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  • " Les ailes du desir."

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    Après l'anicroche d'Autheuil, une fois mes rires et mes raideurs, mes migraines épathiques et mes hébétudes narcotiques dissipées, je me sentis de fureur sacrée, pousser ,membraneuses, amples ,vibrantes des ailes d'Incube qui, crevant la nudité de mon dos, déchirant mes muscles en de violentes blessures, m’élevèrent jusqu'à des sommets inconnus de barbarie ou des serpents pythons semblables à mes rancœurs nouaient leurs anneaux d’aveugle sensualité autour du corps d’un Julien livide et supplicié.

    De mon gladiateur sacrifié, cependant, je ne perdais pas le gout, encore moins le désir de ces merveilleux désirs dans lesquels, tombant de fièvre quarte en chaud mal, de martyrs en voluptés, des semaines durant, je me consumais.

    Suppléant à une routine de médiocre tenue, l’effervescence ou je me débattais dés le saut du lit, lorsqu’elle ne dévorait pas mon sommeil de ses flambées impures apportait un éclairage nu, cru, frontal sur une existence pitoyablement bourgeoise, morne, indolente et atone en dépit des brèves secousses dont je talonnais ma monture afin de maintenir cette allure du petit galop qui jamais ne prenait un virage en dehors mais qui me semblait, toutes paupières cousues, plus épique encore que les chevauchées de hautes couleurs de ces preux d'Angleterre ,qu’emportaient dans un grand vent de pétales et d’oriflammes , les harmoniques baroques d’un poème de Beuern mis en musique par Carl Orff .


    La rage aux dents, encensant sous l’insulte d’une phrase mesquine -petite merde, salope, minet rupin, avait il dit - dont les ricochets suffisaient à me glacer d’écume, je m’acharnais à prouver à quelqu’un qui ne me demandait rien, plus qu’à moi-même qui n’en demandais pas d’avantage, que je valais mieux que ce que mes nuits cocaïne et champagne, ma vagabonde et farouche tribu Tzigane, mes blêmes amours mortes-nées dont les effigies de cire s’exhibaient dans un musée des erreurs entre la rue Beaubourg et le Boulevard Beaumarchais , laissaient entrevoir d’une personnalité en démolition avant même que de s'être construite .

    A la stupéfaction générale je congédiais mes dealers et mes amants, ne conservant pour le bon équilibre de mes nerfs qu’un petit rouquin dont le cul blanc comme un rêve de crème aimait à être battu jusqu’à l’incarnat des feux d’infamie et dont je me souviens qu’il se parfumait à la même eau de cédrat et de verveine que ma grand-mère, contrariant par là des bandaisons qui cependant ne demandaient qu’à s’ébaudir, ce à quoi elles consentaient de bien bonnes grâces, une fois le bambin , savonné , rincé et talqué à la poudre d’Iris .

    Plus étonnant encore je repris le chemin de la fac, me fondis, sage et bien peigné, débarbouillé de mes paillettes, privé de mes anneaux d'oreilles, de mes colliers d'émaux ,gardant juste au cou une croix de corail dont je pensais qu'elle me portait bonheur, dans la masse houleuse et moutonnante d’une promotion que j’imaginais fade et triste , alors qu’elle était rieuse et bohème, me découvris le gout des livres et de l’étude , l’amour de l’histoire , de l’art , de l’histoire de l’art et finalement passais comme en me jouant des examens que l’on disait redoutables .

    Dans la foulée et puisqu’un bonheur n’arrive jamais seul, je décrochais un entretien d’embauche – des entretiens devrais je écrire car on demanda à m’entendre six fois –auprès du voyagiste plein de mansuétude et d’abnégation qui aujourd’hui m’emploie encore.

    « -Ainsi, riait Julien tandis qu’il embrassait mon ventre nu, c’est un peu grâce à moi que tu es ce que tu es.


    J’étendais mes doigts en serres pour agripper ses boucles brunes et drues, tirais en arrière sa belle tête halée.

    « - Au vu du résultat, il n’y a pas de quoi pavoiser.

    Julien détachait mes mains de ses cheveux, pesait sur mes avant-bras jusqu'à ce qu'ils cèdent, tandis que son corps sur le mien devenait plus lourd.

    « - Et si je te disais que cette après midi là, à Autheuil, petite merde, petite salope, petit minet rupin, si je te disais que moi, je t’aimais déjà !

    Je cherchais à croquer une bouche irrégulière, vivante, mobile, une bouche de beurre, de sucre, de rhum doux et qu’il me refusait.

    « - Je te dirais moi, qu’il faut laisser aux vrais menteurs le soin de bien mentir, Monsieur l’observateur pernicieux de la vie des autres, Monsieur le journaliste !

    Avec violence, avec douceur, enfantin, il me mordait au sein.

    « - Je te haïssais, c’est donc que je t’aimais un peu.

    Je me dégageais de son étreinte, roulait sur le flanc pour mieux revenir aussitôt me pendre à son cou.

    « - J’aime bien quand tu m’aimes moins, et mieux lorsque tu me détestes un peu.

    Graves et beaux ses yeux du bleu perçant des pervenches viraient au mauve presque noir des violettes Italiennes et des eaux profondes.

    « - Une chose est certaine, mon terrifiant amour, devrais je vivre cent ans et faire cent fois le tour du monde, il n’y a aucune chance que je recroise un jour une plus somptueuse tête à claques que toi.

  • " Une Rumeur d'indécence."

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    Il faisait partie du petit groupe, du petit clan, du petit cercle dont aimait s’entourer Walter cette saison là, un aréopage de jeunes hommes, brillants de cuir et d’acier, moins beaux du reste que singuliers, ou du moins dont les beautés, en bouquet de foulards noués à la diable, crachaient du feu contre le noir doux des mohairs, le gris lentement irrégulier des flanelles, le blanc fluide des mousselines, sonnaient à contretemps, à contre-courant et presqu’à contrecœur d’un idéal masculin, dégradé en sépia et lilas sur le papier glacier , un peu raide, un peu lisse, un peu flou des magazines de mode.

    C’était là tout le géni d’un Walter capable de rendre de l’éclat aux imparfaits, du piquant aux laids, de la finesse aux sots, que de mélanger les styles , les genres , les humeurs, les horizons sans que l’ensemble ne paraisse ni anachronique ni disgracieux, que de savoir s’inventer des cours chiffons et coutures, argotières et distinguées, déraisonnables et raisonneuses, des cours qui d’ailleurs le courtisaient moins qu’elles ne le brocardaient, le caressaient moins qu’elles ne l’épinglaient, le ménageaient moins qu’elles ne le bousculaient et dont tout Paris raffolait tant elles mettaient d’insolence à dynamiter les conventions d’un microcosme fatigué de prendre la pose , d’emprunter aux grands livres de grandes idées, de grandes attitudes aux grands monuments et de faner sur pied, du coté de Guermantes , en polos Ralph Lauren et manteaux de pluie Burberry’s, le teint aussi vieil ivoire que le lait clair coulant aux cierges des sacristies.


    D’où qu’ils viennent et ou qu’ils aillent, ces garçons, avocats, médecins, financiers, politiciens, journalistes, cinéastes en devenir, bruissaient d’idées, pétillaient d’inventions, fourmillaient de projets, regorgeaient d’ambitions et bouffaient la vie de leurs dents blanches et saines à croquer dans toutes les pommes avec des appétits cyclopéens d’ogres cannibales. Leur jeunesse rutilait autant que leur esprit, leurs rires immenses déboulaient dans la quiétude des diners comme des avalanches sur de paisibles vallées, les débats d’idées dans lesquels ils s’affrontaient, sabre au clair, à coup de passes inspirées , de bottes imparables, de parades, de tierces , de primes élégantes et féroces déchiraient les dolences roses pompons des salons , dissipaient les langueurs bleues gitanes des pubs et des cafés.


    Ils allaient partout, aussi à l’aise dans les palaces que dans les cambuses, ils buvaient beaucoup et à toutes les fontaines, se droguaient un peu, davantage afin de tester leurs capacités à résister aux addictions que pour gouter à des tumultes, des tournoiements dont ils savaient très bien les dangers comme, mortelle et légère, la superfluité, baisaient avec gourmandise qui leur plaisait et se gardaient d’aimer comme on se protège d’une maladie tropicale, foudroyante et fatale.

    Est il besoin de préciser qu’à vingt ans tout lisses, tout ronds, l’esprit vide et le cœur pendulant d’adolescents hébétés dont je me lassais aux premiers reproches, en trentenaires vite agacés par mes Gasconnades et autres pitreries, au visage le chagrin de ceux qui, à force d’avoir tout, ne désirent plus rien, portant haut une physionomie qui ne devait ses airs de tête qu’aux millions de milliers de milliasses de caillasses péniblement sués par papa , je ne faisais pas partie du cénacle ?

    Walter s’il m’adorait me trouvait trop immature, trop fluet, trop fragile pour affronter ses hommes liges aussi se contentait il lorsque dans le tapage des discothèques je croisais son sillage vétiver, d’embrasser paternellement mon front, de glisser, si discrètement que je ne m’en rendais pas toujours compte, une liasse de talbins dans la poche de ma chemise avant de me renvoyer à mes gamineries d’une tape affectueuse sur mes fesses à fossettes.

    J’enrageais tant j’aurais aimé appartenir au groupe, me transmuer en l’un de ces types dont le moindre geste respirait l’aisance, l’assurance, la confiance en soi, le moindre sourire odorait l’haleine tiède des lauriers roses, le moindre mot brillait de l’éclat poli, debruté , facetté des pierres taillées.

    Mes intentions, aussi pieuses soient elles, ne m’empêchaient pas, « Mauvaise . Graine » en herbe, de parfumer celles que je prêtais à Walter de manigance vénéneuses, puisque je le soupçonnais, à l’impulsion d’un compagnon dont il était tragiquement épris, de faire ménage avec tout son monde.


    L’un et l’autre m’assuraient, parfois riant comme à une mauvaise blague, parfois m’opposant les figures navrées de ceux à qui l’on sert des fariboles, de l’exclusivité de leur passion, cependant puisque le mot « exclusif » ne faisait pas partie de mon dictionnaire amoureux et comme je ne voyais pas d’autre raison légitime à ma mise à l’écart je n’en croyais rien.


    Ainsi continuais-je d’essaimer, sourde et confuse, ma rumeur partouzarde, me targuant d’un lien de parenté avec Walter qui n’existait que dans mon imagination, alors prolixe, pour étayer le bien fondé de mes dires.

    Je n’avais, du reste, pas la moindre idée des ravages que de telles allégations pouvaient causer puisque les racontars aussi nombreux que fantaisistes courant sur mon compte me donnaient à rire plus qu’à pleurer. Pour tout dire, il arrivait, lorsque la fantaisie m’en prenait ou bien lorsqu’il me semblait que mon nom ne circulait pas assez, que je devienne moi-même la source des saloperies que l’on colportait à mon endroit, allant ensuite, histoire de donner du vent à mes moulins, jusqu’à m’indigner, ma vertu pudiquement drapée dans les plis outragés d’une robe de vestale, des tocsins dont j’avais déclenché les volées.

    Le retour de bâton ne se fit guère attendre.

    Nous célébrions à Autheuil et en grand comité l’anniversaire de belle-maman.


    Il y avait tant d’invités qu’il me semblait ne connaître personne.


    Une chaleur anormale, opaque et sablonneuse pesait sur les jardins qu’elle poissait. Même sous les tentes de frais draps bleu ou se tenaient buffets et bars on suait des chandelles.

    En dépit ou à cause des litres de champagne que j’éclusais depuis le matin, je me sentais absent et distrait, paresseux et rêveur.
    Je m’isolais au pied d’une des terrasses, assis sur la margelle d’une fontaine dont le débit ragaillardi par les pluies des jours enfuis, stridulait un murmure enjoué.


    J’étais occupé à me rouler un joint lorsque je le vis s’avancer vers moi d’un pas martial.
    Le plus beau des amis de Walter, ou du moins celui de la bande qui me plaisais tellement que je rêvais souvent qu’il me prenait dans ses bras.

    Etudiant en journalisme m’avait on dit, aspirant à barouder en zones de guerre, sur des terres périlleuses, inconnues et hasardeuses, aussi aventureux qu’aventurier selon la même source, un poil boucanier même, cogneur de mauvaises figures et séducteur impénitents de jeunes camélias blancs aux grâces froides et polies.

    Plus Corse de surcroit que l’échauguette de Sartène, les granits gris zébrés de serpentine de la Scala di Santa Regina ou que cet océan de châtaigner qui des hauteurs de Morosaglia roule ses vagues vertes et fraiches jusqu’aux sources pétillantes d’Orezza.

    En somme un garçon pas rassurant du tout et qui donc ne pouvait que me plaire.

    « -C’est toi V ? demanda t il d’une voix aussi brulante que les glaces du Cinto.

    « - Comme si tu ne le savais pas ! Répliquais-je sur un ton non moins polaire.

    Son pied vint frapper méchamment le mien.

    « -C’est toi la salope qui raconte toutes ces histoires de partouzes au sujet de Walter et de mes amis ?

    Je tirais sur mon joint, souri à la lumière ailée d’un rayon de soleil qui sur mon nez, mes joues, mon front bourdonnait comme une abeille.

    « - On ne peut rien te cacher.

    Il m’arracha de mon muret comme si je n’avais rien pesé.


    « - Ecoute moi bien , petite merde , si j’entends encore un mot , tu as compris , un mot , pas deux , pas trois , un seul mot de cette histoire , je te jure sur la croix et quoi qu’en dise Walter ,d’esquinter ta belle petite gueule de minet rupin au point que même ta mère , si tu en as une ne te reconnaitras plus ! Tu as compris salope ?

    Partagé entre une envie de rire et une excitation on ne peut plus déplacée, je répondis à tout hasard que oui, Monsieur, j’avais compris.


    Il me laissa choir comme un sac de charbon dans la cave d’un bougnat, me lança un regard aussi méprisant qu’un crachat et reparti au diable d'ou il venait.

    Affalé dans l’herbe rase, pas même endolori, je riais comme un âne et bandais comme un turc.


    Cette histoire, je le pressentais, finirais soit dans un lit, soit dans un bain de sang.

    Cependant, et pour l’heure, Julien m’avait dans le nez bien plus que dans le cœur.

  • " Les trois mères."

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    Profitant de l’absence de mon homme retenu Dieu sait ou, j’organisais, la semaine passée, un diner de « poufs » à l’intention de mes trois mères.

    « Mater Suspiriorum », la mère des soupirs.
    « Mater Tenebrarum », la mère des ténèbres.
    « Mater Lacrimorum », la mère des larmes.

    Vous savez désormais dans quel chaudron de sorcières Dario Argento puisa l’inspiration de sa célèbre –et très inégale –trilogie.

    Filles adultérines de Shakespeare et de Tchekhov, mes malheureuses tantes se virent échoir la tache impossible de m’élever correctement ce dont elles s’acquittèrent avec un amour infini et une totale absence de cervelle, me laissant croire longtemps que j’étais spécial – et sans doute l’étais je réellement-, bien supérieur au commun des mortels ; un roitelet encagé dont le bon-plaisir dépendait de son seul bon-vouloir; m'incitant à cultiver le caprice comme une vertu , l’ironie comme un art , l’insolence comme un devoir, les déviances en tous genres comme une forme absolue de la liberté.

    Bref, on peut dire sans trop se tromper que se fut dans les personnalités complexes de Liouba, Stassia et Sasha que Vania-Vassili-Stéfan pucha à pleins baquets les philtres noirs et roses d'ou émana dans d'obscurs parfums ,mi fauve , mi fleur « Mauvaise . Graine ».


    De mes tantes, vous connaissez déjà la reine mère, Liouba; fausse bourge croulant sous le fric et l’adoration d’un mari encore ébahit, vingt cinq ans après qu’elle daignât lui adresser la parole.


    A présent, j’aimerais vous présenter Stassia et Sasha.

    Stassia- Anastassia à l’état civil- c’est le mec de la famille.


    Une femme forte, directe, virile, une femme intelligente et abrupte.


    Au contraire de ses sœurs, obsédées par la mode, et bien qu'elle possédât des pièces de très haute qualité, Stassia ne prêtait pas trop d’attention à la manière dont elle s'habillait. Constamment sur le pied de guerre, elle répugnait à consacrer du temps au choix de ses vêtements, à assortir ses chaussures à son sac.

    Ainsi, il lui arrivait de porter un somptueux manteau de fourrure sur une jupe en maille et un cardigan, un jean râpé et un T-shirt en coton avec un sublime collier de perles.

    C’est une femme en action plus qu'une femme d'action


    Spécialisée en chirurgie vasculaire et thoracique, elle mène d’une main d’acier la clinique que nous a légué papy.

    Sans jamais se marier elle a eut deux garçons, de deux hommes différents.


    Elle les élève, les pauvres, comme elle gère ses affaires.

    Virilement !

    Du reste, elle réprouve à utiliser ce qu'on appelle les armes "féminines" : la fragilité, la douceur, le charme.


    Cependant, lorsqu’un garçon lui plaît, et l’amazone en fait une consommation digne d’un pédé, forcément, elle change de registre !

    Sasha –Alexandra à l’état civil- est comédienne.


    Elle cachetonne dans des films que personne ne voit jamais, joue dans des pièces undergrounds tellement ennuyeuses que le public, s’il y en a, s’immole par le feu avant la fin du Premier acte.


    Plus jeune, elle vécu quelques années en Italie ou elle devint vedette de "Fumetti", ces romans-photos à l'eau de rose dont la péninsule est friande.


    Anarchiste et mondaine, elle eut longtemps pour devise « La bombe à neutrons oui, mais pas sur « Fauchon » »

    Petite fille, elle était rêveuse, elle écoutait les autres, elle ne parlait pas.
    Autour d’elle chacun se montrait très volubile alors qu’elle, muette se cachait derrière son père et ses sœurs. Timide, elle aimait pourtant se déguiser, jouer à des jeux de société.

    Déjà, elle se trouvait partagée entre le rêve et l'envie de vivre.


    Sans doute est elle devenue comédienne pour combler le fossé séparant le monde qui l'entourait de celui qu’elle imaginait.

    Elle aussi à deux fils, aucun du même père.

    La semaine passée, donc !



    Au menu, outre notre sempiternel Caviar de la Caspienne et ses accompagnements, du sucré, rien que du sucré.


    Mignardises, Baklavas, assortiment de Carolines, Florentins aux cerises et au gingembre, macarons, orangettes, sablés au citron, Muscadines, Diamants à la vanille et dentelles croustillantes au chocolat.



    Toujours au menu, ragots, potins, bouchées au vitriol, becquées à l’arsenic, goulées d’acqua-toffana.


    Pas d’alcool.


    Uniquement de la Vodka au piment et au miel, servie dans des dés à coudre que nous vidions d’un trait entre deux rosseries.


    Gavée de tisanes et d’ascèses, le corps et l'esprit purifiés, plus enragée encore que de coutume, Stassia rentrait à peine d’une cure Italienne.


    Trois semaines de retraite dans un monastère Lombard quelque part du coté de Brescia à bouffer du radis et à macérer dans la vase, tout cela pour le prix d'une Ferrari, il m'eut étonné qu'elle en sortit aussi jouasse que d'une soirée au « Baron ».

    Dès l’apéro elle commença son show.

    « -Mais quelle expérience fooormidaaaable ! Je me sens comme une ado, c'est dingue.

    « -Comme une ado ? Tu veux dire mal dans ta peau et ravagée par l’acné ?

     
    « -Je veux dire encore suffisamment vigoureuse pour claquer le beignet d'un grand cornichon irrespectueux lorsqu'il le mérite.


    Comprenons nous bien, j'aime mes tantes, je tuerais sans la moindre hésitation quiconque tenterait de leur faire du mal ; mais leur numéro de sœurs siamoises éprouvé, usé jusqu' à la corde, cette obstination qu'elles mettent à être toujours en représentation ; Liouba dans son rôle de grande bourgeoise enjouée, dépourvue du moindre état d’âme, Stassia en gloire du bistouri, ressassant à plaisir des histoires de bloc à vous dégouter à jamais de la bidoche ; Sasha en artiste maudite et spécialiste du Name dropping ,me font, je l'avoue doucement soupirer.

    Enfin, j'imagine que dans l’histoire, elles sont encore les plus à plaindre.

     

    Avoir élevé un énergumène de ma trempe ne doit pas être si facile à assumer.


    Déjà, à l’image de mon père, j’avais refusé de faire médecine et de reprendre la gestion de la clinique dont mon grand père et mon arrière grand père avant lui avaient construits l’excellente réputation.

    FLASHBACK :

    Liouba, paniquée

    : « -Mais qu'est ce que tu racontes à la fin ? Tu as perdu la tête. Tu es l’ainé des garçons, tu te dois de reprendre le flambeau.

    Moi, adolescent révolté sans aucun motif de révolte légitime

    : « - Si je reprends le flambeau, ce sera uniquement pour foutre le feu à cette putain de clinique.

    Stassia, calme et venimeuse

    : « - Putain de clinique qui soit dit en passant t'a permis de ne manquer de rien .Parce que si tu avais dut compter sur les singeries boulevardière de ton père pour manger du Caviar , tu n’en connaitrais toujours pas le gout ! Je crains que nous ne t’ayons trop gâtés mes sœurs et moi. Un corbeau ! Nous avons élevé un corbeau et aujourd’hui, il nous arrache les yeux.

    Sasha véhémente

    : « - Il a raison ce petit ! Fuck la tradition ! Vie ta vie mon chéri, ne te laisse influencer par personne!

     

    Stassia, furieuse

    : « - Toi la rouge, personne ne t’a sonnée ! Il reste une communiste sur terre, encore faut il que se soit ma sœur ! En plus comme exemple de réussite professionnelle tu te poses un peu là cocotte ! Tu as tourné dans quel bouche programme cette année ? Quelle famille ! On est vraiment bien montés !

    Moi goguenard

    : « - Plutôt, oui ! En tous cas mes amants ne se plaignent pas !

    Liouba, effondrée

    : « - Il est con ce gosse ! Tu le fais exprès ou tu as pris des cours ? Parlons peu, parlons bien ! Tu veux faire quoi à défaut de médecine ? Tu as bien, sinon une vocation, du moins une idée de ce qui te plairait ?

    Moi, parfaite tête à baffe

    : « - Nan, chais pas. Pour l'instant j'ai juste envie de m'éclater la mouette.

    Stassia, dans un grand élan de tragédie

    : « -Mais ce n'est pas un métier, ça !

    Aujourd’hui encore , Liouba et Stassia ne se sont pas faite à l'idée que je ne sois pas le professeur machin ; mais que voulez vous pour avoir été élevé dans le sérail , parmi les vapeurs d'éther et les mandarins , je sais que ce monde de sacrifices , de tension et de mort n'est pas le mien ; d'autant que dépourvu de la moindre compassion j'eus fait un médecin déplorable .


    En revanche, que je sois pèdè ne leur a jamais posé de problèmes ; Sasha parce qu'elle est la bonté et l'abnégation même ; les deux autres parce qu'elles trouvent cette originalité aussi tendance qu'un sac Birkin.

    Pourtant confrontées aux hommes de ma vie, Liouba et Stassia, au demeurant intelligentes, cultivées et sommes toute tolérantes se sont toujours comportées en parfaites imbéciles.

    Ainsi, Liouba ne peut s'arrêter de parler, ce qui ne serait pas si grave si elle n'enchainait les maladresses.

    Ainsi, Stassia, d'ordinaire fine conteuse, se contente de proférer des banalités avec l'embarras et le teint fleuri d'une charcutière en rupture de rillettes.


    FLASHBACK



    Liouba déguisée en chasse Espagnole un jour de Marie, sautoirs de perles, larmes de diamant, cabochons de rubis

    : « -Mon dieu, mais qu'il est beau !!! Il n'y a pas à dire, mon chéri, tu sais les choisir.

    (Sous entendu : Vous êtes, jeune homme le 4400 eme fiancé potentiel que notre neveu nous présente. Vos prédécesseurs sont passés plus vite que le café ; ne vous faites aucune illusion, votre règne sera court.)

    Stassia, à la recherche d'un intérêt commun

    : « - La médecine vous intéresse ? Non ! Ca m’aurait étonnée ! Oui, nous sommes médecins de père en fils dans la famille ! Enfin de père en filles, parce que les garçons, hélas…..Enfin, j’imagine que ce que je vous raconte ne vous intéresse pas !

    Liouba, en aparté, d'une voix de contralto qui doit s'entendre jusqu’à Courbevoie

    : « -Celui ci au moins est bien élevé.

    (Sous entendu : Vania a d'ordinaire du goût pour les voyous au point que je craignais, à chaque fois, qu'ils ne filent avec l'argenterie à la fin du diner. Franchement mon pauvre petit, je ne veux pas vous faire de peine, mais, vous n'êtes pas de taille.)

    Stassia, tatillonne

    « - Votre père est dans la carrière m’avez-vous dit ! Et votre maman ? Femme au foyer, bien sur ! Le syndrome de Wistéria lane en somme ….. Ah, vous avez trois frères ! Belle famille ! Tous du même père ?

    Liouba, insidieuse

    : "- Et que fait il dans la vie, ce grand garçon ? Guide accompagnateur trilingue, quelle bonne idée ! Vous ne devez pas souvent être chez vous ! Remarquez, Vania non plus !

    Sasha rêveuse

    « - J’ai couché avec un guide, une fois en Turquie ! Ce n’était pas terrible ! Le guide, pas la Turquie !

    Stassia, décidément obstinée

    : « - Vous chassez, bien entendu ! Non ? Comme c’est bizarre ! Oui, j’ai dit bizarre ! Vous savez que Vania adore chasser. . Ah, si, si je vous assure Vania est un chasseur émérite. Je dirais même une fine gâchette, n’est ce pas mon chéri ? La première fois qu’il a tirée, il n'avait pas huit ans.

    Moi, narquois

    : « -Tout de même pas ! J’ai connu mon premier mec à quinze ans !

    Liouba, perfide

    :"-Ne l’écoutez pas, cet enfant est idiot ! Personnellement, j’ai les armes à feu en horreur, mais il faut bien reconnaître qu’à toute chose malheur est bon. Au moins Vania est il capable de se défendre.

    (Sous entendu : A votre place j'éviterais de faire du mal à mon neveu à moins que vous ne teniez à vous faire exploser les rotules à coup de Beretta.)



    Mais comment doté d’une famille pareille voulez vous que je garde un mec?