dans les bars de Christopher street, aux noms évocateurs ; tels « The Leather Man » ou « The Cockring »; des hommes à la poitrine en barrique, aux torses suants, dansaient à demi nus, mêlaient leurs langues et leurs bouches velues, s'aspergeaient mutuellement de bière tiède qu'ils léchaient en rigoles de la pointe des seins jusqu' au creux du nombril.

    Plus au sud, vers les docks, un gigantesque entrepôt pour camions et semis constituait le plus vaste et le plus dangereux baisodrome de la ville.


    Le Français avouait, sans fausse honte, y avoir passé des heures à se faire

    défoncer entre deux monstres d’acier, par des garçons dont il ne voulait connaitre que les haleines mourantes sur son cou.

    L’homme évoquait cet enfer comme il eut dépeint un Disneyland d'orge et de pastels.


    Il magnifiait ces aubes blanches levant sur l'étain de l'Hudson River , alors qu’ il rejoignait son hôtel , ivre de fatigue et de foutre , les jambes trempées d'une pisse qui n'était pas la sienne ; un reste de joint lui brulant les doigts ; l'âme tellement souillée que toute rédemption devenait impossible .

    Etrangement, les récits dont il maculait leur amitié naissante,semblaient fasciner Marissa. Elle s'inquiétait des détails les plus sordides. Elle poussait le Français dans ses derniers retranchements afin qu'il avoua l’inavouable. Ces festins d’immondices la laissaient dolente, apaisée, la peau cireuse et l'œil creusé de mauve.


    Bientôt, elle exigea d'accompagner son nouvel ami dans ses tribulations New yorkaises.


    Il y consentit à condition qu'elle se laissât transformer.

    Des mains du Pygmalion naquit une femme androgyne, théâtralement fatale qui ne consentait à porter que du blanc, du noir et l’or servile des barbares.

    Elle s'aimât un peu dans cet apparat.

    Lui, l'aurait voulue chaque soir différente, polymorphe, polychrome, femme réinventée, détournée, déviée ; somptueux rêve de folle perdue.

    Passionnément, il lui composait des visages, des silhouettes, des personnages.


    Parfois, nuque rasée, l'œil noyé de khôl, la bouche vermillon en smoking Saint Laurent, elle incarnait les flamboyantes garçonnes des rugissantes années 20.


    Parfois le cheveux flou , les paupières argentées sous des sourcils en forme d'oiseau lyre , les joues mâchurées d'un rose que même Schiaparelli eût trouvé " schocking, en étole d'hermine et fuseau nacré , jusqu'aux genoux bottée de Cordoue blanc,elle évoquait la Marlène équivoque des fantasmes russes de Von Sternberg .

    Elle le laissait s'amuser, indifférente comme une poupée que l'on berce.

    Très vite, ils parurent dans le monde ou leur duo connut le succès d'une attraction de Music hall ; lui long Lys éclatant au charme continental coupé d'arsenic ;elle aussi froide, étincelante et tranchante qu’une dague Japonaise.

    L’Amérique aime les monstres, lorsqu'elle ne les crée pas, aussi furent ils fêtés dans des fastes princiers ; la fortune personnelle de Marissa assurant les inévitables retours d’ascenseur.

    Ils se marièrent au printemps suivant.

    Lui par strict intérêt financier.

    Elle par folie amoureuse.

     

     

     

  • "When in Rome....."

    z-roma-pioggia.jpgIl se dit qu’à Rome les bouches d’égout mordent les doigts des menteurs.


    Il se dit qu’à Rome les fontaines rient du long rire gouleyant des putes érudites qu'aimèrent les papes du Quattrocento.


    Il se dit qu'à Rome des chats, gras à lard, car nourris jusqu'à l'écœurement par les bonnes âmes du voisinage, vivent par centaines dans une maison située en plein centre ville entre les quatre temples de Largo Argentina.
    Il se dit qu’à Rome les statues parlent, les portes délivrent les secrets de sortilèges oubliés, les réverbères enchainent pour l’éternité le cœur des amants.

     
    Il se dit qu’à Rome il est possible de déguster des parfums au coin d’un bar comme chez nous des grands crus d’Alsace, de Bordeaux ou de Bourgogne.


    Il se dit qu'à Rome les garçons, Tifosi ou Vitelloni, sont plus beaux, plus chauds, plus accessibles que n'importe ou en Italie.

    Lorsque voici près de cinq ans, gonflé de condescendance imbécile; bedaine Flamande, teint fleuri et œil arrondi de satisfaction bovine, mon chef de service m’annonça, que j’étais muté à Rome, j’avoue que je fis un peu la gueule.

    Depuis des semaines, les cassandres des couloirs, plus visionnaires que la Pythie de Delphes, me faisaient espérer New York en sifflotant allégrement le thème de «Sex and the City» sur mon passage.

    Je m’étais imaginé au petit matin, sur le grand fleuve, un joli garçon à mon cou , assis sur un banc qui, peut être, n’existe pas; évoquant Dos Pasos et Woody Allen, tandis qu’au dessus de nous émergeait de la nuit comme un paquebot sort de la brume, l’armature fantastique du pont de Brooklyn .

    J’avais rêvé du Chrysler building, du Rockefeller center, d’une java sur Broadway; d'un pique-nique à Central Park ou d'un brunch à Soho, d'une virée au marché bio d’Union Square.

    Je me régalais d'avance, accompagnée de quelques grammes de caviar de la Caspienne, d’une tasse de « prince Vladimir » au subtil gout de vanille et d’épices dégustée au « Russian Team Room ».

     J’avais rêvé, Gershwin, d’une rapsodie en bleu; des empreintes laissées par Billie Holiday et Truman Capote dans ces clubs underground du lower East side ou se fumaient d'étranges cigarettes, d’un bar un peu bizarre sur Christopher street, peuplé de faux marins, de faux flics, de faux durs, de tendres voyous; d’une après midi shopping chez Bloomingdale’s en compagnie de Carrie Bradshaw ou Rachel Green.


    Bref, alors qu’il avait fantasmé la grosse pomme en paillettes, technicolor et cinémascope, on envoyait Lucifer se faire exorciser dans un champ d'Antiques ruines veillées par des curés et des cornettes.


    J’avais visité brièvement Rome avec ma classe de 2nde ou de 1ere quelques années auparavant et je n’en gardais pas un souvenir impérissable.

    Il y avait bien eut une cuite à l’Asti qui nous avait valu quelques fous rires et un joli teint d’épathiques pour le reste du séjour ; or cela nous nous étions tapé toutes les églises de la création, tous les vestiges du Palatin, du Capitole, les vastes tombeaux de la voie Apienne, les monastères de l'Aventin ; mangé des pizzas aigres et des pates collantes dans des trattorias qui sentaient la misère et passé de bien mauvaises nuits allongés sur d'austères lits de fer dont la plus sévère des casernes n'eut pas voulu, au premier étage d’une ancienne abbaye reconvertie en pénitencier pour adolescents sans doute parricides et que l'on n'avait plus dut chauffer depuis les jours empourprés ou les Borgia répandaient la luxure, l'inceste et le meurtre aux pieds du Saint siège.

    Pour faire bonne mesure, j’avais aussi sucé deux ou trois queues locales, mais on peut dire à ma décharge, plus qu’à celles de mes partenaires, qu’à l’époque je suçais volontiers, mal et un peu n’importe qui.


    Il va sans dire que je rentrais de ce périple un goût bien amer à la bouche.


    Depuis, j’avais souvent séjourné en Italie, principalement à Florence, ville musée dont je ne me lassais jamais et à Milan dont l’énergie, l’invention, la modernité convenaient plutôt bien à mon tempérament intrépide.


    De la ville éternelle, de ses sept collines, de son Colisée dont on ne finissait pas d’achever la restauration, de ses cascades de marbres et d’ors, de ses dômes et de ses cloches, de ses pourpres cardinalices, de ses papes grotesques, je ne voulais plus entendre parler.


    Je protestais auprès de mon chef de service.


    « -Je parle couramment Anglais; le bureau de New York m’eut mieux convenu ! »


    L'autre putain de sa race maudite - qu'il lui vienne la gratte, les bras courts et une paire de cornes au cul - balaya l’argument d’un geste vague de la main comme on chasse une poussière.


    « -Tout le monde parle couramment l'Anglais dans nos métiers. En revanche, rares sont ceux qui possèdent votre connaissance de la langue et de la culture Italienne. Vous aimerez Rome, vous verrez ! Il y fait toujours soleil. »


    Trois semaines plus tard je débarquais à Fiumicino sous un orage comme on en avait plus vu depuis Tibère l'ancien et prenais logis dans un appartement vaste et poussiéreux, Via Gregoriana, à deux pas de la Piazza di Spagna.


    Puis le soleil revint et je croisais sur le chemin du bureau un long manteau de daim crème porté par un garçon dont les souples cheveux bruns balayaient un front vaste, voilant parfois dans le vent de la marche l’éclat d’un regard, un peu oblique aux reflets de glacier. Une large besace en bandoulière, des rouleaux d’affiches plein les bras, au cou dans l’échancrure d’une chemise de fluide jersey une épaisse chaine d’argent aux maillons plats, il m’offrit d’un air de connivence un sourire enfantin qui semblait me vouloir du bien.


    Il n’en fallut pas plus pour que je tombe amoureux et de Rome et de Silvio.