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Arthur au pays des horreurs.

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Première partie : Dans laquelle « Mauvaise . Graine » perd les pédales.

J’avais rendez vous devant un bistrot que je ne connaissais pas avec un Arthur que dans le fond je ne connaissais pas d'avantage.

Vendredi soir, Paris ressemblait à Montréal. Un froid de gueux, peu de monde dans les rues, le poids du gel, de l’hivernage sur les boulevards, les avenues, les monuments, sur le fleuve immobile, tissait comme une résille translucide dont les mailles encageaient le ragot grommelant du ventre de la ville, le condamnant au silence cireux des grands recueillements. Un clair de lune boréal s’éboulait dans les caniveaux en un plumetis de pétales de givre. Les mots figeaient sur mes lèvres fendues par la volée de mille folles flamberges, en dépit du baume à l’odeur soyeuse de cacao présumé les protéger, tandis que je tentais, par téléphone, de convaincre Chris de me rejoindre.

« Monsieur de … » pinaillait.

Gorge irritée, nez pris, larfeuil en berne, sommeil, bonne nuit, dodo !
Des excuses bidon puisque je percevais derrière sa voix, certes vaguement dolente, une rumeur de conversation, un bourdonnement de salon.
Au terme de mille circonvolutions il admit qu’il se trouvait consigné pour la soirée, ses parents recevant quelques commensaux, parmi lesquels le Prince de Mesdeuze ainsi que deux ou trois belles têtes de Comtes, qu’il ne m’avait pas invité car ….enfin, tu comprends...... Je ne comprenais rien du tout , sinon qu'il répugnait à me voir.

Basta !

Furibard, j'abandonnais mon noblaillon à ses vieilles perruques et pressais le pas en direction de ma voiture, comme d'ordinaire garée à dache ! La perspective de passer la nuit en duettino avec Arthur m’agaçait, non que le gamin fût de mauvaise composition mais parce que je me demandais avec inquiétude ce que

nous allions bien trouver à nous dire ce quasi étranger et moi-même. Mais quelle idée aussi de m’en aller jouer les duègnes pavanantes pour infante déjà déflorée ? A peine trente ans et déjà assujettie au rôle revêche de chaperon, pauvre « Mauvaise . Graine », toi la plus redoutable Scarlett de ta génération changée par les maléfices d’un David dont même l’enfer ne voudrait plus, en craintive « tante Pittypat ».
Calamité suprême, aucune chance de terminer sévèrement « Amped et queer » au petit matin glaireux, puisque par un miracle que la madone de Savone elle-même n’aurait sut expliquer, conscient des responsabilités qui m’incombaient,j’allais affronter les embuches de la nuit sans le réconfort d’un sympathique trait de Candy-C ou d’un innocent Jelly Bean.

Arthur m’attendait au bord du trottoir, frigorifié, piaffant d’impatience ou peut être d’appréhension, vêtu d’un manteau noir cintré à la taille, dont la coupe admirable traitait avec désinvolture les proportions de son corps délié, lui conférant l’épaisseur de la maturité sans lui ôter cette grâce exquise et qui ne pèse rien de la jeunesse. Un frisson violent me secoua, lorsqu’il pénétra dans la voiture, tandis que je percevais à travers une brume de glace, cette odeur que sans mémoire encore je reconnaitrais ; une odeur dorée de caramel tiédit et d’écorces d’oranges , l'odeur ronde que l’on respire au cou des tout petits enfants.
Pourquoi ce parfum me bouleversait il tant ? Pourquoi me ramenait il au temps d'avant les hommes, lorsqu'à l'ombre dolente des magnolias du jardin d’acclimatation, je courrais de toute la force de mes mollets longs et lisses vers l'envol gracieux des manèges ?

A la lueur du plafonnier je dévisageais Arthur comme si je le voyais pour la première fois. Je réalisais avec une sorte d’incrédulité bestiasse qu’effectivement,je ne l’avais jamais véritablement regardé, ou du moins que je ne l’avais jamais regardé comme un homme achevé, autant dire une proie potentielle.

« Mauvaise . Graine », ma fille, tu perds les pédales.
C’est Arthur nom de Dieu, ce même Arthur qui,une après midi de Juin,à Autheuil s'était abondament oublié sur ton short de tennis,alors que pour l'amuser tu jouais à "Ramons-ramons-la-petite-barque".Et ne viens pas me dire que celà crée des liens , que tu aimerais bien qu'il recommence, stupide idiote.
C'est un bébé Cadum , Arthur!
Un grand et beau bébé, je te l’accorde mais n’oublie pas davantage qu’il est le neveu de Liouba donc quasiment ton cousin.Tu me diras que des cousins par voie consanguine ou non, on en a baisé d’autres, mais ce n’est pas une raison.
Ni nécessaire, ni suffisante, n’insiste pas espèce d’orang outan lascif!
Un peu de courage vieille branche, ferme les yeux et regarde la route !Oui, bon, bref, tu m’as compris.
Evite de penser à cette carnation chaude et complexe de pêche de vigne, à ce nez aux ailes délicates, à cette bouche douce et charnue, veloutée comme un beau fruit d’été, à ces yeux d’un bleu profond plus vieux que son âge.
Oui, je sais, bleu, le mot est un peu court jeune homme ,un peu étroit pour évoquer le bleu des yeux d’Arthur. Je veux bien reconnaître que l’on trouve dans

ses larges prunelles un peu écartées toutes les nuances de bleu possibles et imaginables, l’azur et l’indigo, le cæruleum et le Prusse,le Lapiz et la Turquoise,le myosotis et le Lila. Tout un printemps rieur aux berges de la Méditerranée, lorsque le ciel et la mer se fondent en une ample, une souple toile aussi délicatement ajourée qu’une mantille en dentelles de Seville.
Bon, c’est terminé les conneries ? Tu as trop de santé mon petit gars!Tu tiens donc tant à te faire revolvériser par Liouba ?
Et puis tu as un mari que je sache ! Non ?

Non !

Bon,je n’insiste pas mais je t’aurais prévenu tête de bois !

Une fois que Jiminy Cricket eut daigné fermer sa boite à âneries,je ne pus m’empêcher d’ouvrir la mienne pour braire à Arthur combien je le trouvais en beauté. Il m'en remercia d’une petite tape amicale sur la cuisse.
Un peu vexé qu’il ne me retourne pas le compliment,puisqu'après un gommage au papier de verre et un masque aux prépuces de cachalots lyophilisés je rayonnais tel le phare d'Alexandrie sur les nuits levantines de Cléopatre ,je lui tendis une perche honteuse. .

« -Et moi, comment tu me trouves ?

(Merveilleux, sublime, à tomber, roulé comme un havane, narcissique avec deux S et un beau Q, à violer d’urgence : rayez les mentions inutiles)

 



« - Facilement ! me répondit-il avec un rire penaud qui me fit comprendre que j’avais quelque peu forci durant nos agapes Monégasques.

Puis, dans un geste charmant de détachement,il prit ma main, y déposa un baiser ailé juste avant d’enfoncer un dernier clou dans mon cercueil d’ex gloire décatie.

« - Mignon ton blog, « Mauvaise . Graine » ! Un peu tartignole sur les bords, mais n’est pas Céline qui veux, tu ne crois pas ? »

Tartignole comme son sujet, connasse !

Attend la suite, joli cœur, tu vas être servi !



(Suite au prochain numéro)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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