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gay - Page 4

  • " Double pénétration."

    ZZZVANIA-14-02-09.jpgJ’ignore ce qu’il m’arrive ces temps derniers mais les garçons s’agglutinent autour de moi ainsi que des mouches cantharides sur un étron bien frais.
    Peut être devrais je changer de parfum.
    Je n’ai pourtant pas embelli, au contraire. Les fatigues consécutives à ma récente cabriole, puis les excès en tous genres depuis ma guérison ne m’ont pas arrangé, c’est le moins qu’on puisse dire.

    Je ne suis pas davantage en attente, ni en demande.
    Je n’exhale pas à ma connaissance, ces troubles phéromones à l’aura hypnotique qui indiquent au prédateur la disponibilité d’une proie.
    Du reste la rengaine demeure la même depuis l’éternité des jours ; lorsque vous êtes seul, personne ne vous convoite ; en revanche, lorsque vous êtes accompagné vous devenez, comme par enchantement l’obscur objet du désir général.
    Pourquoi ? Mystère et boulles de conne.

    Notez que je ne m’en plains pas puisqu’au cas où quelque Goito ne l’aurait pas remarqué, j’aime plaire autant que je m’attache à déplaire.
    Je me donne, ainsi, un mal de tous les diables pour dans la même phrase, le même regard ou le même sourire, parvenir à séduire et à agacer tout à la fois.

    Papa m’appelle « Kate », par référence à l’actrice Américaine Katherine Hepburn (aucun lien de parenté avec Audrey comme le suggérait cette pédale honteuse de Cary Grant) c’est dire si j’excelle dans cet exercice.


    Cependant, il arrive que je tombe sur un os, un garçon plus futé et plus sarcastique que je ne le suis moi-même.
    Car aussi improbable que cela puisse paraître cette engeance existe bel et bien.
    Certes, ces êtres d’exception ne sont pas très nombreux, toutefois, la présence d’un seul d’entre eux dans mon environnement immédiat suffit à me désobliger.
    J’ai cela en commun avec ma mère, et cela uniquement, Dieu en soit loué.
    Je ne supporte pas de ne pas être la reine du bal.

    Ainsi, hier soir, ou plutôt cette nuit, tandis que, telle la groupie du pianiste chère à France Gall – Souvenez vous , cette chanteuse qui passa des sucettes à l’anis au bâton de Berger - , j’attendais affalé contre l’angle du rade, l’esprit engorgé de scénarii crapuleux, qu’Andrea termine son service pour l’accompagner jouer à « Ride with the devil » dans son nid de bite aux moiteurs Africaines, j’eus la surprise de me voir aborder par un monsieur d’une belle quarantaine d’années à la moustache fringante, à la brosse martiale , et aux allures de dernier Kaiser.
    Un vieux beau, encore pas mal, ne doutant pas à l’évidence de sa bonne fortune, à moins qu’il ne m’eut pris pour un gigolpince en quête de picaillon.
    Il m’approcha de manière on ne peut plus classique, frétillant du zob, l’œil bleu de Prusse luisant de concupiscence, le sourire tout en canines.

    « - Bonsoir futur mari !

    Et ta sœur, elle bat le beurre à la paluche dans la culotte du zouave de l’Alma ?

    Je grimaçais un sourire de traviole, ni engageant ni particulièrement réprobateur.

    « - Tout suite des mots d’amour !

    Mon enthousiasme mitigé « cochon –dinde », ne le décourageant pas il enchaina en mode embobelineur.

    « - Tu es très charmant.
    « - Je sais ! répliquais-je, avec toute l’exquise modestie, la candeur bonhomme, qui me caractérisent.
    « - Tsss, il le sait en plus qu’il est « cute » ! chuinta le chonchon, un chouia chambreur.

    Plus hautain que le prince de Mes deuze lors d’une Garden party chez Lizzie la reine du bibi fricotant, je le dévisageais non sans une certaine arrogance.

    « - Figure-toi que mes miroirs ne sont pas en contre-plaqué. Et quand bien même le seraient ils, il me resterait toujours les yeux des garçons pour me rappeler, qu’effectivement, j’ai un beau « cute ».
    « - Je n’en doute pas, mon joli. Tu me parais en forme en tout cas. Comment vas-tu ? s’enquit il, toujours aimable.
    « -Très bien merci. Et toi ?

    De la main, il fit signe à un Andrea, franchement amusé, de remplir nos verres.

    « - J'ai passé deux semaines un peu dures. Tout a mal commencé par une angine, et s'est très mal terminé avec la mort d'un ami...mais ça va mieux!

    Certes, surtout pour le mort !

    « - Je suis sincèrement désolé !dis je sans la moindre conviction, ni la moindre sincérité.

    D’un geste vague il me signifia qu’il se fichait de mes condoléance comme de sa première chibouque.

    « - C'était un sacré rigolo. Déjà il est mort dans son sommeil. Par surprise. On a tous cru que c'était sa dernière blague, mais futé comme il était il s'est débrouillé pour nous en faire encore une. Arrivés au cimetière Mercredi, les fossoyeurs avaient oublié de creuser la tombe! Du coup on l'a mis dans la fosse commune en attendant. Il sera finalement ré-enterré Lundi !

    Andrea posa les verres devant nous tout en m’adressant une petite grimace complice dont la cabouleuse locataire nocturne de mon corps depuis qu’on me laissait sortir sans chaperon décrypta sans mal le sens caché.
    Pousse à la consommation, baby, tu seras payé au bouchon.
    Me revinrent en mémoire les conseils que me donnait Walter, le mari de la femme de mon père, du temps où j’étais aussi naïf qu’une hirondelle de Dubillard

    « - Vous êtes très connes les tapettes actuelles, constatait il, navré. De mon temps c’était autre chose! On savait michetoner crois moi ! Il suffisait de balancer au clille un petit regard en coin ; un petit regard qui « voudrait-bien-mais-ne peut-point » pour qu’il tombe des roteuses comme Mars en Carême. Aujourd’hui vous vous faites sauter pour le prix d’une conso. Résultat des courses, le métier se barre en sucette ! Tout ça pour te dire que si tu veux boire à l’œil il va falloir faire ronfler le comptoir, et donc offrir du rêve .Il va falloir me les travailler au corps ces grosses tapiolasses pleines de monnaie ; me les vamper façon Ava Gardner dans les séries noires de la Métro ; l’ essentiel étant de leur laisser croire que tu pourrais très facilement basculer dans leurs lits, alors même qu’il t’est bien entendu, déconseillé de coucher avec eux. La subtilité tient dans le fait de parvenir à changer ces baltringues en torches vivantes sans jamais leur donner autre chose que de grandes espérances ; car, vois tu, lorsqu’un péquin a couché avec toi, tu ne l’intéresses plus, tandis que s’il se languit de coucher avec toi il multipliera à plaisirs ces petites attentions charmantes qui font que, peut être, un jour tu lui céderas. »

    David et moi étions très vite devenus des experts à ce petit jeu d’autant plus malsain que l’un comme l’autre avions largement les moyens de payer nos verres et bouteilles.
    Mais l’on n’est pas sérieux lorsqu’on a dix sept ans.
    Nous parions à celui qui se ferait inviter le plus. Il nous arrivait certains soirs d'avoir jusqu'à trente verres disséminés sur les comptoirs et dans les salles ; de quoi tomber à la renverse en moins d'une demi-heure. Nous contournions le problème avec des souplesses de marlous et des ruses de vieilles effeuilleuses. L'astuce était simple ; torses nus, le premier bouton du jean dégrafé pour détourner l'attention du chaland ; nous acceptions la boisson, y trempions nos lèvres pour la forme, discutions deux minutes le verre bien calé au creux de la paume afin d’en dissimuler la ligne de flottaison, puis prétextant une excuse quelconque, nous filions vers une autre table ou vers un autre comptoir pour y recommencer le même manège. Généralement l'alcool finissait dans l'évier ou dans des jarres planquées dans les coins sombres des salles à cet effet. Bref, nous ne risquions pas de choper une cirrhose ou une interdiction bancaire.


    Ainsi, en souvenir de cette époque insouciante, je fis l’effort de m’intéresser aux histoires de cadavre voyageur que l’on me narrait bien qu’elles me parussent un tantinet halogènes dans le contexte d’un bar gay ou des pintades hallucinées se déhanchaient au rythme d’une pop acidulée.

    « - Il est mort de quoi, ton pote ?

    L’antiquaille se hissa souplement sur le tabouret voisin de celui que j’occupais.

    « - C'était un garçon qui avait un sens de l'humour très acéré! Il est mort d'un cancer.

    Effectivement ça doit être désopilant d’avoir un Cancer ! Vivement que j’en chope un, histoire de me gondoler à Villejuif.

    Sans aucun esprit de provocation je levais mon verre à la santé du mort, si je puis me permettre une métaphore macabre.

    « - Qu’il repose en paix !
    « - Mémoire éternelle. Bon, à part ces considérations funèbres, quelles nouvelles? Personnellement, j’ai regardé à la télévision l'émission sur l'enfant du temple, Naundorff, Richemont et les autres faux Dauphins.

    Ne connaissant que les dauphins du « Grand bleu » dont je doutais qu’ils fussent faux, j’affichais l’air de finesse de celui qui n’a rien compris au film mais entend l’expliquer aux autres.

    « - J’'ai combattu ces vagues étoiles de la grande Ourse qui dans une brume rouge /vodka, m'interdisant la plus pauvre pensée ; dis-je, un peu ivre donc vaguement poète.

    « - Voilà qui est joliment décrit ; s’exclama mon interlocuteur dans ce qui me sembla être un éclair de moquerie.

    Je le toisais, aussi pédant que pédale.

    « - Ca ne te rappelle rien ? " Vaghe Stelle dell'Orsa " ? Un film, par exemple.
    « - Je n'ai aucune culture cinématographique italienne, et d'ailleurs je n'ai aucune culture cinématographique tout court; admit il sans chercher à se faire passer pour l’imbécile qu’il n’était sans doute pas.

    Enchanté de pouvoir étaler mon savoir, j’enchainais à plaisir.

    « - " Vaghe Stelle dell'Orsa " est un vers de Giacomo Leopardi que Luca Visconti a reprit comme titre de l’un de ses films avec Claudia Cardinale et Jean Sorel, un film baptisé en français " SANDRA" et dont l'action se situe, pour la plus grande partie, dans la lumière étrusque de Volterra. Une histoire d’inceste.
    « - Je vais surveiller le "cinéma de minuit". Et en dehors de la grande Ourse, que me racontes-tu de beau ? demanda t il, pas impressionné du tout par l’étendue de mon savoir.
    « -Rien je fane dans le banal, je frisotte dans le médiocre, j'attends un rêve trop grand pour moi et qui se jetterai dans la mer, confessais je en proie à une crise de franchise aussi subite qu’incongrue.

    « - Peut-on savoir quel serait ce rêve ? glissa t-il en se rapprochant davantage.

    Je reculais, immédiatement mon siège.

    « - Celui de toutes les filles perdues aux cheveux gras, J'attends l'amoooouuuur !

    D’un regard dans lequel l’ironie le disputait à l’intérêt, pépère bigla mon crâne fraichement tondu luisant sous les néons de couleurs tel un œuf Fabergé dans une vitrine de joailler.

    « - Aux cheveux gras, vraiment ? Je te prêterais ma relique de Sainte Rita, patronne des causes désespérées ….. Elle ressemble à une rognure d’ongle collée sur un minuscule losange, et se trouve contenue dans un reliquaire qui porte le sceau de l'évêque au dos. Cependant ton rêve n'a rien d'impossible. Par contre obliger ton amant à se jeter depuis une falaise dans la mer, est peut être une clause handicapante, non ?
    « - Mes rêves se jettent dans la mer, mes amants, eux, se jettent sur mon corps !
    « - Serait ce une invite ? A tout hasard puisque cela semble t’intéresser, je me prénomme Jean-Loup avec un « P » à la fin du loup ! Comme l’animal !

    Je fis tinter les glaçons dans mon verre vide afin que mon interlocuteur pige la nécessité de commander une autre tournée s’il désirait que la conversation se poursuive.

    « - Je crains que mes dents de lait ne s’effraient de tes dents de loup.

    Ignorant à dessein l’appel surtaxé du bois-sans-soif, il pencha vers moi un visage d’un sérieux redoutable.

    « - Je pense que se serait à moi d'avoir peur.
    « - Je ne vois pas pourquoi. Que je ne te veuille pas de bien ne signifie pas que je te veuille du mal ; susurrais je aussi suave que les parfums de la roseraie de Bagatelle
    « - L'enfer est pavé de bonnes intentions, et les gentils ne le sont jamais véritablement .Mais tu ne peux pas le savoir, tu es encore tout poussinou ; cingla-t-il dans un sifflement d’une cravache.

    Pour le coup, il se foutait bougrement de ma gueule.

    « - Certes, J’aime bien l’idée d’être encore adulescent, souscris je, plus onctueux que jatte de crème.
    « - Profites-en pendant que c'est encore possible, bientôt il faudra que tu bascules dans le terrible monde des adultes-adultes, conseilla t –il, non sans amertume.
    « - Je doute que cela m'arrive de sitôt ! m’écriais-je dans un éclat de fanfare Brandebourgeoise.

    Agacé par tant de gamineries, le chonchon réprouva un mouvement d’humeur.

    « - Ce n'est pas quelque chose qui "va t'arriver", c'est quelque chose que tu dois décider de toi-même!
    « - Alors ça ne m’arrivera jamais, m’obstinais-je dans une moue de petit garçon contrarié.

    Mes gasconnades eurent l’heur de le faire marrer.

    « - Je crains que dans ton cas, ça ne soit pathologique, quand même...
    « - Nous verrons bien !
    « -TU verras bien, MOI, je ne sais pas ce que je verrai de tout ça...Apparemment tu ne semble pas très intéressé par le fait de me connaitre ; conclut-il, soudain plus glacé qu’un cœur de banquise.

    Je jouais les idiotes à la perfection puisqu’à l’évidence je n’endossais pas là un rôle de composition.

    « -C’est mon mail que tu cherches à me soutirer? Mon MSN ?

    Que je le prenne aussi ostensiblement pour un faisan le fit renauder vilain.

    « - Qu'est ce que tu veux que je fasse d’un mail? Tu ne veux pas me laisser aussi ta latitude et longitude ou tes coordonnées polaires, que je t'envoie un message en signaux de fumée ou bien en sémaphore??? Non mais sans rire... Moi je te donne le tirage du loto 06 22 xx xx xx. Fais en ce qu'il te plaira!

    « -Quelle hargne, quelle grogne, quelle rogne ! raillais je provocant en diable.

    « - Note bien les numéros gagnants quand même, au cas où...
    «- Inutile j’ai déjà joué.
    « - A quelle heure a lieu le tirage ?
    « - Dés que le Patron/barman aura terminé son service.
    « -C’est du joli ! Sais tu qu’on l’accuse de monnayer ses faveurs ; ajouta t-il mesquin après un silence lourd d’orages contenus.

    « - Hélas, passé un certain âge, plus personne ne baise gratis à Paris.
    « - Je ne sais pas, je ne baise pas, je suis vierge.
    « Je le suis également ! Ascendant pouffiasse !
    « -J’avais bien vu le coté pouffiasse.
    « -A force de me l’entendre dire, je vais finir par me convertir.
    « - A quoi, à la sodomie ?
    « - A tout! Quitte à passer pour une salope, je vais faire la totale: Fist, uro, scato. Allez, par ici le vice!

    L’expression de son visage n’était plus à l’affabilité mais au mépris.

    « - Il me semble que je me sois trompé sur ton compte. Les halls de gares, ce n’est franchement pas ma came.
    « - Pourquoi ? Tu t’y sens perdu ?
    « - Et toi, il faut te déballer sa queue pour que tu daignes montrer de l’intérêt ?
    Mais c’es qu’il commençait à me courir sur le haricot l’Oberfurher de mes valseuses.

    « -Jusque là tu étais simplement ennuyeux, voici que tu deviens vulgaire ! grinçais-je telle une vieille poulie mal huilée.

    Il se dressa sur ses ergots, la moustache soudain hirsute, me toisa méchamment de toute sa hauteur.

    « - Moué ! Et bien, vas donc retrouver des gens plus intéressants puisque tu es si malin. Finalement les garçons dans ton genre ne font envie que physiquement .Apparemment; la simplicité et le naturel sont des qualités que tu n'as pas encore acquises. A ton âge, car je suppose que tu n’as plus vingt ans, ni même trente, c’est déplorable, limite pathétique ! Bonne continuation tout de même ..."

    Sur ces belles paroles, il me planta là et quitta le bar.

    Andrea se gondola comme un bossu lorsque, outré, je lui rapportais l’anecdote.

    « - Tu baisses, ma pauvre fille, tu baisses ! Fut un temps tu m’aurais tiré au moins trois roteuses de cet Arnolphe, tandis que là, deux malheureux verres ….Et en plus il t’a laissé le ticket. Décidément, les caves se rebiffent au jour d’aujourd’hui.

    Et c’est ainsi, mes chers amis, que la nuit dernière « Mauvaise . Graine » se fit baiser deux fois de suite.

  • « Ringkampf »

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    Andrea devint songeur au cours du déjeuner que nous partageâmes hier midi.
    Je m’abstins de lui demander à quoi ou à qui il pensait puisque de toute manière il ne me l’aurait pas dit.
    Du reste, les états d’âmes d’Andrea, à supposer qu’il en ait, m’intéressent assez peu.

    Andrea est un garçon secret dont les secrets s’étalent sur la place publique lorsqu’ils ne brandillent pas de rédaction en rédactions jusqu’aux colonnes des échotiers.
    Non qu’Andrea soit quelqu’un d’important.
    Il serait même une personne tout à fait falote s’il ne s’était attiré les faveurs de quelques personnalités de la politique et du show bizz.

    En Autriche ou il a vécu quelques temps, il s’est trouvé mêlé à un scandale national sur fond de ballets bleus, d’usage de blanche, de croix gammées, de résurgence de l'ordre de Thulé et de trafic d’influences.

    Je me souviens très bien de cette époque.

    J'habitais encore Rome.

    Chaque matin, en allant au bureau j’achetais le « Kruner » ou « Der Standard » au kiosque à journaux de Trinita dei Monti et m’en faisais traduire les passages intéressant par ma collègue Gia , une honnête et paisible mère de famille , catholique , bien pensante et atrocement médisante, atterrée autant qu'alléchée par des turpitudes dont elle ne comprenait pas qu’elles puissent m’intéresser à ce point .

    La vie politique Autrichienne, peu commentée en France, se révèle extrêmement riche en scandales de tous genres. Chaque parti, du plus conservateur au plus libéral, se trouve régulièrement au centre d’affaires, parfois cocasses, parfois dramatiques, toujours affligeantes.

    Népotisme, copinage aggravé, pots de vin, détournements, espionnage, affaires à caractère sexuel tissent, au pays de Strauss et de Romy, une sorte de contre-éthique que l’on regarde comme parfaitement naturelle au point que le débat public y est qualifié de « Ringkampf », c'est-à-dire combat de catch.

    Ainsi le protecteur et amant d’Andrea, membre du gouvernement Schlüssel, se vit il accuser, outre d’entretenir une liaison homosexuelle, pimentée selon certaines sources d’orgies sadomasochistes auxquelles participeraient des mineurs, mais aussi de sympathies néo-nazies et de coalition ayant entrainé des détournements de fonds estimés à plus de trois milliards.

    Durant six mois, comme vous l’imaginez, la presse s’en donna à cœur joie.

    Il n’était question que de penthouses New-Yorkais, de villas toscanes et de lofts azuréens ; de séjours paradisiaques sur des atolls privés aux Caraïbes, d’appartements loués à l'année dans des palaces de Sun City ou de Cap Town, d’avions particuliers affrétés le temps d’une soirée, histoire d’aller déguster ,en amoureux, une soupe d’orge aux cèpes et aux truffes chez « Armando » au pied du panthéon, d’océan de cocaïne et de minets flagellés aux accents martiaux de «Ein heller und ein Batzen », aimable bluette plus connue en nos vertes contrées sous le titre de « Heidi, Heido, Heida, La La La La La », dont les vertus aphrodisiaques ,sans doute fort efficientes sur des bedaines à bière , m’échappent complètement.

    Andrea, dans la ligne de mire, se vit attribuer une biographie plus ou moins fantaisiste qui d’adorable gigolo mondain, certes un peu voyou aux entournures, le transformait en suppôt des enfers, grand organisateur de partouzes bisexuelles à l’intention de la jet-set Française, pourvoyeur en chef de substances illicites pour le compte de cette même élite et gloire tricolore du « X » gay.

    Certes Andrea avait bien participé à une scène insignifiante dans un porno qui ne l’était pas moins, mais lui attribuer 400 films en trois ans ,dont certains à la limite du snuff touchait au délire pur, d’autant que l’unique objet du délit demeurait introuvable ,donc invisible, depuis que les droits en avaient étés acquis à prix d’or par une société fiduciaire domiciliée aux Caïmans dont on se demandait bien ce qu’elle comptait faire d’un film de boules tourné au caméscope à la lumière d’un briquet .

    Du reste, le soufflé retomba aussi vite qu’il était monté.

    Les trois milliards se réduisirent en une poignée de malheureux vieux millions, les bacchanales gays se transformèrent en une très banale histoire d’adultère, les accointances nazies passèrent pour une très patriotique défense de l’aryanité face à la croissance endémique de l’immigration et si Schlüssel fut contraint de démissionner –pour la seconde fois si je ne m’abuse- les autres s’en tirèrent avec au pire quelques blessures d’amour propre.

    Quant à Andrea il négocia, ma foi, fort finement, sa sortie de scène pour une somme dont j’ignore le montant mais que je soupçonne de cumuler les zéros puisqu’elle lui permit de s’offrir en plus d’un très joli bar, un appartement superbe dans les beaux quartiers.

    Voilà pourquoi hier midi, alors que nous déjeunions sous la verrière de « La Chinoiserie » je fus pris d’un fou rire incontrôlable en songeant qu’en somme, je ne couchais pas avec Andrea, mais avec Monica Lewinski.

  • " Le jeu de la tentation."

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    Il aura suffit d’un rien pour que mon destin me rattrape à la vitesse d'un cheval emballé.


    Je ne crois pas aux coïncidences ; elles n'existent que lorsqu'une fée aux intentions malignes prend soin de les provoquer.


    En l'occurrence, cette Carabosse aux sortilèges venimeux, pris les traits adipeux de mon éternelle Archnémésis, mon génie corrupteur familier, mon " énnamie " de toujours : «  La Miss ».

    Alors que j'étais sans nouvelles de la créature depuis des lustres, cet histrion hystérique, ce vilain coq de salon, ce crotale de l'Eden, choisit de se manifester Lundi soir, à l'heure ou je m'apprêtais à quitter mes bureaux.

    Elle entra sans se faire annoncer, comme un piège que l'on redoute, onctueuse et parfumée, liante et cajoleuse, m’inonda d'une affection visqueuse, de paroles plus sucrées que confitures de roses, pleura un peu de l'œil droit tandis que le gauche détaillait avec la précision médicale d'un scanner chaque fibre de ma peau, s'enquit de mes amours, m'assomma du récit des siennes et m'invita à diner.


    J'acceptais, autant par désœuvrement que par curiosité. Je me doutais bien que le retour inopiné de cette méchante langue ne devait rien au hasard et brulais de savoir vers quels sentiers tortueux elle entendait diriger mes pas indécis.
    Je le découvris à l'issue d'un repas mortel tant par la qualité des mets dégustés, que par la redondance d'une conversation, essentiellement tournée vers le nombril de la « Miss » et ses fulgurants succès Parisiens sur la scène transformiste.

    Sans avoir l'air d'y toucher, l'ex gambilleuse m'entraina dans un nouveau bar, « So chic, sister », ou, prétendait elle, m'attendait une fort jolie surprise.

    La surprise en question trônait derrière les cylindres de verre colorés d’un comptoir dont le renflement agressif évoquait l’étrave d’un navire.

    « Baby Gigolo », semblable à, ce qu'en lui même enfin, il n'avait cessé d’être.

    Le chevalier noir de mes nuits blanches !

    La plus grande putain de l’Est Parisien.

    Le seul homme au monde, auquel je n'ai jamais su résister !

    Andrea, quoi !

    Des siècles, déjà, depuis qu'il avait choisi son camp.
    Des siècles depuis qu'il s'était embarqué, sans un mot, sans un au revoir, parmi les bagages griffés Hermès d'un notable Autrichien aussi nanti en millions qu'en années . Des sècles, qu'il nous la jouait " Gigi l'Amoroso ; no news c'était good news "....
    Trois ans que je n'avais pas pensé à lui une seule seconde.

    Rayé des tablettes, tombé aux oubliettes, effacé comme un dessin sur la buée d'une vitre.

    Sans que je l’ais voulu, il s'était estompé de ma mémoire à la manière d'un rêve érotique dont ne subsiste au réveil qu'un parfum diffus que l'on peine à associer à une peau, une chair, un corps précis.

    Il est vrai, que les parfums se souviennent mieux que nous.

    Andrea sentait le cul, la bite, le sperme, l'incarnat d'instants ou la honte le disputait à la jouissance.

    Ni fuck Buddy ni amant régulier et pourtant un peu des deux.

    Comment expliquer l'obscure alchimie qui soudain bouleverse deux personnes qui ne s'aiment pas, qui ne s'aimeront jamais, qui pas une seconde n'envisagent la possibilité d'un embryon d'histoire commune, mais qui ne peuvent résister au terrifiant élan physique qui les pousse l'une vers l'autre ?

    Nous ne nous sommes jamais cherché; nous nous sommes même fuis; nous nous sommes toujours trouvés.
    Nous avons franchis dans les bras l'un de l'autre des étapes sensuelles que nous n’imaginions pas franchir dans nos rêves les plus crus.

    " Il n'y a pas de belles histoires de cul " chantait Gainsbourg.
    A voir, mon vieux Serge, à voir !

    Et voila que nous nous retrouvions face à face ; pas plus surpris que cela au demeurant ; et voila que nous reprenions avec l'aisance de l’habitude, la conversation, là ou nous l'avions interrompue ; en plein milieu d'anecdotes salaces dont nous nous repaissions avec l'appétit sanguinaire de males dominants en compétions au sein d'une meute.

    La " Miss " jubilait tandis qu’Andrea et moi nous reconnaissions sans même nous regarder.

     

    Nous avions vieilli, mais pas changé. Nos styles de beauté se complétaient toujours aussi harmonieusement et nos corps échauffés par leur proximité s'impatientaient d'entrer en guerre.


    Les " Rhum-Carambar " que nous buvions symbolisaient assez bien l'étrange mélange de rudesse et de fondant dont se paraient nos retrouvailles.

    Paradis perdu, cercles vicieux d’un enfer à venir.

    A la fermeture, c'est sans nous concerter que nous abandonnâmes une « Miss » gentiment complice, pour marcher côte à côte, en silence dans les rues désertées.

    Andrea habitait à deux pas, un bel appartement moderne aux volumes aérés, aux tonalités sobres de vanille et de marron glacé. Un appartement de "Grand-Chasseur-Blanc" ou s'affichait sa passion de l'Afrique et de l'art tribal.
    Nous nous assîmes dans un salon dont les baies vitrées ouvrant sur un balcon en rotonde disparaissaient derrière des panneaux d'Acajou aux veines corallines.

    Sagement, l’un en face de l’autre, séparé par une table à café un peu mastoc en ivoire et bois d’ébène.

    Faute de Rhum-Carambar, nous bûmes du Gin avec du sirop de Fraises, tandis que basse et violons jouaient "le Canon de Pachelbel".

    Nous parlâmes un peu de nos vies.
    De la sienne désespérément vide.
    De la mienne si pleine qu'elle craquait de toute part.
    Nous convînmes que cela revenait au même.

    Andréa m'avoua que je l'avais cruellement blessé un jour que je lui avais jeté à la face qu'il n’était ni ne serait jamais mon ami.
    Je m'en étonnais ; il s'était toujours posé, moins en amant qu'en partenaire de sexe " itinérant " ; dégraissant nos rapports jusqu'à les priver de mots qui n'entrassent dans le cadre strict d'un jeu de rôles aux finalités nettement précisée ; or, il n'ignorait pas que mes meilleurs amis, mes complices, mes confidents, n'étaient autres que mes amoureux.
    Il voulu savoir pourquoi je ne l'avais jamais compté au nombre desdits amoureux. Je lui retournais la question sans y répondre. Il sourit, un peu triste, un peu railleur.

    « - Toujours ton esprit tordu !

    Puis il vint s’asseoir sur l’accoudoir du fauteuil que j’occupais, passa son bras autour de mes épaules tandis que j'inclinais ma tête vers la sienne.

    Il parla longtemps, dans le vide, dans la nuit, dans le ventre grommelant de la ville.
    Il dit que je l'avais toujours terrifié ou plutôt que l'absence de limites propre à notre relation l'avait toujours épouvanté ; que nos folies respectives en l'absence du moindre garde fou nous auraient entrainées trop loin, qu'il ne connaissait que trop bien ma propension à m'amouracher d'hommes fragiles, d'hommes en devenir et qu'à l’évidence, il ne correspondait pas au schéma. Il ajouta cynique, que s'il avait baisé la terre entière pour gagner sa vie, il lui suffisait, à chaque fois, de penser à moi pour parvenir à combler le moins bandant de ses michetons.

    Les hommes de ma vie m'ont souvent gratifié des compliments peu banals, mais jamais aucun ne m'avait comparé à une pilule de Viagra.

    Je choisis d'en rire, de peur d'avoir à en pleurer.

    Je répondis, et je mentais à peine, que je connaissais de lui que son sexe et que cela ne me suffisais pas ; qu'en dépit de ce rôle pernicieux de " prince des indécences " que je me plaisais à jouer, je demeurais un incurable romantique ; et au fond, tout au fond, là ou personne ne s'aventure jamais, un tout petit garçon.

    Il dit, merci bien, que je ne lui apprenais rien, et qu'on pourrait aller tirer un coup maintenant que nous avions mis les choses au clair.

    Je pensais deux secondes au corps d’Andrea; une seconde aux yeux de Christophe.

    Il m'en couta plus que je ne saurais l'avouer en ces lignes, mais, je refusais.

    Tranquillement.
    Sereinement, en apparence.

    D'un simple signe de dénégation qu'accompagnait un sourire d'excuse ; vous savez, l'un de ces sourires qui ne montrent pas les dents par crainte de mordre au fruit du péché.

    Andrea n'insista pas.
    « - Partie remise, « Mauvaise. Graine » ?
    « -Partie remise « Baby Gigolo » !

    Dans l’escalier, tandis que je prenais la fuite, je songeais que, décidément j’étais la reine des connes, qu’un bon coup de bite s’attrape par les temps qui courent à peut près aussi facilement que la cagnotte du loto et pourquoi te flagelle tu à plaisir connasse ?

    Ainsi, je fis volte-face et remontais sonner.