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Pétasseries

  • " Des oursins dans le Caviar."

    gay,sexe,sophie marceau, ophelie winter,angelique marquise des anges« Mauvaise. Graine », désœuvrée et un peu malade :

    « - Qu’est ce que je peux faire ? Je sais pas quoi faire ! Qu’est ce que je peux faire ? Je sais pas quoi faire ! Qu’est ce que je peux faire ? Je sais pas quoi faire ! Qu’est ce que je peux faire ? Je sais pas quoi faire !



    David, en pleine forme et toujours prèt à rendre service:

    « -Ta gueule Anna Karina ! Tu veux qu’on baise ? Ca t'occuperas la bouche un moment !

    « - Toi et moi ? Tous les deux ?

    « - A moins que tu ne prefères aller sonner chez les voisins.

    « -Beurk, non, sont pas beaux-jolis ! Et puis toi aussi beurk! Elle n’est pas suffisamment à bout de souffle pour se taper David-le-fou, Anna Karina!
    Si on disait du mal à la place !

    « -Oh oui, oh oui ! De qui ?

    « -Je ne sais pas.Des gens au pouvoir. L’insolence,ça doit se pratiquer du bas vers le haut !

    « -Bof, on ne va pas encore baver sur Sarko et Carla ! Ca devient rengaine ! Laissons ça à Anne Roumanoff.

    « -C’est qui ça, Anne Roumachin ?

    « -Personne ! Une comique moche !

    « -Parce que tu en connais des jolies, toi ?

    « -Oh mais là on est carrément dans une autre dimension. On dépasse largement les frontières de l’étrange ! De l’inconsommable ! Même complètement torché au sortir de quinze ans de taule tu peux pas te farcir ce truc! Alors , bonne pomme, tu cherches des explications, tu supputes qu'on l'ait bercée trop près du mur, Roumanoff !Pense tu , le mur n'y est

    pour rien ! C’est un trente huit tonnes qu’elle s’est bouffée dans la tronche à la sortie de la maternité pour être défigurée à ce point. Tout est de traviole. Le nez, la bouche, les guiboles. Même ses crins ils penchent !

    « -S’attaquer au physique, c’est bas David ! Très bas !

    « - Et l’autre là, Sainte Thérèse Dalida, il peut parler alors qu’il rate pas une occasion de se foutre de Mimie Mathy. Promets-moi, mon bel amour mon imposture, de ne pas me ressortir cette mauvaise blague ou elle se suicide en se pendant à un Bonzaï.

    « -Il y a pire, mon chéri ! Figure-toi que son mari a déclaré à « Match » qu’il déplorait que sa chérie n’ait pas la tête carrée. Ainsi il aurait put y poser son verre et son cendrier pendant qu’il se faisait sucer. Oui je sais, elle est ignoble ! Mais moi ça me gave les gens sucrés, faussement humbles. « -Je ne vois pas pourquoi je n’aurais pas droit aux mêmes rôles que Julia Roberts ! » Qu’elle nous sort sans même se marrer ; grincheuse!
    Mais parce que si c’est toi qui tapines sur Hollywood Boulevard, jamais il s’arrête Richard Gere, et du coup il n’y a plus de film, courge ! Et puis tu l’imagines en cuissardes, Simplette? Enfin, pas besoin de déranger le pluriel pour si peu : une seule cuissarde suffira ! Tu la flanques dedans l’ange gardien et elle nous joue la botte de sept lieues dans un remake porno du chat botté ! « Monsieur le chat, le chat bité, vous n’allez pas me niquer » !

    « -Faut pas dire du mal des nains, Vania. C’est politiquement incorrect ! Et puis on ne sait jamais, ça peut toujours servir un avorton.Regarde, dans les cirques, ils en manquent.Y a pénurie de gnomes.Depuis que ta copine cartonne sur TF1,ils s’imaginent tous qu’ils vont jouer Lorenzo au théâtre Français,les turlupins.Du coup ,de Florent à la rue Blanche, tous les cours d'art dramatique sont pris d’assaut par les nabots, au point que Chéreau envisage de monter "Blanche Neige" à Nanterre et Hossein "Les aventures de Lili Pute" à Bercy. A noter tout de même que Mathy reste la comédienne préférée des Français.

    « -Je m’excuse de te demander pardon,mais c'est Sophie Marceau la comédienne préférée des Français.

    « -Je te ferais remarquer mon joli, déjà, que Sophie Marceau et comédienne ça ne va pas du tout ensemble ! C’est même parfaitement antinomique ! Et puis explique moi une chose, Monsieur je-sais-tout : s’ils l’aiment tant que ça, les Français, la petite Miss mamelles, pourquoi ils ne vont pas voir ses films ?

    « -Bé ça marche bien son dernier truc là, « De l’autre coté du lit » !

    « -Au vu du titre en bois du japon, le public a dut croire que c’était cochon ! Genre je te prends par derrière, façon denier Tango chez Brando ! Blague à part, ça marche parce qu’il y a Dany Boon.Autrement dit, si tu lui colles pas un C'hti à coté sur l’affiche, elle fait pas un fauteuil l'andouille de Vire.
    Tu sais que mon père a failli bosser avec elle voici quelques années ?
    Ils se rencontrent, ils déjeunent.Ravissante , fraiche , pulpeuse et en même temps tout à fait commune.Poissarde mais sans gouaille. Très P.M.U dirait cette chère Liouba! A l'époque ,elle s’apprêtait à partir tourner « Anna Karénine », produit par Mel Gibson ! Là aussi une vache de bonne idée ! Après Garbo la Divine, Vivien Leigh la rose anglaise, Sofa morcifs, la bonniche !Comme quoi ce n’est pas d’hier qu’il déraille Mad Max!
    Enfin bref, passait plus les portes la femme à Tarzan.
    Mon père lui demande par quels types de rôles elle serait éventuellement attirée.
    La saucisse fait semblant de réfléchir puis elle minaude qu’elle se verrait bien dans des films historiques comme en fait Adjani. Camille Claudel, genre, même si elle a détesté mais alors détesté la péloche !

    Trop long, trop académique, pas assez glamour !

    Au fait , tu sais comment ils l'appelent les machinos la belle Isabelle? "Lady commandements".Et quand elle se radine sur la plateau , ils chantent "mezzo vocce"; "Adjani Française , Adjani Française!" sur l'air d'"Algérie Française".

    Mais revenons à nos Moutons !
    Marceau, elle voulait tourner un truc vachement pampres et mousses, « La Chartreuse de Parme », par exemple.

    « -Intéressant, lui dit mon père pas intéressé du tout. Quel personnage ? »

    « -Bin la Chartreuse ! Qui d’autre ? »

    « -Heureusement qu’elle n’a pas fait « La Marquise des Anges » ! Pauvre Angélique !

    « -C’a été dans l’air fut un temps. Un peu avant « Marquise », justement, tu sais le bio -pic de Marquise Du Parc, la « Déhanchée de Racine », celle pour qui il a écrit "Andromaque"!
    Une pute, vaguement actrice!C'est tapé Racine , bien sur, mais aussi Molière et même le King si je ne m'abuse.Une Stars fuckeuse avant l'heure!
    Et puis vu toutes les saloperies qu’elle a balancé sur le film et cette pauvre Véra Belmont à sa sortie, les investisseurs se sont dit que parier sur la petite mère Maupu avec un budget aussi lourd, n’était peut être pas une si bonne idée
    Enfin bref, pour Angélique il parait qu’Ariel Zeitoun serait sur le coup, mais qu’il rencontre pleins de problèmes, le pauvre. Des problèmes de droits déjà.
    Non seulement la vielle Golon, l’auteure, ne se décide pas à mourir, mais en plus elle a entreprit de réécrire tous ses romans de la première à la dernière ligne en y ajoutant des tas de péripéties inédites, histoire de les rendre encore plus imbitables.
    Et puis faut la dégoter la nouvelle merveilleuse, indomptable chieuse!Vontquand même pas reprendre la mère Mercier dans l’état ou elle se trouve!
    On dirait une otarie avec une perruque!
    Béatrice Dalle voulait faire le rôle lorsqu’elle était jeune.
    Ophélie Winter aussi!
    Tu imagines ce à quoi on a échappé !
    « No soucy Loulou ! T’as fais de mon keum un méchoui , mais j’te kif quand même ! Waooouuu Loulou, c’est ça la galerie des glaces ? Bé mon cochon, y en a des miroirs qu’on se voit dedans ! Mais les glaces, ou elles sont les glaces ? Je sucerais bien un "Magnum", amandes-miel, moi ! »

     

    « -D’un autre coté on n’est pas bien préssés de la voir débarquer sur nos écrans la Comtesse de Peyrac.Ca fait quoi ? Cinquante ans que ça dure son cirque?
    Cinquante ans qu'elle fait pleurer les filles et les garçons sensibles, fantasmer les males en rut, la péruquée du XVIIe- le Siècle, pas l’arrondissement.
    Cinquante ans qu’elle nous rejoue « Adieu-je reste », la copine à Louis le Grand –le Roi, pas le bahut.

    A la longue la Marquise dérange.

    En plus c’est un peu nul comme série.
    Et qu’elle épouse un homme qu’elle n’aime pas, et qu’elle me met à l’aimer juste au moment ou on le fait griller façon Barbecue un dimanche à la campagne. Et qu’elle devient truande, aubergiste, chocolatière à la mode, danseuse nue au « Crazy ».
    Non, ça c’est Lova Moore, je me trompe d’andouille.
    Et qu’elle refait fortune, qu’elle épouse son cousin, qu’elle séduit le big boss de Vegas-en-Yvelines,et qu’elle réchappe aux poisons de la Montespan.

    Et puis chouette alors, un rebondissement,un clifhanger de la-mort-qui-tue,elle découvre que Joffrey "va-mon-amour-sauve ton-bateau » n'est pas aussi mort que des comploteurs complotant veulent bien le lui faire croire.Du coup elle part à sa recherche en Méditerranée alors que même pas elle sait nager, la conne. Remarque ce n’est pas grave, cette nana là peut pas couler, les flotteurs sont d’origine !
    On la razzie, on la torture !

    « -Non pas les chats !
    « - Ok, Marquise mais tu permets qu’on te viole un petit peu!
    « - Bin oui, couillon, c’est marqué dans mon contrat ! Un viol toutes les vingt minutes, sinon le public s’emmerde et il va voir les miches à Bardot.

     


    On la vend aux enchères comme un vulgaire chameau, on l’enferme dans le harem du roi du Miquènéz, lequel cherche à la dompter, car il ne sait pas qu’elle est indomptable, Angélique, il n’a pas lu le scénar ce gros bourrin. Et puis hop, comme tout le monde en à marre de se dessécher en plein désert, on nous colle un happy end à la con qui la voit s'éveiller dans les bras de son amour, à bord d'un trois mats voguant vers le nouveau monde.

    C’est plus un cheveu sur la soupe comme fin, c’est carrément la collection de binettes à Loulou 14.

    Putain de feuilleton ! Même « Plus belle la vie » fait pas plus fort de café !
    Ecriture béton !
    Pas étonnant vue la rafle de cerveaus qui s’est attelée à l’adaptation.
    Même « Alain-Decaux-radote » s’y est collé.
    Et ce pauvre Pascal Jardin, dont le seul ratage est son fils, Alexandre.
    Enfin, merde, David, me dis pas qu’y a encore des gens pour regarder ces machins.

    « -Bin y a nous déjà, ma couille .Chaque fois que ça repasse .Et même quand ça repasse pas, grâce aux dévédés. Allez, connasse, avoue que tu adores ça nos petites soirées Angélique-Champagne rosé-Fraises au sucre ! Plus Tapiole,c'est pas possible ! Ou alors faut mater la série en robe de brocard d'or et perruque blond Vénitien !
    Mais au fait, on n’était pas partis pour dire du mal ce soir ?

    « - T’as raison, mais qu’est ce que tu veux, on est trop bons comme garçons. Tu verras que ça finira par nous nuire tant de genetillesse

     

  • " Almeria mon amour "


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    « - Tu peux le Croire toi ? Bien sur que tu peux le croire. C’est un pédé qui m’a appris à être une femme.Et pas uniquement dans le coté « Jolie Madame », tu vois. L’apprêt, la manière de se coiffer, de se farder, de se vêtir, de se tenir ; le maintien, tout ça !
    Il m’a appris à découvrir ces riens qui font qu’une femme est une femme avec l’envie d’être encore plus une femme.


    Le trouble par exemple. L’envie de se troubler, de se laisser troubler. L’abandon, le don.
    Ne plus se retenir.
    Le plaisir de se laisser envahir.
    L’impudeur…


    On décrit toujours les femmes comme des créatures pudiques. Ce n’est pas vrai, les femmes ne sont pas pudiques ; elles savent très bien faire reculer les limites de la pudeur. Elles ne craignent pas de mettre des mots sur leurs émois. Pas plus que d'avoir d'autres vies ,pleins de vies.

    Le coeur fou bovaryse au travers des romans,des images.


    Des musiques aussi.


    Des couleurs.


    Les jaunes francs de Van Gogh,le bleu monochrome d'Yves Klein ,les rouges passés presqu'impressionistes de Corot.


    Elles ont des tableaux plein la tête,les femmes.


    Et des fantasmes.
    Des fantasmes qu’elles réalisent d’ailleurs.
    Elles possèdent une connaissance spontanée de l’inconscient. Apelle ça l’instinct féminin si tu veux.


    Elles savent se servir de leurs failles, de leurs déséquilibres, de leurs faiblesses. Elles sont frontales les femmes, tu sais.
    Elles ne sont jamais unies, une. Vous les hommes, et les gays autant que les autres, êtes plus, comment dirais je ? Monolithiques ? Evidents ? Simplistes ?
    Les femmes ont du pouvoir mais à la différence des hommes elles ne se sentent pas obligées d’en abuser, ni d’imposer les choses.

    Maintenant, je suppose qu’une seule question te taraude.
    Le Français me baisait il ? Et si oui, me baisait il bien ?

    Oui et non !


    Il faisait ce qu’il pouvait le pauvre.

    Note qu’avant lui, si je savais pertinemment posséder un clitoris, j’aurais été bien en peine de le trouver.


    Du reste, mon mari aussi l’a cherché longtemps. »


    J'avais beau me dire que les histoires de cul que Marissa me narrait n'étaient , au fond , que des contes de vieille salingue s'amusant de la supposée candeur de celui qu’elle regardait comme un gamin bien moins aguerri qu'il ne le claironnait ; il m'arrivait encore d être troublé par l'émotion sincère colorant , par moments, sa voix altérée de tabac et d’alcool ; cette grande ombre janthine venue obscurcir son regard comme un drapé retombe sur le contre jour blanc d'une fenêtre ; ce sang pale affluant avec la fugacité d'un reflet de lune sur une pierre sacrificielle à la pulpe cireuse de ses joues.

    Jouait-elle avec moi, à défaut de se jouer de moi ?

    Jusqu'à quel point et selon quelles règles ?

    « - A la mort de mon père, j’ai vendu à peu près tout ce que je possédais en Amérique, puis nous sommes partis.

    En Europe d’abord, en Afrique ensuite.
    Aux contreforts du Riff ; là ou la Méditerranée épouse l'Atlantique.
    Tanger. Tu connais Tanger, bien sur.
    C’est là que nous avons commencé à jouer à des jeux dangereux.
    A l’époque, l’homosexualité était très mal vue et même pénalisée à peu près partout. Beaucoup de gays fortunés épousaient de jolies femmes qu’ils utilisaient comme une sorte de façade sociale, mais également, dans bien des cas, comme des appâts.
    Des pièges à cons, des pièges à queues.

    La femme au bout de l’hameçon, le mari ferrait la prise que l’un et l’autre se partageaient ensuite comme il se doit au sein de toute union fondée sur la communauté réduite aux acquêts.
    Notre couple s’est bien divertit à ses manigances, sauf que dans ce cas précis, l’homme riche, c’était moi.

    Les yeux des Marocains, si difficiles à relever, s'enflammaient lorsque je passais, voilée de transparences. Des petits groupes de jeunes hommes me suivaient de loin dans le dédale du grand Socco. Je les aguichais d'un sourire, d'un mouvement rond du bras, la main en étoile sur la hanche, les reins creusés je basculais mon ombrelle vers l’épaule pour laisser le soleil jouer dans mes cheveux blonds.
    Les mômes se laissaient prendre à leurs reflets dorés comme des alouettes aux feux d'un miroir.


    La suite n'était qu'un jeu de rôles assez banal en sommes.

    Tu as déjà baisé avec un arabe, au fait ? »

    « -Jamais.
    « - Pourquoi, tu es raciste ?
    « -Mais non, arrêtes un peu ! L’occasion ne c'est jamais présentée, voila tout !

    « -Tu n’as pas perdu grand chose ! Des grosses bites, mais bourrines. Ca te tire pendant des heures sans la moindre imagination. Non, franchement, quelle déception !
    En revanche les Espagnols ! Ah, les Espagnols!

    Tu as entendu parler d’Almeria ?

    C’était l’Ancienne capitale économique du Califat de Cordoue. Ca se situe au bord de la côte Andalouse, coincé entre mer et désert.


    A la fin des années 60, Almeria était une sorte d'Hollywood sur Méditerranée ou les grosses productions internationales bénéficiaient, en plus de décors naturels superbes, de conditions économiques défiant toute concurrence.
    Entre les prises de vue du " Shalako " d'Edward Dmytryk,la reine Bardot, magnifique et débraillée, aimait à y promener ses grâces patchouli et ses jupons flottants. Michèle Mercier, votre increvable Angélique, y retrouvait son Peyrac /Hossein pour un improbable western spaghetti-paëlla-cassoulet, intitulé "Une corde et un colt ". Face à Rodrigue/Charlton Heston, Sophia Loren avait les yeux de Chimène.
    Sur les Ramblas qui, des hauteurs de la ville dévalaient vers la plage de sable noir de l'Alma Drabillas, on croisait le soir et la fraicheur venus, la beauté violente comme un appel au crime d'une Claudia Cardinale dont la voix évoquait un éboulis de cailloux dans un oued Tunisien à sec.


    Et puis il y avait Ava, venue en voisine, Ava le plus bel animal du monde, qui dansait dans les Night Clubs du port, pieds nus comme la paysanne de Caroline du Nord qu’elle était restée

    Attirée par la présence des beautifuls peoples, tel un essaim grouillant de guêpes par un rayon de miel, la horde Fellinienne des courtisans et des prédateurs déferlait sur la ville.


    C’était toujours la même cour des miracles crasseuse et bariolée, de putains fragiles aux yeux fanés, de gigolos aux allures meurtrières de squales, de dandies androgynes et de pourvoyeurs d'illusions que l'on retrouve partout au monde dans le sillage de la gloire.


    A la suite d'un caravansérail de vieillards dont les traits figés dans le bronze de leurs fards évoquaient les masques mortuaires de la Haute Egypte que nous avions connus à Tanger, mon mari et moi avons suivi le flot des Hébreux vers la terre promise.
    Lassés des palaces, nous avions loué, dans les collines, une grande villa d'inspiration Mauresque perdue au fond d'un jardin tropical bourdonnant et fleuri.
    C’est sans doute là que j’ai vécu les moments les plus heureux de ma vie.


    Enfin, heureux, peut être pas.
    Au moins paisibles.

    Nous étions attentifs l'un à l’autre. Nous touchions du piano à quatre mains. Nous discourions des heures de poésie ou de psychanalyse.
    C’est sans doute ce à quoi ressemble la vie.
    La vie des gens, je veux dire. Les vrais gens.

    Puis nous avons connu Tatiana. Celle que ta mère appelle la « Pute de Riga », quoi qu’à y réfléchir je ne sais laquelle est la plus pute des deux,Tatiana qui s'enorgueillissait de pouvoir fournir n'importe quoi à n'importe qui, pourvu qu’on y mit le prix.
    Nous nous sommes liées d’amitié, elle et moi, au point que mon mari en prit ombrage.
    On s’amusait comme des folles toutes les deux. On riait d’un rien, on osait tout.

    J’avais enfin quinze ans.

    Fine mouche, Tatiana détourna la ire de mon plus tant que ça époux en lui adressant un bouquet, non pas de roses jaunes, mais de solides pêcheurs parfumés à la marée, à l'oignon frais et au Condado de Huelva, ce rouge ordinaire que l'on servait dans les tavernes.


    C'est grace à Tatiana que j’ai rencontré le seul véritable amour de ma vie, la fée cocaïne.

    Sous l'emprise de la drogue, j’oubliais mes terreurs et mes démons. Je devenais, enfin, humaine. Je me dégelais, me décoiffais, me démaquillais. Je troquais mes satins givrés contre des jeans délavés et des T-shirts coupés au dessus du nombril. Je bronzais les seins nus aux commandes d'un Riva d'acajou que je lançais à travers la baie à la poursuite de la flèche d'argent que traçait au ras des flots l’échine des marsouins. Je croquais la vie comme on croque dans un fruit d’été, sans se préoccuper du jus qui macule le menton. La Candy C me donnait un air de santé éclatant.


    Alarmé par ce changement dont il devinait la cause, le Français tenta de me rattraper sur la pente ou je glissais. Il fut prié, gentiment, d'aller se faire enculer et pour que la chose soit bien certaine on lui fournit autant de gigues qu’il pouvait en consommer.


    Il c’est d’ailleurs barré avec l’un d’eux.
    Un Italien.


    Je l’ai revu des années plus tard à Rome. Son mec l’avait détruit physiquement et mentalement. Il était malade, accro au Brown sugar, quasiment miséreux. Nous étions toujours mariés pourtant jamais il ne m’avait demandé quoi que ce soit.
    J’ai voulu l’aider, bien sur mais il a refusé. Je crois qu’il prenait du plaisir à sa déchéance.
    Le stade ultime du masochisme.


    Il est mort peu après.


    Donc me voilà veuve.
    Et joyeuse! Let’s go to « Maxim’s ».


    Mais au fait, c’était quoi ta question au début ?
    Pourquoi j’aime tant les pédés ?

     


     


     

     

     


     

     

     

     



     

     

  • " Folle à Tuer "

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    Marissa séjourne à Paris pour toute une semaine.

     

     

     

    Je dois passer la soirée - la nuit devrais je écrire car nous ne serons certainement pas couchés avant potron-minet - en sa compagnie et celle de David .

     



    Bien que je n'ais pas la plus pauvre idée du programme des réjouissances,j'en rougis par anticipation.

    Va nous mettre une honte grosse comme le Ritz , l'Amerloque !

    Car Marissa est folle.

    Folle à lier.


    Folle à enfermer.

    Folle à tuer.

    Folle à ouvrir son corsage en plein salon de thé afin de vous faire admirer ses somptueux nouveaux nibars : « Touche, sweety pie. Ce sont des amazing mousses Japonais. Juste comme des vrais, n’est ce pas ? »

    Folle à s’atteler au sortir d’une nuit enneigée, à la benne d’un camion- poubelle et à faire en cet équipage, trois fois le tour de l’Etoile.

    Folle à coincer la tête d’une rivale dans la cuvette des toilettes d’un restaurant de prestige et à tirer plusieurs fois la chasse d’eau.

    Folle à conduire une décapotable à tombeau ouvert sur la route infernale qui, de Muholland déboule en cataractes de lacets jusqu’à Coldwater Canyon, tandis qu’elle dégomme à coups de « Smith & Wesson-Lady Smith » les lumières de Los Angeles qu’elle prend ,dans son délire éthylico-narcotique ,pour les yeux jaunes-orangés de chacals enragés.

    Folle à porter des manteaux de loutre par trente cinq degrès ,des lunettes de soleil à minuit,des capelines de gaze sous la pluie.

    Folle à organiser des bals règence sur des plages de schistes volcaniques, des pique niques de caviar et de langoustes dans les ruines de la forteresse El Alcazaba, au Sud de l'Espagne .

    Folle à claquer des millions pour les beaux yeux d'une intrigante se prètendant princesse russe ,alors que nul n'ignore que la soi disant Altesse sort d'un bordel de Riga

    Folle à coucher avec un homme parce qu’elle le trouve effroyablement laid, quasiment monstrueux et que ça l’excite.

    Folle à tomber amoureuse folle d’une folle et à s’en faire épouser.

    Cependant, Marissa est de toutes les amies de ma mère –en règle générale un ramassis de putains vipérines et maniérées, mariées à des cocus magnifiques et richissimes- la seule pour laquelle j’éprouve de la sympathie, voire même une certaine affection.

    Je ne sais pas du tout quel âge ce danger public peut bien avoir car elle fait partie de ces privilégiées dont le plasti-magicien réalise des miracles. Selon la diffusion de la lumière et le maquillage qu’elles porte, Marissa, dans ses bons jours,parait à peine aborder le versant roussoyant d’une trentaine épanouie.

    Ma mère, toujours bonne copine, prétend que Marisa est plus vielle que Catherine Debeuve et sans doute, pour une fois, dit elle la vérité, puisque notre Américaine épousa sa pédale au milieu des années Soixante.

    Issue d'une vieille famille de Philadelphie aussi fêlée que la seconde « Liberty Bell » dont Les membres fondateurs prétendaient avoir financé la fonte; Marissa étudia la linguistique au sein du prestigieux Pembroke collège de l’université de Brown.

    Elle y coula des jours studieux face à l'immense baie de Narragansett et ses îles pareilles à des monstres échoués; des jours mondains,courtisée qu'elle était par la bonne société de Rhodes Island; des jours de régates et de parties de tennis, de randonnées et de baignades improvisées dont elle percevait encore à travers la brume des années enfuies, a peine engourdi, comme bercée d'une bienheureuse indulgence, le joyeux tintamarre .

    Agée de tout juste vingt ans à l’époque, cette vierge professionnelle fuyait pourtant la compagnie intime des hommes comme elle eut fuit la peste noire ; se déguisait en quakeresse afin de dissimuler aux appétits des chiens et des loups, une beauté nerveuse et racée qu'elle portait comme un cilice.

    C'était ne pas compter sur les yeux affutés d’un Frenchy, assistant au département des langues étrangères ; lesquels yeux, bien qu'aimantés par des charmes d'une toute autre nature, savaient reconnaitre un Modigliani fut il chancit et rayé.

    Intrigué par cette étrange personne, dont il humait les déviances avec un flair de braque, ce bel homme, pédé notoire et assumé, entreprit de la pêcher, telle une carpe d'or dans un trou de rocher.

    Au bout de quelques semaines d'intimité bavarde, il n'ignorait plus rien de son dégout de la chair; de la sienne propre moins encore que celle des autres,  de cette obsession dangereuse d'un idéal désincarné qui la consumait jusqu'à l'hébétude.


    De son coté, il ne lui cacha rien de ses turpitudes.

    New York, cette « ville debout », venteuse et saline lui communiquait, disait il, sa détermination océane et houleuse ainsi qu'une furieuse envie de baiser.

    Par bonheur, les lieux destinés aux homos foisonnaient au cœur de l'East Village.


    Dans les bars de Christopher street, aux noms évocateurs ; tels « The Leather Man » ou « The Cockring »; des hommes à la poitrine en barrique, aux torses suants, dansaient à demi nus, mêlaient leurs langues et leurs bouches velues, s'aspergeaient mutuellement de bière tiède qu'ils léchaient en rigoles de la pointe des seins jusqu' au creux du nombril.

    Plus au sud, vers les docks, un gigantesque entrepôt pour camions et semis constituait le plus vaste et le plus dangereux baisodrome de la ville.


    Le Français avouait, sans fausse honte, y avoir passé des heures à se faire

    défoncer entre deux monstres d’acier, par des garçons dont il ne voulait connaitre que les haleines mourantes sur son cou.

    L’homme évoquait cet enfer comme il eut dépeint un Disneyland d'orge et de pastels.


    Il magnifiait ces aubes blanches levant sur l'étain de l'Hudson River , alors qu’ il rejoignait son hôtel , ivre de fatigue et de foutre , les jambes trempées d'une pisse qui n'était pas la sienne ; un reste de joint lui brulant les doigts ; l'âme tellement souillée que toute rédemption devenait impossible .

    Etrangement, les récits dont il maculait leur amitié naissante,semblaient fasciner Marissa. Elle s'inquiétait des détails les plus sordides. Elle poussait le Français dans ses derniers retranchements afin qu'il avoua l’inavouable. Ces festins d’immondices la laissaient dolente, apaisée, la peau cireuse et l'œil creusé de mauve.


    Bientôt, elle exigea d'accompagner son nouvel ami dans ses tribulations New yorkaises.


    Il y consentit à condition qu'elle se laissât transformer.

    Des mains du Pygmalion naquit une femme androgyne, théâtralement fatale qui ne consentait à porter que du blanc, du noir et l’or servile des barbares.

    Elle s'aimât un peu dans cet apparat.

    Lui, l'aurait voulue chaque soir différente, polymorphe, polychrome, femme réinventée, détournée, déviée ; somptueux rêve de folle perdue.

    Passionnément, il lui composait des visages, des silhouettes, des personnages.


    Parfois, nuque rasée, l'œil noyé de khôl, la bouche vermillon en smoking Saint Laurent, elle incarnait les flamboyantes garçonnes des rugissantes années 20.


    Parfois le cheveux flou , les paupières argentées sous des sourcils en forme d'oiseau lyre , les joues mâchurées d'un rose que même Schiaparelli eût trouvé " schocking, en étole d'hermine et fuseau nacré , jusqu'aux genoux bottée de Cordoue blanc,elle évoquait la Marlène équivoque des fantasmes russes de Von Sternberg .

    Elle le laissait s'amuser, indifférente comme une poupée que l'on berce.

    Très vite, ils parurent dans le monde ou leur duo connut le succès d'une attraction de Music hall ; lui long Lys éclatant au charme continental coupé d'arsenic ;elle aussi froide, étincelante et tranchante qu’une dague Japonaise.

    L’Amérique aime les monstres, lorsqu'elle ne les crée pas, aussi furent ils fêtés dans des fastes princiers ; la fortune personnelle de Marissa assurant les inévitables retours d’ascenseur.

    Ils se marièrent au printemps suivant.

    Lui par strict intérêt financier.

    Elle par folie amoureuse.