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blog - Page 3

  • " Double pénétration."

    ZZZVANIA-14-02-09.jpgJ’ignore ce qu’il m’arrive ces temps derniers mais les garçons s’agglutinent autour de moi ainsi que des mouches cantharides sur un étron bien frais.
    Peut être devrais je changer de parfum.
    Je n’ai pourtant pas embelli, au contraire. Les fatigues consécutives à ma récente cabriole, puis les excès en tous genres depuis ma guérison ne m’ont pas arrangé, c’est le moins qu’on puisse dire.

    Je ne suis pas davantage en attente, ni en demande.
    Je n’exhale pas à ma connaissance, ces troubles phéromones à l’aura hypnotique qui indiquent au prédateur la disponibilité d’une proie.
    Du reste la rengaine demeure la même depuis l’éternité des jours ; lorsque vous êtes seul, personne ne vous convoite ; en revanche, lorsque vous êtes accompagné vous devenez, comme par enchantement l’obscur objet du désir général.
    Pourquoi ? Mystère et boulles de conne.

    Notez que je ne m’en plains pas puisqu’au cas où quelque Goito ne l’aurait pas remarqué, j’aime plaire autant que je m’attache à déplaire.
    Je me donne, ainsi, un mal de tous les diables pour dans la même phrase, le même regard ou le même sourire, parvenir à séduire et à agacer tout à la fois.

    Papa m’appelle « Kate », par référence à l’actrice Américaine Katherine Hepburn (aucun lien de parenté avec Audrey comme le suggérait cette pédale honteuse de Cary Grant) c’est dire si j’excelle dans cet exercice.


    Cependant, il arrive que je tombe sur un os, un garçon plus futé et plus sarcastique que je ne le suis moi-même.
    Car aussi improbable que cela puisse paraître cette engeance existe bel et bien.
    Certes, ces êtres d’exception ne sont pas très nombreux, toutefois, la présence d’un seul d’entre eux dans mon environnement immédiat suffit à me désobliger.
    J’ai cela en commun avec ma mère, et cela uniquement, Dieu en soit loué.
    Je ne supporte pas de ne pas être la reine du bal.

    Ainsi, hier soir, ou plutôt cette nuit, tandis que, telle la groupie du pianiste chère à France Gall – Souvenez vous , cette chanteuse qui passa des sucettes à l’anis au bâton de Berger - , j’attendais affalé contre l’angle du rade, l’esprit engorgé de scénarii crapuleux, qu’Andrea termine son service pour l’accompagner jouer à « Ride with the devil » dans son nid de bite aux moiteurs Africaines, j’eus la surprise de me voir aborder par un monsieur d’une belle quarantaine d’années à la moustache fringante, à la brosse martiale , et aux allures de dernier Kaiser.
    Un vieux beau, encore pas mal, ne doutant pas à l’évidence de sa bonne fortune, à moins qu’il ne m’eut pris pour un gigolpince en quête de picaillon.
    Il m’approcha de manière on ne peut plus classique, frétillant du zob, l’œil bleu de Prusse luisant de concupiscence, le sourire tout en canines.

    « - Bonsoir futur mari !

    Et ta sœur, elle bat le beurre à la paluche dans la culotte du zouave de l’Alma ?

    Je grimaçais un sourire de traviole, ni engageant ni particulièrement réprobateur.

    « - Tout suite des mots d’amour !

    Mon enthousiasme mitigé « cochon –dinde », ne le décourageant pas il enchaina en mode embobelineur.

    « - Tu es très charmant.
    « - Je sais ! répliquais-je, avec toute l’exquise modestie, la candeur bonhomme, qui me caractérisent.
    « - Tsss, il le sait en plus qu’il est « cute » ! chuinta le chonchon, un chouia chambreur.

    Plus hautain que le prince de Mes deuze lors d’une Garden party chez Lizzie la reine du bibi fricotant, je le dévisageais non sans une certaine arrogance.

    « - Figure-toi que mes miroirs ne sont pas en contre-plaqué. Et quand bien même le seraient ils, il me resterait toujours les yeux des garçons pour me rappeler, qu’effectivement, j’ai un beau « cute ».
    « - Je n’en doute pas, mon joli. Tu me parais en forme en tout cas. Comment vas-tu ? s’enquit il, toujours aimable.
    « -Très bien merci. Et toi ?

    De la main, il fit signe à un Andrea, franchement amusé, de remplir nos verres.

    « - J'ai passé deux semaines un peu dures. Tout a mal commencé par une angine, et s'est très mal terminé avec la mort d'un ami...mais ça va mieux!

    Certes, surtout pour le mort !

    « - Je suis sincèrement désolé !dis je sans la moindre conviction, ni la moindre sincérité.

    D’un geste vague il me signifia qu’il se fichait de mes condoléance comme de sa première chibouque.

    « - C'était un sacré rigolo. Déjà il est mort dans son sommeil. Par surprise. On a tous cru que c'était sa dernière blague, mais futé comme il était il s'est débrouillé pour nous en faire encore une. Arrivés au cimetière Mercredi, les fossoyeurs avaient oublié de creuser la tombe! Du coup on l'a mis dans la fosse commune en attendant. Il sera finalement ré-enterré Lundi !

    Andrea posa les verres devant nous tout en m’adressant une petite grimace complice dont la cabouleuse locataire nocturne de mon corps depuis qu’on me laissait sortir sans chaperon décrypta sans mal le sens caché.
    Pousse à la consommation, baby, tu seras payé au bouchon.
    Me revinrent en mémoire les conseils que me donnait Walter, le mari de la femme de mon père, du temps où j’étais aussi naïf qu’une hirondelle de Dubillard

    « - Vous êtes très connes les tapettes actuelles, constatait il, navré. De mon temps c’était autre chose! On savait michetoner crois moi ! Il suffisait de balancer au clille un petit regard en coin ; un petit regard qui « voudrait-bien-mais-ne peut-point » pour qu’il tombe des roteuses comme Mars en Carême. Aujourd’hui vous vous faites sauter pour le prix d’une conso. Résultat des courses, le métier se barre en sucette ! Tout ça pour te dire que si tu veux boire à l’œil il va falloir faire ronfler le comptoir, et donc offrir du rêve .Il va falloir me les travailler au corps ces grosses tapiolasses pleines de monnaie ; me les vamper façon Ava Gardner dans les séries noires de la Métro ; l’ essentiel étant de leur laisser croire que tu pourrais très facilement basculer dans leurs lits, alors même qu’il t’est bien entendu, déconseillé de coucher avec eux. La subtilité tient dans le fait de parvenir à changer ces baltringues en torches vivantes sans jamais leur donner autre chose que de grandes espérances ; car, vois tu, lorsqu’un péquin a couché avec toi, tu ne l’intéresses plus, tandis que s’il se languit de coucher avec toi il multipliera à plaisirs ces petites attentions charmantes qui font que, peut être, un jour tu lui céderas. »

    David et moi étions très vite devenus des experts à ce petit jeu d’autant plus malsain que l’un comme l’autre avions largement les moyens de payer nos verres et bouteilles.
    Mais l’on n’est pas sérieux lorsqu’on a dix sept ans.
    Nous parions à celui qui se ferait inviter le plus. Il nous arrivait certains soirs d'avoir jusqu'à trente verres disséminés sur les comptoirs et dans les salles ; de quoi tomber à la renverse en moins d'une demi-heure. Nous contournions le problème avec des souplesses de marlous et des ruses de vieilles effeuilleuses. L'astuce était simple ; torses nus, le premier bouton du jean dégrafé pour détourner l'attention du chaland ; nous acceptions la boisson, y trempions nos lèvres pour la forme, discutions deux minutes le verre bien calé au creux de la paume afin d’en dissimuler la ligne de flottaison, puis prétextant une excuse quelconque, nous filions vers une autre table ou vers un autre comptoir pour y recommencer le même manège. Généralement l'alcool finissait dans l'évier ou dans des jarres planquées dans les coins sombres des salles à cet effet. Bref, nous ne risquions pas de choper une cirrhose ou une interdiction bancaire.


    Ainsi, en souvenir de cette époque insouciante, je fis l’effort de m’intéresser aux histoires de cadavre voyageur que l’on me narrait bien qu’elles me parussent un tantinet halogènes dans le contexte d’un bar gay ou des pintades hallucinées se déhanchaient au rythme d’une pop acidulée.

    « - Il est mort de quoi, ton pote ?

    L’antiquaille se hissa souplement sur le tabouret voisin de celui que j’occupais.

    « - C'était un garçon qui avait un sens de l'humour très acéré! Il est mort d'un cancer.

    Effectivement ça doit être désopilant d’avoir un Cancer ! Vivement que j’en chope un, histoire de me gondoler à Villejuif.

    Sans aucun esprit de provocation je levais mon verre à la santé du mort, si je puis me permettre une métaphore macabre.

    « - Qu’il repose en paix !
    « - Mémoire éternelle. Bon, à part ces considérations funèbres, quelles nouvelles? Personnellement, j’ai regardé à la télévision l'émission sur l'enfant du temple, Naundorff, Richemont et les autres faux Dauphins.

    Ne connaissant que les dauphins du « Grand bleu » dont je doutais qu’ils fussent faux, j’affichais l’air de finesse de celui qui n’a rien compris au film mais entend l’expliquer aux autres.

    « - J’'ai combattu ces vagues étoiles de la grande Ourse qui dans une brume rouge /vodka, m'interdisant la plus pauvre pensée ; dis-je, un peu ivre donc vaguement poète.

    « - Voilà qui est joliment décrit ; s’exclama mon interlocuteur dans ce qui me sembla être un éclair de moquerie.

    Je le toisais, aussi pédant que pédale.

    « - Ca ne te rappelle rien ? " Vaghe Stelle dell'Orsa " ? Un film, par exemple.
    « - Je n'ai aucune culture cinématographique italienne, et d'ailleurs je n'ai aucune culture cinématographique tout court; admit il sans chercher à se faire passer pour l’imbécile qu’il n’était sans doute pas.

    Enchanté de pouvoir étaler mon savoir, j’enchainais à plaisir.

    « - " Vaghe Stelle dell'Orsa " est un vers de Giacomo Leopardi que Luca Visconti a reprit comme titre de l’un de ses films avec Claudia Cardinale et Jean Sorel, un film baptisé en français " SANDRA" et dont l'action se situe, pour la plus grande partie, dans la lumière étrusque de Volterra. Une histoire d’inceste.
    « - Je vais surveiller le "cinéma de minuit". Et en dehors de la grande Ourse, que me racontes-tu de beau ? demanda t il, pas impressionné du tout par l’étendue de mon savoir.
    « -Rien je fane dans le banal, je frisotte dans le médiocre, j'attends un rêve trop grand pour moi et qui se jetterai dans la mer, confessais je en proie à une crise de franchise aussi subite qu’incongrue.

    « - Peut-on savoir quel serait ce rêve ? glissa t-il en se rapprochant davantage.

    Je reculais, immédiatement mon siège.

    « - Celui de toutes les filles perdues aux cheveux gras, J'attends l'amoooouuuur !

    D’un regard dans lequel l’ironie le disputait à l’intérêt, pépère bigla mon crâne fraichement tondu luisant sous les néons de couleurs tel un œuf Fabergé dans une vitrine de joailler.

    « - Aux cheveux gras, vraiment ? Je te prêterais ma relique de Sainte Rita, patronne des causes désespérées ….. Elle ressemble à une rognure d’ongle collée sur un minuscule losange, et se trouve contenue dans un reliquaire qui porte le sceau de l'évêque au dos. Cependant ton rêve n'a rien d'impossible. Par contre obliger ton amant à se jeter depuis une falaise dans la mer, est peut être une clause handicapante, non ?
    « - Mes rêves se jettent dans la mer, mes amants, eux, se jettent sur mon corps !
    « - Serait ce une invite ? A tout hasard puisque cela semble t’intéresser, je me prénomme Jean-Loup avec un « P » à la fin du loup ! Comme l’animal !

    Je fis tinter les glaçons dans mon verre vide afin que mon interlocuteur pige la nécessité de commander une autre tournée s’il désirait que la conversation se poursuive.

    « - Je crains que mes dents de lait ne s’effraient de tes dents de loup.

    Ignorant à dessein l’appel surtaxé du bois-sans-soif, il pencha vers moi un visage d’un sérieux redoutable.

    « - Je pense que se serait à moi d'avoir peur.
    « - Je ne vois pas pourquoi. Que je ne te veuille pas de bien ne signifie pas que je te veuille du mal ; susurrais je aussi suave que les parfums de la roseraie de Bagatelle
    « - L'enfer est pavé de bonnes intentions, et les gentils ne le sont jamais véritablement .Mais tu ne peux pas le savoir, tu es encore tout poussinou ; cingla-t-il dans un sifflement d’une cravache.

    Pour le coup, il se foutait bougrement de ma gueule.

    « - Certes, J’aime bien l’idée d’être encore adulescent, souscris je, plus onctueux que jatte de crème.
    « - Profites-en pendant que c'est encore possible, bientôt il faudra que tu bascules dans le terrible monde des adultes-adultes, conseilla t –il, non sans amertume.
    « - Je doute que cela m'arrive de sitôt ! m’écriais-je dans un éclat de fanfare Brandebourgeoise.

    Agacé par tant de gamineries, le chonchon réprouva un mouvement d’humeur.

    « - Ce n'est pas quelque chose qui "va t'arriver", c'est quelque chose que tu dois décider de toi-même!
    « - Alors ça ne m’arrivera jamais, m’obstinais-je dans une moue de petit garçon contrarié.

    Mes gasconnades eurent l’heur de le faire marrer.

    « - Je crains que dans ton cas, ça ne soit pathologique, quand même...
    « - Nous verrons bien !
    « -TU verras bien, MOI, je ne sais pas ce que je verrai de tout ça...Apparemment tu ne semble pas très intéressé par le fait de me connaitre ; conclut-il, soudain plus glacé qu’un cœur de banquise.

    Je jouais les idiotes à la perfection puisqu’à l’évidence je n’endossais pas là un rôle de composition.

    « -C’est mon mail que tu cherches à me soutirer? Mon MSN ?

    Que je le prenne aussi ostensiblement pour un faisan le fit renauder vilain.

    « - Qu'est ce que tu veux que je fasse d’un mail? Tu ne veux pas me laisser aussi ta latitude et longitude ou tes coordonnées polaires, que je t'envoie un message en signaux de fumée ou bien en sémaphore??? Non mais sans rire... Moi je te donne le tirage du loto 06 22 xx xx xx. Fais en ce qu'il te plaira!

    « -Quelle hargne, quelle grogne, quelle rogne ! raillais je provocant en diable.

    « - Note bien les numéros gagnants quand même, au cas où...
    «- Inutile j’ai déjà joué.
    « - A quelle heure a lieu le tirage ?
    « - Dés que le Patron/barman aura terminé son service.
    « -C’est du joli ! Sais tu qu’on l’accuse de monnayer ses faveurs ; ajouta t-il mesquin après un silence lourd d’orages contenus.

    « - Hélas, passé un certain âge, plus personne ne baise gratis à Paris.
    « - Je ne sais pas, je ne baise pas, je suis vierge.
    « Je le suis également ! Ascendant pouffiasse !
    « -J’avais bien vu le coté pouffiasse.
    « -A force de me l’entendre dire, je vais finir par me convertir.
    « - A quoi, à la sodomie ?
    « - A tout! Quitte à passer pour une salope, je vais faire la totale: Fist, uro, scato. Allez, par ici le vice!

    L’expression de son visage n’était plus à l’affabilité mais au mépris.

    « - Il me semble que je me sois trompé sur ton compte. Les halls de gares, ce n’est franchement pas ma came.
    « - Pourquoi ? Tu t’y sens perdu ?
    « - Et toi, il faut te déballer sa queue pour que tu daignes montrer de l’intérêt ?
    Mais c’es qu’il commençait à me courir sur le haricot l’Oberfurher de mes valseuses.

    « -Jusque là tu étais simplement ennuyeux, voici que tu deviens vulgaire ! grinçais-je telle une vieille poulie mal huilée.

    Il se dressa sur ses ergots, la moustache soudain hirsute, me toisa méchamment de toute sa hauteur.

    « - Moué ! Et bien, vas donc retrouver des gens plus intéressants puisque tu es si malin. Finalement les garçons dans ton genre ne font envie que physiquement .Apparemment; la simplicité et le naturel sont des qualités que tu n'as pas encore acquises. A ton âge, car je suppose que tu n’as plus vingt ans, ni même trente, c’est déplorable, limite pathétique ! Bonne continuation tout de même ..."

    Sur ces belles paroles, il me planta là et quitta le bar.

    Andrea se gondola comme un bossu lorsque, outré, je lui rapportais l’anecdote.

    « - Tu baisses, ma pauvre fille, tu baisses ! Fut un temps tu m’aurais tiré au moins trois roteuses de cet Arnolphe, tandis que là, deux malheureux verres ….Et en plus il t’a laissé le ticket. Décidément, les caves se rebiffent au jour d’aujourd’hui.

    Et c’est ainsi, mes chers amis, que la nuit dernière « Mauvaise . Graine » se fit baiser deux fois de suite.

  • " Le jeu de la tentation."

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    Il aura suffit d’un rien pour que mon destin me rattrape à la vitesse d'un cheval emballé.


    Je ne crois pas aux coïncidences ; elles n'existent que lorsqu'une fée aux intentions malignes prend soin de les provoquer.


    En l'occurrence, cette Carabosse aux sortilèges venimeux, pris les traits adipeux de mon éternelle Archnémésis, mon génie corrupteur familier, mon " énnamie " de toujours : «  La Miss ».

    Alors que j'étais sans nouvelles de la créature depuis des lustres, cet histrion hystérique, ce vilain coq de salon, ce crotale de l'Eden, choisit de se manifester Lundi soir, à l'heure ou je m'apprêtais à quitter mes bureaux.

    Elle entra sans se faire annoncer, comme un piège que l'on redoute, onctueuse et parfumée, liante et cajoleuse, m’inonda d'une affection visqueuse, de paroles plus sucrées que confitures de roses, pleura un peu de l'œil droit tandis que le gauche détaillait avec la précision médicale d'un scanner chaque fibre de ma peau, s'enquit de mes amours, m'assomma du récit des siennes et m'invita à diner.


    J'acceptais, autant par désœuvrement que par curiosité. Je me doutais bien que le retour inopiné de cette méchante langue ne devait rien au hasard et brulais de savoir vers quels sentiers tortueux elle entendait diriger mes pas indécis.
    Je le découvris à l'issue d'un repas mortel tant par la qualité des mets dégustés, que par la redondance d'une conversation, essentiellement tournée vers le nombril de la « Miss » et ses fulgurants succès Parisiens sur la scène transformiste.

    Sans avoir l'air d'y toucher, l'ex gambilleuse m'entraina dans un nouveau bar, « So chic, sister », ou, prétendait elle, m'attendait une fort jolie surprise.

    La surprise en question trônait derrière les cylindres de verre colorés d’un comptoir dont le renflement agressif évoquait l’étrave d’un navire.

    « Baby Gigolo », semblable à, ce qu'en lui même enfin, il n'avait cessé d’être.

    Le chevalier noir de mes nuits blanches !

    La plus grande putain de l’Est Parisien.

    Le seul homme au monde, auquel je n'ai jamais su résister !

    Andrea, quoi !

    Des siècles, déjà, depuis qu'il avait choisi son camp.
    Des siècles depuis qu'il s'était embarqué, sans un mot, sans un au revoir, parmi les bagages griffés Hermès d'un notable Autrichien aussi nanti en millions qu'en années . Des sècles, qu'il nous la jouait " Gigi l'Amoroso ; no news c'était good news "....
    Trois ans que je n'avais pas pensé à lui une seule seconde.

    Rayé des tablettes, tombé aux oubliettes, effacé comme un dessin sur la buée d'une vitre.

    Sans que je l’ais voulu, il s'était estompé de ma mémoire à la manière d'un rêve érotique dont ne subsiste au réveil qu'un parfum diffus que l'on peine à associer à une peau, une chair, un corps précis.

    Il est vrai, que les parfums se souviennent mieux que nous.

    Andrea sentait le cul, la bite, le sperme, l'incarnat d'instants ou la honte le disputait à la jouissance.

    Ni fuck Buddy ni amant régulier et pourtant un peu des deux.

    Comment expliquer l'obscure alchimie qui soudain bouleverse deux personnes qui ne s'aiment pas, qui ne s'aimeront jamais, qui pas une seconde n'envisagent la possibilité d'un embryon d'histoire commune, mais qui ne peuvent résister au terrifiant élan physique qui les pousse l'une vers l'autre ?

    Nous ne nous sommes jamais cherché; nous nous sommes même fuis; nous nous sommes toujours trouvés.
    Nous avons franchis dans les bras l'un de l'autre des étapes sensuelles que nous n’imaginions pas franchir dans nos rêves les plus crus.

    " Il n'y a pas de belles histoires de cul " chantait Gainsbourg.
    A voir, mon vieux Serge, à voir !

    Et voila que nous nous retrouvions face à face ; pas plus surpris que cela au demeurant ; et voila que nous reprenions avec l'aisance de l’habitude, la conversation, là ou nous l'avions interrompue ; en plein milieu d'anecdotes salaces dont nous nous repaissions avec l'appétit sanguinaire de males dominants en compétions au sein d'une meute.

    La " Miss " jubilait tandis qu’Andrea et moi nous reconnaissions sans même nous regarder.

     

    Nous avions vieilli, mais pas changé. Nos styles de beauté se complétaient toujours aussi harmonieusement et nos corps échauffés par leur proximité s'impatientaient d'entrer en guerre.


    Les " Rhum-Carambar " que nous buvions symbolisaient assez bien l'étrange mélange de rudesse et de fondant dont se paraient nos retrouvailles.

    Paradis perdu, cercles vicieux d’un enfer à venir.

    A la fermeture, c'est sans nous concerter que nous abandonnâmes une « Miss » gentiment complice, pour marcher côte à côte, en silence dans les rues désertées.

    Andrea habitait à deux pas, un bel appartement moderne aux volumes aérés, aux tonalités sobres de vanille et de marron glacé. Un appartement de "Grand-Chasseur-Blanc" ou s'affichait sa passion de l'Afrique et de l'art tribal.
    Nous nous assîmes dans un salon dont les baies vitrées ouvrant sur un balcon en rotonde disparaissaient derrière des panneaux d'Acajou aux veines corallines.

    Sagement, l’un en face de l’autre, séparé par une table à café un peu mastoc en ivoire et bois d’ébène.

    Faute de Rhum-Carambar, nous bûmes du Gin avec du sirop de Fraises, tandis que basse et violons jouaient "le Canon de Pachelbel".

    Nous parlâmes un peu de nos vies.
    De la sienne désespérément vide.
    De la mienne si pleine qu'elle craquait de toute part.
    Nous convînmes que cela revenait au même.

    Andréa m'avoua que je l'avais cruellement blessé un jour que je lui avais jeté à la face qu'il n’était ni ne serait jamais mon ami.
    Je m'en étonnais ; il s'était toujours posé, moins en amant qu'en partenaire de sexe " itinérant " ; dégraissant nos rapports jusqu'à les priver de mots qui n'entrassent dans le cadre strict d'un jeu de rôles aux finalités nettement précisée ; or, il n'ignorait pas que mes meilleurs amis, mes complices, mes confidents, n'étaient autres que mes amoureux.
    Il voulu savoir pourquoi je ne l'avais jamais compté au nombre desdits amoureux. Je lui retournais la question sans y répondre. Il sourit, un peu triste, un peu railleur.

    « - Toujours ton esprit tordu !

    Puis il vint s’asseoir sur l’accoudoir du fauteuil que j’occupais, passa son bras autour de mes épaules tandis que j'inclinais ma tête vers la sienne.

    Il parla longtemps, dans le vide, dans la nuit, dans le ventre grommelant de la ville.
    Il dit que je l'avais toujours terrifié ou plutôt que l'absence de limites propre à notre relation l'avait toujours épouvanté ; que nos folies respectives en l'absence du moindre garde fou nous auraient entrainées trop loin, qu'il ne connaissait que trop bien ma propension à m'amouracher d'hommes fragiles, d'hommes en devenir et qu'à l’évidence, il ne correspondait pas au schéma. Il ajouta cynique, que s'il avait baisé la terre entière pour gagner sa vie, il lui suffisait, à chaque fois, de penser à moi pour parvenir à combler le moins bandant de ses michetons.

    Les hommes de ma vie m'ont souvent gratifié des compliments peu banals, mais jamais aucun ne m'avait comparé à une pilule de Viagra.

    Je choisis d'en rire, de peur d'avoir à en pleurer.

    Je répondis, et je mentais à peine, que je connaissais de lui que son sexe et que cela ne me suffisais pas ; qu'en dépit de ce rôle pernicieux de " prince des indécences " que je me plaisais à jouer, je demeurais un incurable romantique ; et au fond, tout au fond, là ou personne ne s'aventure jamais, un tout petit garçon.

    Il dit, merci bien, que je ne lui apprenais rien, et qu'on pourrait aller tirer un coup maintenant que nous avions mis les choses au clair.

    Je pensais deux secondes au corps d’Andrea; une seconde aux yeux de Christophe.

    Il m'en couta plus que je ne saurais l'avouer en ces lignes, mais, je refusais.

    Tranquillement.
    Sereinement, en apparence.

    D'un simple signe de dénégation qu'accompagnait un sourire d'excuse ; vous savez, l'un de ces sourires qui ne montrent pas les dents par crainte de mordre au fruit du péché.

    Andrea n'insista pas.
    « - Partie remise, « Mauvaise. Graine » ?
    « -Partie remise « Baby Gigolo » !

    Dans l’escalier, tandis que je prenais la fuite, je songeais que, décidément j’étais la reine des connes, qu’un bon coup de bite s’attrape par les temps qui courent à peut près aussi facilement que la cagnotte du loto et pourquoi te flagelle tu à plaisir connasse ?

    Ainsi, je fis volte-face et remontais sonner.

  • " Un professionel de la profession."

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    Lorsque vous fréquentez le monde interlope de la nuit, vous êtes amenés à rencontrer toutes sortes de créatures hautement improbables que vous n'auriez pas eut la moindre chance de croiser au soleil de midi.

     De fausses gloires en authentiques stars, de barons de la drogue en capitaines d’industrie, de fleurs du mal en illuminés, j’ai, au cours de ma vie, affronté à peu prés tous les mensonges de ce monde des merveilles ou même Alice et son lapin blanc eussent finis à la sauteuse.

    Ne manquait à ma collection qu’un acteur de pornos.

    Cette déplorable lacune fut comblée au cours d'une nuit d’Aout, maussade et poisseuse, dans une boite à Partouzes destinée à une clientèle hétéro.

    Mais que Diantre allaient donc foutre « Mauvaise. Graine » et son inséparable faux frère entre le quai de la Seine et le parc de la Villette, dans un Lupanar ou des gisquettes énervées du berlingot aguichaient moult membrus mateurs de moniches malapprises ?


    Nous visitions , ne vous déplaise , en curieux , en touristes , ceci à l’invitation du gérant , un adorable voyou, ami de jeunesse de nos pères respectifs, lequel nous accueillait comme les fils qu’il n’avait pas , puisqu’en dépit d’efforts enthousiastes et répétés il n’engendrait que des pisseuses ( plus une bonne dizaine de bâtards de sexes indéterminés , inconnus et pas reconnus qu’il essaimât du temps ou il officiait comme mercenaire au Cambodge et en centre Afrique)


    L’endroit, doté d’un restaurant en rotonde ou l’on dinait à l'ombre piquée des brefs et tièdes scintillements dispensés en avare par de pudiques chandelles, paraissait, pour peu qu'on ne prétât attention à la quasi nudité des serveurs, parfaitement convenable, voire complètement anodin.

    Un salon bar décoré de laques bleues et de bois de roses accueillait le chaland. Une volée de marches menait au premier cercle de l'enfer , une discothèque singeant avec malice la folie baroque d'un petit théâtre à l’Italienne ou le sourd bourdonnement des ors tempérait le tapage des soieries rouges bordel.

    Le reste n’était que dédale de couloirs ouvrant sur des chambres faussement bourgeoises ou de vastes pièces nues aux sols jonchés d’épais matelas.

    Ai-je besoin de préciser que je ne quittais pas le bar, engoncé jusqu'au goitre dans des discussions de pochards, tandis qu’un David plus aventureux jouait les explorateurs de l’étrange un sourire musard aux lèvres ?

    « -Tu as une touche, gamin, me dit « Jean-de-la-lune », ce soir là ; et même une fort jolie touche!

    Bien que circonspect, mon œil radar s'alluma aussitôt.

    « -Tu te fiches de moi ? Non ! Ou ça ?

    « -Dix heure et quart ; le box prés de la colonne. Six mecs ; le tiens c’est le blondin.

    Je détournais la tête avec toute la discrétion dont j'étais incapable.

     


    Effectivement un très joli garçon athlétique et bronzé me souriait aves insistance.

    « -Tu connais ? Glissais-je à « Jean-de-la-lune ».
    « -Non, sont pas du coin. D'ailleurs la plupart ne parlent même pas français.
    « -Anglais ?
    « -Plutôt hollandais, ou un patois dans le genre
    .


    Nous étions bien avancés tant notre habilité à manier les rudes subtilités de l'Utrechtois-ablasserwaards touchait au néant absolu !

    Etrangement, plus je regardais ce garçon, plus je lui trouvais un visage familier.

    « -Peut être un client à toi ? suggéra « Jean-de-la-lune ».
    « -Je n’oublie jamais un client.
    « -Un ancien amant, alors !
    « -Je les oublie encore mois. Même les mauvais! Surtout les mauvais !

    David regagnant l'abreuvoir de son pas nonchalant, j'agrippais son bras et lui désignais le mystérieux gandin.

    « -Ecoute voir, mon amour, le mec, là bas, chemise blanche, yeux bleus ; sa frime te dirait rien par hasard ?

    David écarquilla ses grands yeux myopes, scruta l'obscurité du claque puis dans un haut le corps éclata d'un rire semblable à l'éveil d'une forêt vierge lorsque l'hystérie des macaques annonce l'approche d’un prédateur.

    « -Bien sur que je le connais ; se gondola t il. Et toi aussi d'ailleurs ! Il jouait dans le film de boules qu'on a maté la semaine dernière chez la Benguala

    Je me frappais le front du plat de la main.


    Bon sang, mais c'est bien sur !

    Le Cadinot's boy.



    Je me souvenais, en effet, d’avoir regardé vaguement et sans trop y prêter attention, un charmant conte pour enfants dissipés, au cours d'une soirée tapioles, tapas, téquila.

    Comment avais je pus oublier des ...yeux pareils ?

    « - Même que tu as dis que tu te le ferais bien, ajouta mon faux frangin, décidé à me crucifier telle une hulotte au porche d'une église Vendéenne. Alors, qu’est ce que tu attends, grande cheminée, tire donc !

    Le garçon à présent s'avançait vers le comptoir ; la démarche conquérante, un sourire 100.000 volts sur ses lèvres groseilles.


    Je pris la fuite entrainant à ma suite un David outré par mes vilaines manières.


    Nous gagnâmes le salon bar ou la musique plus discrète invitait au flirt et à la conversation.

    « -Ce n'était pas la peine de vous sauver ; je n'avais pas l'intention de vous manger. Du moins pas immédiatement.

    Une voix masculine, basse et amusée.
    Un parfum urbain, brutal et sensuel; une odeur de bitume et de café fort que réchauffait un frisson de réglisse.

    Je me détournais et reçu en plein visage un regard ou l'on ne voyait que du bleu.
    Frappé jusqu’au fond du cœur (d’une atteinte imprévue blablabla) je chancelais.

    « -Je ne me suis pas sauvé, bredouillais je piteusement. C'est mon pote là ; il ne supporte pas la fumée.

    David, occupé à allumer un robuste Vegas Robaina on ne peut plus Cubain, s’éboula en une quinte de toux admirablement feinte.

    « -C'est ce que je vois ; constata l'acteur goguenard. Vous permettez que je vous offre un verre ?

    Demande-t-on à un aveugle s'il veut voir ?

    J’acquiesçais, rougissant comme une rosière à l’heure de sa première saillie.

    Nous trinquâmes.

    Le garçon me sourirait de ses dents admirablement blanches.
    Je lui fis voir que les miennes n'étaient pas d’égueulasses non plus.

    « - Vous avez de très jolis yeux ; me dit il. D’un vert peu commun, presque translucide, avec une légère nuance de jaune.

    Plutôt que de lui retourner le compliment, je tentais une boutade.

    « - Le vert pour l’espérance, le jaune pour la cirrhose.

    Il rit par politesse avant de me demander mon prénom.

    A toute hâte je déclinais mon identité complète ; pour un peu je lui eus récité mon acte de naissance et mon numéro de sécu.

    « -Et toi ?

    Je m'attendais à un pseudonyme à la mord-moi- le- chose, du genre Kevin Hard ou Florian Hole.

    Il me donna un prénom français bien banal suivi d'un nom de famille qui ne l'était pas moins.

    « -Et que fait il dans la vie ce charmant Vania ?
    « - Je viens de signer avec un Tour Operateur. Je crée des circuits à la carte pour une clientèle haut de gamme, répondis-je.
    « -Tu ne me demande pas quel est mon métier ? S’enquit mon soudoyeur, moqueur.

    J'eus un geste de la main comme pour jeter du sel derrière mon épaule.
    Conjurons le mauvais sort et tout se passera bien.

    « - Oui, non ! Quelle importance ?
    « - Et bien, je vais te le dire quand même. Je fais des films.
    « - Ah, super, Melville, Cassavetes, Truffaut.

    Sans même m'en rendre compte, je ne citais que des cinéastes morts.

    « - Plutôt Cadinot. Tu connais J. D.C. ?

    Prétendre le contraire eut été stupide.

    « -Ca te dérange ? demanda t il en posant comme par inadvertance sa main sur la mienne. Que je sois dans " l'industrie ", je veux dire ?


    Plutôt que de jouer les vierges folles je mêlais mes doigts aux siens et décidais de me montrer sincère.

    « - Si je devais t’épouser, ça pourrait constituer un problème.

    Il se pencha vers mon visage, embrassa sans la moindre pudeur le coin de mes lèvres.

    Je me fis violence pour ne pas mordre au sang cette bouche gourmande.

    « -Pourquoi ? C'est un métier comme un autre et un fantasme très banal. De plus ça paie bien et j'ai la chance de pouvoir choisir mes partenaires. Ca vaut toujours mieux que le tapin, tu ne crois pas ?

    Je ne croyais rien du tout ; j'étais liquéfié par son charme.

    Intelligent, fin, sensible il était à mille lieues de l'image relativement malsaine que j'avais des professionnels de la profession.

    Mon trouble était tel que je ne savais plus vraiment ce que je faisais.

    « -Je crois que tu allumes ta cigarette à l’envers, me fit remarquer le joli cœur.

    Je grognais, tout autant agacé par ma propre maladresse que par la limpidité avec laquelle s’affichait mon émotion.

    « -Ma cigarette est à l’endroit. C’est ce foutu bar qui est à l’envers ! Répliquais-je.
    « -Trop bu ?
    « -Jamais assez.

    Ayant dit, je commandais une autre tournée.

    Les verres défilant, l’heure tournant me vinrent d’inévitables pensées salaces.

    Ca devait savoir se tenir, sous l’homme, un acteur de pornos.
    Ca devait pratiquer des trucs insensés, des agaceries inédites, des subtilités Mandarines, des raffinements de harems Ottomans.
    A moins que ça ne baise mécaniquement, comme on s’acquitte d’un boulot pas réellement fastidieux mais que la force de l’habitude rend monotone.

    Mon adonis interrompit mes rêveries licencieuses.

    « -Je peux te poser une question intime ?

    L’alcool aidant, je prenais de l’assurance, jouais les agents provocateurs.

    « -Chéri, tu as quasiment collé ta langue au fond de ma gorge. Je ne vois pas ce qui pourrait être plus intime.

    « - Et bien, demander à quelqu’un d’aussi ostensiblement gay ce qu’il fiche dans un club échangiste hétéro.

    Ostensiblement gay, il en avait de bonnes le poupon gonflable !

    A croire que c’était moi qui, la raie bienheureuse, ouverte ainsi qu’une huitre un soir de réveillon, me faisais sodomachiner face caméra.

    « -Le patron est un ami. Et toi ?
    « -J’accompagne des potes Bulgares. Tu sais ces mecs qui tournent des films pédés pour le pognon mais préfèrent les filles.
    « - On parle d’autre chose ?
    « - On parle d’autre chose !

    Nous devisâmes ainsi un moment agréablement ; jusqu'à ce David vienne me taper sur l’épaule.

    « -Je m’emmerde, je me barre, je vais au Queen. Tu gardes la caisse ? Tu prends un taxi ? Monsieur te ramène ?

    Mon acteur passa un bras déjà possessif autour de ma taille.

    « - Je le ramène.

    Il me ramena, en effet !


    Chez lui.

    L’appartement était minuscule mais clair et propre, le rosé frais, les cigarettes odorantes, l’acteur embrassait comme un dieu.

    Je ne sais comment je me retrouvais dans une chambre aux murs crépis jaune soleil, allongé tout nu sur la courtepointe aux motifs provençaux d'un lit de plumes, la bouche de l'adonis plus bas que mon nombril.


    Et c'est ainsi que se termine mon histoire.

    Non ?

    Vous en voulez encore ?

    Mais une question d'abord : Avez vous déjà couché avec un acteur de porno ?

    Non !

    Et bien moi non plus.

    A mesure que cet habile jeune homme s'en amusait, coquette rétrécissait.


    J'avais pourtant à cette époque le chibre fringuant et le derrière mutin, pourtant ce matin là tous deux affichaient le pavillon Suisse de la neutralité.

    Mon amant, si du moins je peux l'honorer de ce nom, ne pouvait se flatter, du reste, de meilleures performances.

    Après quelques amabilités réciproques restées lettre morte nous nous regardâmes en riant.


    « -C'est la première fois, tu sais ! me dit-il simplement.

    Je n’en doutais pas un seul instant.


    Manque de bol, il fallait que ça tombe sur moi.

    « - Qu'est ce qui t'arrives ?
    « -Je tourne encore cet après midi. et il n’est pas recommandé de baiser une veille de tournage. C’est nuisible à la qualité de la performance. Valable comme excuse, non ? Et toi, quel est ton problème ?

    Aucune gène ; aucune honte. Nos échecs mutuels nous rendaient complices, fraternels.
    « -Chais pas, le coté professionnel de la profession, sans doute. La trouille de ne pas être à la hauteur de tes partenaires habituels. On arrête les frais ?
    « -On arrête ! Mais je n’ais pas envie que tu partes. Je voudrais rester un moment, comme ça, avec toi .Je suis bien dans tes bras.

    Il enfouit son visage dans mon cou, se blottit contre ma poitrine.
    Il avait quelque chose de fragile et d'infiniment attendrissant ; quelque chose de perlé que l'on trouve à la sueur des enfants.

    Au moment de le quitter, alors que le soleil était déjà haut dans le ciel, il me rappela sur le pas de la porte et m'embrassa très tendrement.

    « -Dis moi beau gosse, ça te dirait de tourner dans une production adulte ?

    Je claquais gentiment sa joue.

    « -Avec toi ? Pourquoi pas. Ce sera le seul film de boules ou personne ne bande !