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  • " No sex tonight."

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    Chris, mon bonbon fondant, mon délice à la violette, mon amant buissonnier, envolé vers des destinations improbables regagnera Paris pour les fêtes de Noël.

    Nous en profiterons alors pour mettre le petit Jésus bien au chaud dans la crèche, mais en attendant le sapin n'est pas le seul à avoir les boules puisque « Mauvaise. Graine » fait contre mauvaise fortune, mauvais cœur et mauvaise figure.


    Jugez en plutôt : pas l’ombre d’un jouvenceau nubile à cajoler, pas un semblant d’athlète aux muscles huilés avec qui lutter, pas même le soupçon d'un ex brutalement frappé de mansuétude ou - faisons un rêve - d’un éventuel probable s’en venant au milieu de la nuit, plus givré qu’un marron de confiseur, me contraindre à de répugnantes ribauderies.

    Bref, « Mauvaise. Graine » n’a plus qu’à se la coller sous le bras histoire de prendre la température de ses ardeurs ou d'en user comme béquille en lieu et place de celle qui l’aide à se déplacer depuis qu’il a eut la bonne idée ,un soir de grande ivresse , de jouer les Rémy Julienne du pauvre ( un somptueux billet de parterre pourvoyeur d’entorse à la cheville et de diverses ecchymoses au visage) .


    Pour arranger les choses , le sournois Silvio, mon grand amour Romain , prend un malin plaisir à inonder ma messagerie de mails quasi pornographiques accompagnés d’images licencieuses( il est beau ce con , mais beau à s’en déciller les paupières !) ; mes amis me racontent , sans m’épargner le plus petit détail , comment la nuit précédente ou le matin même , ils ont brillés dans l’exercice périlleux d’une brouette Javanaise que « même-pas-François-Sagat-il- arrive-à-la-faire » , ou d’un tramway de Shanghai avec double salto piqué et triple axel digne des olympiades.


    Jusqu’à cette fichue télévision qui s’y met puisqu’à chaque fois que je l’allume –et ce n’est pas souvent au regard de la qualité des programmes proposés – je tombe sur la pub « Lacoste » montrant un joli Monsieur, nu comme Adam au premier matin du monde, courant asperger son torse parfait d’une essence fraiche et revigorante ; ou sur un Nicolas Duvauchelle à craquer et à croquer, vantant tout en sourires canailles, les mérites de son dernier film.

    (P.S. : je hais Ludivine Sagnier, je veux qu’elle meurt rouée, ébouillantée, décapitée, écartelée à quatre chevaux, qu’on la tonde, qu’on la traine sur une claie dans tout Paris, qu’on la livre aux chiens et aux babouins…..Vous dites ? Ah, ils ne sont plus ensembles ! Ludivine, chérie, si tu me lis, mille pardons ! Tu es triste ma poupée ? Bien fait pour ta gueule salope! Non mais attends, inutile de te fâcher, salope c'est un mot gentil ! Personnellement, on me l'a toujours dit comme un mot d'amour.)


    Par contrecoup, « Mauvaise. Graine » s’en va tout frétillant pêcher le goujon dans les eaux troubles d’un célèbre site de rencontres entre jeunes gens de bonnes familles quoi que de mœurs douteuses, ou pour dialoguer il faut parler couramment le mongolien, site doté de la faculté miraculeuse de réduire ses érections intempestives en peaux de chagrin.


    Car, dites moi, vous qui savez tout, comment faire pour maintenir une bandaison honorable lorsque les échanges tournent à l’absurde et que d’irrépressibles fous rires vous tordent le ventre ?

    MORCEAUX CHOISIS :

    1. Abruti n°1 : slt
    2. MAUVAISE_GRAINE : bonjour
    3. Abruti n°1 : Tu ch koi ?
    4. MAUVAISE_GRAINE : D’après toi ? Un garçon, pas mes clés de bagnole.
    5. Abruti n°1 : ok en tou k t tre mignon
    6. MAUVAISE_GRAINE : merci
    7. Abruti n°1 : taime koi
    8. MAUVAISE_GRAINE : lire, écrire aussi parfois
    9. Abruti n°1 : moi j lis jms
    10. MAUVAISE_GRAINE : Tu plaisante, j'espère ?
    11. Abruti n°1 : lol
    12. MAUVAISE_GRAINE : D’accord, je vois
    13. Abruti n°1 : tu voi koi
    14. MAUVAISE_GRAINE : Que tu ne dois pas être un intellectuel

    15. Abruti n°1 11/12 13:42 a mn age ta raison pa encore en tou k

     

    1. Abruti n°2 : hello
    2. MAUVAISE_GRAINE : bonsoir
    3. Abruti n°2 : sava?
    4. MAUVAISE_GRAINE : ça va et toi ?
    5. Abruti n°2 : oui sava =)
    Comment tu t'appel
    6. MAUVAISE_GRAINE : Vania-Vassily-Stefan
    7. Abruti n°2 : hein? Tu veux une blague ou pas?
    8. MAUVAISE_GRAINE : vas-y, je suis toujours preneur d’une bonne blague!
    9. Abruti n°2 : ton prénom est vania-vassili-stefan?
    10. MAUVAISE_GRAINE : Mes prénoms, exactement
    11. Abruti n°2 : très original tes prénom =)
    12. MAUVAISE_GRAINE : Ils sont Ukrainiens
    13. Abruti n°2 : ha ouais? Donc tu es arabe ^^
    14. MAUVAISE_GRAINE : Pardon ? Tu plaisante?
    15. Abruti n°2 : non je ne plaisante pas
    16. MAUVAISE_GRAINE : si tu confonds la Russie et le Maghreb, tu as un très gros problème
    17. Abruti n°2 : ha ouais? Oui =$

     

    Je vous en passe et de plus raides.

    En résumé , en conclusion , éclopé , presque défiguré ( une estafilade sur la pommette gauche impossible à masquer fut ce sous une tonne de "Terre-à-tatas") donc incapable d’aller cueillir les raisins verts de l’aventure dans les bars de la capitale , délaissé par un amant préférant escalader les pentes de l'Atlas plutôt que son mat de cocagne , assommé par l’abyssale stupidité des garçons croisés sur les tchat , « Mauvaise . Graine » envisage sérieusement de s’émasculer au sabre laser histoire d’en finir une bonne fois pour toute avec les pulsions incontrôlées de sa copine Marie Xavière.

    Car j’ai baptisé ma bite Marie Xavière !

    Et vous vous l’appelez comment la votre ?

    Ah vous ne l’appelez pas ! Forcément puisqu’elle est toujours là.

    Je suis bête parfois !

    Sur ce je m’en vais regarder un bon porno Allemand de dessous les fagots.

    Il n’y a pas à dire, Peto Coast et Tim Kruger savent s’y prendre pour me rendre modeste!

     

     

  • " Nous bûmes tout le jour, un autre et le suivant."

     

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    De la gare à mon hôtel, il n’y avait pas loin et mon sac pesait moins que mon pas dans la jonchée de feuilles mornes voltigeant lourdement avec des cris secs de petit bois brisé aux pieds mélancoliques des platanes.

    Nous étions un Vendredi, de ça je suis certain, un Vendredi tout étourdi de fin d’Automne que le Mistral froissait, un Vendredi au ciel crissant de givre, crevé de passereaux nombreux comme des taches, l’année, je ne sais plus.

    J’étais descendu la veille à Marseille pour y rencontrer un croisiériste Américain intéressé par nos programmes.


    Je devais dés le Lundi suivant prendre part à un jury appelé à choisir parmi cinquante candidats, les deux accompagnateurs chargés d’animer un tour hommage au peintre Paul Cézanne, développé par mes employeurs en partenariat avec l’office du tourisme de la ville d’Aix.

    Ainsi, je disposais de trois jours de farniente que je n’entendais pas gaspiller à flâner autour du vieux port et de la place Thiard, ni à me pavaner au « Cancan » ou à « La mare au Diable », pas plus que je n’avais l’intention de gouter aux charmes d’un vieil Aix à mon cœur plus familier encore que mon Paris natal car sujet passionnant et passionnément traité de mon mémoire de fin d'études.

    J'avais mieux à faire et un crime à commettre.

    Pour la toute première fois et, me jurais-je, la dernière, je m'apprêtais à tromper Julien.


    Ni de gaité de cœur, ni de gaité de corps, mais dans toute la froide détermination avec laquelle on tranche un membre rongé de gangrène.

    J’aimais encore « Beau Masque » et déjà « le Comédien »
    Encore de ce dernier point n'étais-je pas certain.
    Pas plus que du premier à la réflexion!

    Si passer d’un homme à un autre avec cette légèreté amusée, charmeuse, aguicheuse qui au Quadrille vous fait basculer d’un bras rude à un autre plus doux, m’avait naguère donné à sourire, ce sourire séducteur, triomphant et cynique fanait cette fois ci en rictus désenchanté.

    Contrairement à Stéphane, je n’avais pas désiré voir que nous étions destinés, par une configuration méchante des planètes ou plus simplement parce que nos absolues différences se plaisaient à jouer les aimants, à nous aimer déraisonnablement.

    De cet amour qui ne se cherchait plus de raisons depuis qu’il les savait toutes mauvaises, nous voulions penser qu’il grifferait durement la surface de nos corps sans trop altérer l’intégrité de nos cœurs, qu’une fois nos pulsions sanguines apaisées, la soif dévorante que nous avions du gout de l’autre assouvie, il se retirerait sans espoir de retour, comme au théâtre la troupe salut avant un dernier rideau, ne laissant d’autres traces sous les fards et les masques que l’écho des bravos , l’ivresse de la scène et la nostalgie des tréteaux .

    Nous pensions sincèrement pouvoir comme si de rien n’était revenir à la simplicité de nos vies séparées, lui folletant de sexes en bouches avec la blonde désinvolture d’un vent de pollen aux calices d’un jardin ; moi retrouvant la pesanteur indulgente des bras d’un Julien qui avant moi savait, qui mieux que moi savait.

    Stéphane ne m’attendait pas plus à l’hôtel qu’il ne m’avait attendu à la gare. J’en éprouvais du soulagement. Je ne me sentais pas prêt à le voir, moins encore à le toucher, à l’embrasser. Il me fallait un peu plus de temps pour que Julien se détache complètement de moi et le SMS enjoué qu’il venait de m’adresser n’aidait pas à l’affaire. J’espérais sourdement que « Le Comédien » aurait renoncé, qu’il ne quitterait pas son village de Saint Cannât, que nous ne nous retrouverions pas.

            

    Il se manifesta un peu avant midi, me demandant de le rejoindre aux « 2G ».

    Tout en haut du cours Mirabeau, au pied de la statue du « bon »Roy René, les « 2 G » ou plutôt les « 2 Garçons », ainsi nommé non parce qu’il est le point de ralliement de toutes les pédales des environs, mais parce qu’il fut fondé par deux garçons de Café associés, est un Bar-Brasserie connu par toute la France pour la beauté de son décor et l'aigreur de ses serveurs.

    Stéphane avait pris place sous la bâche protégeant la terrasse près d’un brasero dont les flammes électriques allumaient sur son visage d’ordinaire d’un blanc si pur qu’il en paraissait maladif, une rougeur de coqueluche.


    Bien qu'il ne m'ais jamais paru d'une beauté éclatante, je le trouvais plus enlaidi encore depuis qu'il maigrissait de dépit, de jalousie, de déconvenue .Seuls ses yeux du bleu étonnant des Turquoises Persanes, sa blondeur fragile et tendre, aussi douce à la lumière qu'une dentelle de soie, le sauvaient de l'ordinaire.


    Nous formions à vrai dire le couple le plus mal assorti que l’on puisse imaginer, tant j’étais alors brun et cuivré, ma bouche large et charnue de deux tons plus sanguine que ses fines lèvres nacrées, jusqu’à mon nez dont la délicatesse m’avais toujours ennuyé qui ne parut comparé au sien aussi vigoureux que celui d’un Gascon. J’étais le chêne massif et sombre, lui le frêle et clair lierre-liseron.

    Il parait, au demeurant, que ces deux espèces s’épousent volontiers.

    Je compris le malaise de Stéphane aux whiskies qu’il buvait un peu trop vite, plus qu’a la raideur de son maintien ou à la maladresse heurtée de propos exclusivement consacrés à la météo et aux premières décorations de noël dont s’ornaient les rues piétonnes.

    Je lui fit remarquer d’un timbre dont je contrôlais assez bien les agacements que je n’étais pas venu à Aix pour entendre parler d’anticyclones et de guirlandes de couleurs. Il dit qu’il savait très bien merci, pourquoi je me trouvais là, qu’il avait longuement réfléchi à la situation pour en arriver à la conclusion qu’il ne désirait pas que notre histoire commençât dans une sordide chambre d’hôtel.

    Je lui fis remarquer que ma chambre, claire, chaleureuse et donnant sur les vestiges des fortifications Romaines, n’avait rien de sordide et qu’en plus, il n’était pas question que notre histoire commence, mais bien qu’elle se termine.

    Il répliqua sèchement que j’étais à l’évidence le seul à y croire.

    Aussitôt je partis en bourrasque. J’avais envie de lui, certes de moins en moins précisais perfidement, cependant , rien de ce qu’il pourrait se passer entre nous au cours de ces trois jours, ne me ferais dévier de ma trajectoire : Je retournerais à Julien et sans doute même lui avouerais je ce qu’il savait déjà sans qu’il n’ait eut besoin de se montrer grand clerc, puisque si je mentais à tout le monde avec la faconde d’un bateleur, il m’était impossible de feindre bien longtemps face à la perspicacité rieuse de mon homme.


    MON homme, enchaina Stéphane tout en ironie, comment pouvais je appeler MON homme UN homme que je n’aimais plus depuis des mois, mais que je n’avais pas le courage de quitter parce que son aisance sociale, ses qualités intellectuelles et morales m'enchantaient, comme sa beauté fanfaronne me flattait ?

    En effet rétorquais je, pourquoi échanger un pur sang que chacun m’enviais contre un bardot tout juste bon à braire des sottises avec l’accent de Fernandel fils , puisque le père , lui, avait du talent ?

    Stéphane éclata d’un rire narquois.


    Ne venais je pas d’avouer sans même m’en rendre compte rester avec Julien par simple vanité ?

    Au lieu d’accrocher des fureurs légitimes à ce rire je m’enfermais dans ma Bastille de silence, conscient déjà, d’avoir perdu le pouvoir.


    Du reste, et même si je l’ignorais encore, du pouvoir je n’en aurais jamais sur « Le Comédien », mon précieux snobisme Parisien se brisant tout net aux arrêtes de son bon sens paysan. Si je ne pouvais mentir à Julien, je ne ferais pas longtemps illusion aux yeux de Stéphane dés que nous serions ensemble , ne comprenant que lorsqu’il serait trop tard que la délivrance, le bien être, le soulagement que j’éprouvais à être regardé tel que j’étais et non tel que je paraissais , à laisser tomber le masque , à abandonner la pose corrompaient notre relation plus qu’elle ne la servait, Stéphane aimant bien d’avantage le clinquant outrancier de « Mauvaise . Graine » que les frilosités enfiévrées de Vania.

    Non content de me prendre pour un autre, il me prit également en traitre.

    A défaut de nous retrouver dans ma « sordide » chambre d’hôtel, nous gagnâmes dans l’arrière pays un petit cabanon que son grand père possédait à l’orée des vignes, une triste bicoque au toit de lauzes et aux murs du bleu fané des lavandes.

    Aussi loin que le regard portait il embrassait un cimetière de ceps griffus comme des bras secs de cadavres jaillissant d'un sol de cendre ; puis un val creux ou des plantes rampantes, longues filandres ternes que tachait la rouille des chardons formaient sur la roche crayeuse un horrible tapis de scalps. Attelée à la masure ,une tonnelle en treillis argenté offrait l'osier brulé de son toit pentu aux voltiges d'un peuple d'araignées grasses et velues .les grands vents d’été avaient poussé la poudre grises des déserts jusque dans la pièce principale que nul ne s’était donné la peine de balayer .Le lit, au fond d'une alcôve que masquait un drapé à tournesols, montrait un matelas de crin crevé de toutes part. Par contre, les draps, en pile sur le chevet, frais, propres et brodés semblaient sortir de l'armoire d'un prieuré. Il y avait une seule chaise , un banc grossier, taillé dans de l'olivier, une table pataude sous une toile cirée orange , un évier d'étain grand comme un lavoir qu'encombrait des brocs et des bassins de faïence. Par dessus nos têtes, les combles résonnaient de la sérénade qu'y donnait une multitude de bêtes. Dans la cave à laquelle on accédait par une trappe ouvrant sur un escalier raide à se tuer , vieillissaient plus de bouteille d’un nectar de Provence que nous n'en pourrions pisser.

    Nous bûmes tout le jour, un autre et le suivant.

    Des rouges épais comme des sirops, des blancs moussus, des rosés au pétillant de grenades.

    Je ne sais plus qui le premier osa enlacer l’autre tant nous étions ivres. Je me souviens par contre que son corps très blanc, très anguleux, sa toison rousse et dense comme de l’étoupe me dégoutèrent un peu au premier abord.

    Je sais aussi que ni l’un ni l’autre n’eûmes beaucoup de plaisir la première fois .

     

     

    Pas plus que la seconde ou même la troisième.

    Je sais enfin que ça n'avait aucune importance, que le destin trébuchait aveugle comme oscillent les pendus que les corbeaux dévorent et que déjà nous étions perdus.

    C'était un Vendredi à la fin de l'Automne, l'année je ne sais plus.

     

     

     

     

     
     

     

     

     

     

     

     

     

  • " Interlude."

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    De Bonifacio, de ses rues escarpées , grimpant roidement à l’assaut des terrasses du Roy d’Aragon, d’où on aperçoit la cote Sarde et, par temps clair, les linges de couleur mis à sécher aux balcons de Santa Teresa, de son cimetière marin dont les chapelles blanchies à la chaux semblent boire tout le feu du soleil, de son chemin de ronde bordant comme un lacet l’à pic de la falaise, de ses plages secrètes , creusées à même la roche et auxquelles on ne peut accéder autrement que par la mer, indifférent à toutes beautés dés lors qu’elles n’avaient pas les yeux éblouis et le sourire radieux de Julien, le cœur rose bonbon, l'esprit azuré, le corps à la débâcle , je ne vis pas grand-chose durant ce premier séjour.

    Etrangement je me rends compte que le bonheur, dans sa simplicité, dans son évidence, dans son monstrueux égoïsme, n'est pas facile à raconter.

    Que pourrais-je vous dire que vous ne sachiez déjà du plaisir indécent des retrouvailles, de la fièvre érotique qui l’accompagne ?


    Comment évoquer sans sacrifier à la banalité, deux jours d'errances et d’abandons entre les draps moites d'un lit immense, nos téléphones coupés ; nos familles, nos amis oubliés ?

    La redécouverte de sa peau au grain lisse et serré, du gout mordoré de sa sueur, de l'exquise musique de ses soupirs ?

    Les chuchotements, les confidences amorcées, avortées d'un baiser, les fous rires sans autre motif que le seul plaisir d'être ensemble, la bouleversante loquacité des regards ?
    Comment peindre avec des mots ce qui s’en passe si aisément, ce qui tend à aller vers l’épure, l’essentiel, au cœur même du cœur ?

    Et puis, vient l'instant ou le rêve suspend son vol, ou le dialogue s’impose, ou l'on ne peut plus se défiler.

    Nous sommes allé diner dans un charmant restaurant de la rue Doria, si tard que nous y étions pratiquement les seuls clients.


    J'ai trouvé Julien d'une beauté stupéfiante dans la lumière rousse des photophores.

    Je lui ai demandé ce qu'il fichait avec moi ; ce qui a eut le don de le mettre en rogne.
    Il m'a dit que je n'étais qu'un Narcisse à la con ; que si je cherchais des compliments je n'avais qu'à m'adresser à ma cour de tapettes énamourées plus aptes que lui même à me couvrir de fleurs.


    Puis il m'a offert une de ces déclarations d’amour dont le souvenir, parfois, suffit à remplir toute une vie.

    « -Tu ne réalise pas à quel point tu es intéressant ; tu ne réalises pas à quel point c'est passionnant de vivre avec toi au quotidien. On ne s'ennuie jamais.

    Qu’aurais je pu répondre à cela ?

    Pour la première fois, moi qui ne suis que verbiage et fleur de rhétorique, n'ai put trouver les mots adéquats.


    En revanche il me semble bien que j'avais de l'eau plein les yeux tandis que glacé d'épouvante, je comprenais que, déjà, je l'aimais moins.