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Contes défaits de mon ciel de lit. - Page 6

  • " Oral Sexe et petites contrariètés."

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    1998

    J’étais en cette époque bénie, étudiant à Nanterre (comprenez par là inscrit à l'Université, car sans boussole ou cardan j'eus été bien en peine d'en indiquer les bâtiments, tant je m'y montrais assidu.).
    Ivre d’indépendance et friand de minets libidineux, j’avais quitté le domicile paternel pour m’établir dans un appartement de la rue d’Aboukir dont le loyer m'eut couté la peau du derche si j'avais dut le payer de mes deniers.
    Mon papa adoré, bien évidement, assurait plus que généreusement ma subsistance, cependant, m’aurait il refilé les milliers de millions de milliasses de talbins que sa jeune et ravissante épouse claquait chez les couturiers que je n’en aurais encore pas eut assez.


    Je vivais, il faut bien le reconnaître, de nuits champagne en après midi shopping, un chouia au dessus de mes moyens et carrément à chrome s’il fallait en croire les somations de mon banquier lequel, en d’autres temps et sans remords, eut volontiers envoyé ma tête à vent valdinguer au massicot.

    De sottises en incohérences je me retrouvais très rapidement dans une situation financière à peine moins dramatique que le final Moldave d’une saison de « Dynastie ».

    (NDA : l’ensemble du casting sulfaté à l’Avtomat Kalachnikova modèle 1947, plus communément appelée AK-47 ou Kala pour les intimes, durant les épousailles d’Amanda Carrington, la fille cachée de Blake et Alexi, avec un prince d’opérette. Bilan de la tragédie : deux figurants virés.)



    Quatre solutions s’offraient alors à moi pour sortir de la mouise :

    - 1) Renoncer à sortir toutes les nuits ce qui était impensable ; autant prendre, la bure, le cilice et enterrer vivants mes vingt carats dans quelque Abbaye cistercienne perdue aux fins fonds de l’Auvergne.

    - 2) Continuer à sortir toutes les nuits mais attifé pire qu’une mendiante Péruvienne après un séisme de magnitude neuf sur l’échelle de Richter, or si le vêtement que je porte avec le plus de chic et de désinvolture reste encore une paire de bras d’hommes, les linges griffés ne me siéent pas mal non plus pour l’immense malheur de mon portefeuille et l’ineffable rayonnement de mon égo.

    - 3) Me prostituer ; j’avoue y avoir sérieusement songé et n’eut été mon dégout pour la chair flapie des michetons dont j’acceptais déjà assez mal qu’ils me prissent la main après avoir fait péter la roteuse , peut être aurais je connu une carrière honorable dans la galanterie.

    - 4) Me dégauchir fissa un colocataire potable, entendez par là solvable, propre sur lui, point trop brise burettes, évidement pédésexuel et suffisamment moche pour que je m’abstienne de lui sauter dessus les soirs de grande désespérance.

    David eut parfaitement convenu (hormis pour le coté moche, Dave mon amour ne me fais pas dire ce que je n’ais pas dit) si ce lâcheur ne s’en était allé tâter de la miche Yankee sur le campus d’une Université Californienne ou il se formait aux métiers du cinéma.


    Confronté à l’embarras du mauvais choix je me décidais finalement en faveur du pire.
    Gianni le Baltringue, dit « Mistinguett », dit « La Miss », vendeur en prêt a porter la semaine, gambilleuse le week end dans un bouge à travelo bien connu ou il/elle s’illustrait dans un Cancan frénétique laissant à penser qu’il/elle ne possédait pas de colonne vertébrale, et pire colporteuse de ragots, de fables, de contes que notre Sainte Gallia du Charlat.


    Pas mauvaise carne au demeurant.


    Rusée, matoise, plutôt finaude en dépit d’une inculture qui lui faisait prendre Sean Penn pour la capitale du Cambodge et le groupe « Boney M » pour une taille de soutiens gorges, d’une honnêteté toute relative, bien qu'étonnamment franche et fidèle dans ses amitiés.


    Notre cohabitation se passa pour le mieux jusqu’à ce que « La Miss » s’entiche d’un asticot de banlieue quasi pré -pubère, mince comme un soupir cependant doté selon la rumeur d’un engin de torture digne de l’inquisition Espingouine, engin dont il se servait, toujours selon la rumeur, sans la moindre imagination mais avec une endurance remarquable.


    Bref une peine à jouir, monté comme le bourricot de Buridan, sans gène ni éducation et stupide au point que si l’on avait du sonner les cloches à chaque fois qu’il disait une connerie, plus personne ne se serait entendu penser.


    A part ça un bien charmant garçon que ce José, tant et tellement serviable que je le trouvais un matin ou une après midi, je ne sais plus, en tous cas à mon réveil posé sur la courtepointe de mon lit avec la grâce bovine d’un crapaud buffle sur une feuille de nénuphar.

    Alerté par cette présence inhabituelle je soulevais un vasistas de plomb sur un œil aux allures d’huitre avariée. Bien que l’esprit me manquât encore, je notais la présence d’un soleil vert et acide aux fenêtres de ma chambre, la frime enfarinée de l’autre crève-la-dalle, le tressaillement maladif de ses doigts aux ongles rongés et me payais le tracsir de ma vie en imaginant la gouape venue me suriner ou pire caser son démonte pneus dans les profondeurs de mon haillon, quoi qu'il en soit bien trop étroit pour contenir la chose.


    « -Qu’est ce que tu branles ici, connard ! Beuglais-je d’une voix qui ne devait ses inflexions males qu’à mes abus d’alcool et de tabac. Tu ne sais pas que ma chambre est out of limits, forbiden, verboten, vietata, prohibita ; IN-TER-DITE ! D’abord qu’elle heure il est ?


    José s’agitait comme s’il avait besoin de se secouer le mérinos.
    La mine chiffon, il chignait des châssis, respirait bruyamment, se mordait les limaces, transpirait aussi un peu des aisselles à en croire l’exquis fumet de gigot à l’ail qui peu à peu se répandait dans la pièce.


    « -s’cuse de te réveiller, finit il par lâcher, mais y a urgence !


    Avec une plainte pitoyable de bébé phoque à l'agonie je me réfugiais sous mes couvertures.


    Je connaissais le modèle par cœur. Le golio s’était, une fois de plus, engrainé avec la Miss et comptait sur moi pour arbitrer, une fois de trop, leur eternel match de catch.


    Rassuré de ne pas s’être ramassée une giroflée, le lascar, à présent s’autorisait toutes les hardiesses.


    « - Allez, feignasse, bouge-toi ! Y a péril en la demeure je t’ais dit !
    « - Tu permets tout de même que je boive un caoua ?


    Péniblement je trainais ma carcasse avinée jusqu’ à la cuisine, enclenchais la machine à expresso.
    Le café coula, crémeux, onctueux, odorant.
    Me revinrent des images d Afrique, celles de grandes Ivoiriennes aux visages impassibles assises très droites à l’entrée de leurs cases, occupées à griller les gros grains craquants du café-vert sur des braseros ou brulaient d épaisses feuilles de Bananier.
    Dans mon dos le ramier trépignait d’impatience.


    Dix huit ans aux quetsches, petit animal immature et amoral que la Miss avait ramassé dans un bar à vioques ou il allait aux asperges pour le prix d’un jambon-beurre, il m’eut attendrit si j’avais possédé ne serait ce que le quart de la moitié d’un cœur.


    « - Quel est le problème ? Ta vieille n’a pas voulu brosser ? Demandais-je, histoire d’en finir le plus rapidement possible.
    « - bé, elle peut pas trop la pauvre ! Elle a, comme qui dirait, le fignédé en chou fleur en ce moment ! Non, y a pire !


    Encore chargé d’avoir un peu trop fait la fête aux chapelles, j’avais beau creuser le vide abyssal qui me tenait lieu de cervelle, je ne voyais pas très bien ce qu’il pouvait arriver de pire à l’autre tarderie que de perdre, même momentanément, l’usage de son trou d’amour.


    « - Tu me promets que tout ça restera entre nous ? S’inquiétait le Jocrisse.


    Je posais une main virginale sur mon cœur d artichaut.
    « -Juré, craché, ça ne sortira pas d’Ile de France.


    Queue-d-âne prit une grande inspiration, puis, a toute hâte, comme on se lave d’une souillure il m’avoua l’invraisemblable vérité.


    « - La Miss ne sait pas sucer.


    A ce point du récit je me dois de vous préciser que si Gianni avait hérité du surnom de « Mistinguett », ce n’était pas tant en raison de son habileté à la gambille, ni à cause de la beauté de ses échasses, mais parce qu’il se trimballait en guise de dentition un clavier à dominos sur lequel on aurait put jouer du Chopin avec des gants de boxe sans risquer d’altérer la pureté de la mélodie.
    Comment voulez vous que doté d’un tel appareil à désosser les côtelettes l’infortuné puisse tailler une pipe convenable ?

    J’avalais une gorgée de café. Je souris les yeux dans le vague. Je songeais que décidément, ces rideaux vert bouteille, aux embrases des fenêtres n’allaient guère avec le papier peint des murs ; que je serais forcément à la bourre à tous mes rembours ; que le Château Lafiotte que j'avais décidé de servir au diner en accompagnement d'une tourte forestière n’était peut être pas le vin le plus approprié pour relever la saveur boisée des champignons ; que je m’en allais sur le champs occire ce petit con de José avec des raffinements de barbarie dignes d’un empereur Mongol .


    Calmement et sans cesser de sourire, je rangeais une mèche de cheveux derrière mon oreille (oui, à l’époque j’avais encore des crins !), chopais un paquet de Dunhill sur une étagère, y cueillis une cigarette que je n’allumais pas immédiatement.


    « -Et en quoi l’absence de prouesses buccales de ta morue me concernent elle ?


    L’allumette craqua dans un silence assourdissant.


    Face à mon apparente impassibilité, José s’enhardit un peu plus.


    « - Tu pourrais, comme qui dirait, genre, lui donner des leçons particulières. Ce serait pas du luxe, crois-moi. Faut voir comment elle s y prend, la pauvre. Elle mastègue, elle mordille, elle tousse, elle crache, elle bave et moi forcement je débande.
    « - Et sur quel " instrument " suis je censé faire ma démonstration ? Une banane ? Un concombre ? Un vieux gode des familles ? Ton chibre de concours ?


    Ma voix était à présent aussi claire et tranchante que le fil d’un sabre Musashi.


    « -Ben, non, t’es conne, rigola l’arsouille, j’ai pensé, comme qui dirait, que, peut être, tu pourrais lui montrer sur un de tes mecs.


    J’exhalais un nuage de tabac blond semblable à une bouffée de soulagement. Ainsi donc l’ignoble ne cherchait pas à m’escroquer d’une turlute gratos au saut du paddock !


    « - Quelle bonne idée ! Chéri, tu ne veux pas abandonner ton livre le temps que je te taille une petite pipe ? Au fait mon amour, ça ne t ennuie pas que la Miss regarde et prenne des notes ? Ou mieux; on lui fait une cassette vidéo ; comme ça elle pourra réviser, le soir à la veillée.


    Le charlot à sa mémère afficha une lippe penaude.


    « -Tu n es pas d accord, c est ça ?
    « - Tu as tout compris morveux ! Comme qui dirait, je ne suis pas d accord ! Je ne comprends même pas que tu ais l’audace de me demander une chose pareille !


    Le ton enflait dangereusement. Le gnome était à deux doigts de se ramasser la mandale qu’il méritait.


    « - Ben, comme tout le monde prétend que tu touches drôlement la bille en la matière ; alors je me suis dit, comme qui dirait .....


    Et Allez, en avant la musique! Une étiquette de plus sur les bagages de « Mauvaise. Graine », l’Einstein de la clarinette baveuse, l’Isabelle Adjani des amabilités fellatrices, La Madonna du pompe-dard, le Mozart de la flute à bec, celui qui a six ans déjà composait d’une langue mutine d’étincelantes variations sur les pipeaux dressés de ses petits camarades.

    Un prodige en somme !


    « -Décarre, José, fissa, si tu ne veux pas te damer un coup de boule ! !
    « -Allez, le prend pas mal. Entre copines, on peut se rendre service.


    Ma tasse à café manqua sa belle tète d imbécile de quelques millimètres.


    J’ignore s’ils ont résolu leur problème de turlute avec l’aide de sainte Rita ou celle du rebouteux du coin, mais ils sont, à l'heure actuelle, toujours ensembles.


    La Miss a probablement appris à sucer

  • " Prince des indécences."

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    Sans même se donner la peine de sonner, il est arrivé alors que je ne l’attendais plus.


    Mais à vrai dire, l'avais je réellement attendu ?


    Il a utilisé pour entrer une clé que je lui avais confiée du temps que nous grimions notre histoire de cul en histoire d’amour ; feignant pudiquement de ne pas remarquer que les paillettes se décollaient, que les fards viraient ou s’écaillaient comme sur un visage flétri qu'on aurait peint à la hâte aux couleurs de la jeunesse.


    Il ne me l’a pas rendue cette clé. Il ne me la rendra pas.


    Du reste je ne la lui demande même pas. Je ferais changer les serrures un jour ou l’autre.
    Disons plutôt l’autre.


    Je l'ai reconnu au bruit violent qu'a fait la porte lorsqu'il en a rabattu l'huis.
    Il n'y avait que lui pour claquer les portes aussi fort, à croire qu'il voulait par là s'interdire toute velléité de fuite.


    Tranquillement, j'ai refermé mon livre non sans en avoir corné une page qui n'en pouvait plus de l'être. Toujours la même page, toujours le même paragraphe, les mêmes mots que je relisais inlassablement et dont je vous parlerais peut être un jour.


    Il a pénètre dans ma chambre comme une bourrasque d’automne. Sur les pans de sa grosse écharpe rouge, dans les plis de son manteau noir trainait un parfum urbain de feuilles mortes et de goudron, de précipitation, d’urgence.


    Le parfum du dehors.
    Le parfum de Paris à la tombée de la nuit.


    Lui sentait le chèvrefeuille, les agrumes et le thé vert, les après midi paresseux.
    Il a vingt cinq ans, presque vingt six; des orages souvent sur ses histoires d’amour et l’éternité devant lui.
    Il est vrai qu’à son âge l’éternité est l'affaire d'une poignée de secondes.


    Il s'est laissé tomber plus qu’il ne s'est assit dans le fauteuil au courbes douces près de mon lit, mais cette chute n’était pas brutale.


    Fluide plutôt, flexible.
    Comme lorsqu'on tombe dans un rêve, Alice dans un puit.


    Je lui ai trouvé la grâce délivrée de toute pesanteur d'un nageur en eaux profondes.
    Ses gestes sont longs, son visage est lisse.
    Il a frissonné, s'est plaint d'avoir les pieds froids. Je lui ai fait remarquer que les petits garçons ont toujours les pieds froids.
    Il a levé une épaule pour me signifier que je racontais des bêtises.


    Je sais bien qu’il est frileux, qu’il aime le soleil. Le soleil sur cette plage de Sardaigne ou nous nous sommes connus, le sable rose et noir en damier et qui ne blesse pas tant son grain est poli, la mer tiède au couchant, infusée du sang vif des coraux, les maillots de bains turquoises ou Garances, trop étroit de chez Roberto Cavalli.


    La lumière crue lui sied; la quasi nudité.


    Il n’a rien à cacher.


    Il est beau comme un Italien, souriant et boudeur, gouailleur et taciturne, ombrageux et paisible, sensuel et aussi froid qu’un David de marbre. Le Caravage l’aurait peint sur fond d’obscurité. Claire tête d’archange, corps raviné d’ombres mauvaises, voyou Romain et prince Florentin ; un peu Cesare Borgia, un peu Giuliano de Médicis.


    Princier dans tous les cas.


    Il porte l’un des plus grands noms de France et fait mine de s’en moquer. Il définit ces prestigieux ancêtres comme un ramassis de putains royales et d’assassins en dentelles. Lorsqu’il évoque le monde dans lequel il a grandit, celui des chancelleries, des diners en habits, des châteaux en Touraine il en rit franchement.


    « -Qu’est ce que le « Monde » d’après toi ? Dix parents plus ou moins proches à Paris, dix parents éloignés à Londres, autant à Venise et Budapest ; tous déguisés en pingouins qui s’embrassent et se font des grâces dans la petit monde de leur monde et se détestent cordialement dés qu’ils en franchissent les frontières. »


    Je ne lui donnerais ni tort ni raison.
    Ce monde là, je ne le connais pas.
    Chez moi c’était la bohême et l’art du grand n’importe quoi.


    Il a soupiré longuement, pas bien heureux mais pas bien désespéré non plus. Il s’est arrache de son fauteuil pour rejoindre le lit ou me cloue ma cheville malade.

    En moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, il était nu ce qui tenait de l’exploit olympique tant ce jeune athlète s'était couvert d’épaisses cotonnades et de souples flanelles pour se préserver d’un froid à givrer les marrons dans leur bogues.


    Lentement et sans me toucher il s’est allongé près de moi, son corps perpendiculaire au mien et a allumé une cigarette.
    Lui, c’est avant l’amour qu’il fume.
    Les yeux perdus dans les volutes bleues de son tabac blond il a parlé un peu de lui.

    De Prague dont il arrive, de Casa ou il s’en va.
    La cendre est tombée sur le drap sans qu’il s’en préoccupe.
    J’ai grogné, grondé pour la forme ; il a rit du bout des dents en me lançant un petit regard malicieux.


    « Je ne vais pas t’embêter longtemps, va ! »


    J’ai eut bêtement l’impression qu’il ne s’adressait pas à moi, qu’il n’y avait plus entre nous ce « pas-si-vieux » fond de souvenirs que l’on appelle bien prosaïquement de la complicité.


    « -Tu repars quand ? » j’ai demandé.


    Il s’est retourné sur le flanc, le bras tendu vers le chevet pour écraser sa cigarette dans un petit cendrier de porcelaine.


    « Quelle importance puisque je pars. »


    Puis sa main, sa petite main vigoureuse est venue effleurer mon torse. De l’index il a suivit le tracé de mon tatouage au dessus du sein gauche redessinant sur ma peau les longues cursives des mots « Mauvaise. Graine ».


    « - Et puis toi aussi tu partiras lorsque tu seras guéri. L’Afrique, la région des grands lacs .Tu vas te faire boulotter par les pygmées cannibales. » A-t-il ajouté avant de poser sa bouche là ou la décence m’interdit de le dire.


    Il s’appelle Chris et j'aurais put l'aimer s'il ne se défiait tant de cet amour.

    En même temps, si j'étais l'homme qu'il aime, je me méfierai!

     

     

     

     

     

  • "Mes nuits sont plus belles que vos jours."

    zvania-by-genaro.jpgJe suis l'homme qui ne dort jamais.

    Ou si peu.

    Vingt minutes par ci, une demi-heure par là !

    Le minimum syndical imposé par le marchand de sable.
    Du reste, à moins d’avoir pris une murge à cracher un renard, un corbeau et tout le bestiaire du père La Fontaine, j’en écrase rarement façon vache morte dans un champ de luzerne.
    Non, non, toujours délicat, élégant, je sommeille d’un œil, telle une mésange sur un rameau d’Aubépine.

    85 kilos, la mésange, je ne vous parle pas de la taille du rameau !

    Bref, je pionce n’importe où.
    Sur une chaise, une banquette de voiture, en transit dans un aéroport, en avion, dans le dur, aux terrasses des bistrots, au cinoche lorsque le père de David m’impose d’assister aux projections des purges en vingt quatre images-seconde qu’il produit... Très souvent après la carambole, parce qu’en veine de confidences, le bout de gras, nu près de moi, entreprend de me raconter sa vie de son premier vagissement à son dernier orgasme ! Au bureau, tandis qu’entre deux aboulements de mioches roux et moches, passent des cigognes dans les monologue de ma collègue Françoise, dite « mère courage », sans doute la femme la plus fertile de France et de Navarre. A la cafète, quand à bout de forces, je m’acagnarde contre le distributeur de boissons pour un roupillon minute ainsi que ces petits animaux habitués à récupérer très vite leur énergie de manière à l’utiliser immédiatement en cas de danger.

    Trois heures de sommeil suffisent généralement à mon repos.

    Je les picore mais ne les savoure pas. Dormir me cave au point que je ne sais jamais quoi inventer pour retarder l’échéance.

    Perte de conscience, perte de temps, perte de désir.

    L’impression lorsque je collapse de sentir la boite à dominos dans laquelle nous termineront tous se refermer sur moi.

    Le temps, la vie qui se débinent.

    Je suis un perfectionniste obsédé par la fuite du temps. J’éprouve toujours le sentiment d’être en répétition générale, l’anxiété de devoir rendre une copie bâclée, raturée, inachevée.

    Peut mieux faire, écrivaient d'une plume finalement agacée tous les profs amenés à subir mes approximations.

    Il est clair qu'au moment de calancher, lorsque la faucheuse pointera son ombre, j’arrêterais sa main, je lui dirais :

    « -Non mais attends, qu’est ce que tu branles là toi ? Tu t’es trompée de gonze, ma poule. Moi, on ne m’a pas laissé assez de temps, mais là je suis prêt. A Aimer, à donner, à créer, à vivre enfin ! J’ai compris, j’ai l'expérience, maintenant. La vie, ma vie peut commencer. Ne pas recommencer mais commencer réellement. »

    « Encore un instant Monsieur le bourreau »! Suppliais l’infortunée Jeanne Bécu, Comtesse du Barry au moment de grimper à l’Abbaye de monte-à-regrets.

    Encore un instant, une dernière minute, un dernier regard, un dernier « Je t’aime », un dernier soleil.

    Encore une heure, encore un jour.
    Revenir en arrière et tout refaire, cette fois si dans le bon ordre et sans erreurs.

    Dormir me tue.

    Surtout la nuit !

    Mes nuits sont plus belles que vos jours.

    Parce que la nuit est mon domaine ; la nuit est mon royaume. Parce que je ne brasille, je ne luciole, je ne phosphore jamais aussi fort qu'au plus noir des ténèbres.

    Le phénomène est, parait il, notable.

    Dés l'instant ou le soir lève, mon œil s'allume d'une étrange lueur, un peu trouble, un peu malsaine .La même que l'on voit bruler au regard d'un cocaïnomane lorsqu'il s'apprête à défaire le petit paquet, aux plis bien soignés, de ses enchantements.
    Je m’agite, je mordille le gras de mon pouce, j’use ma semelle à battre le sol d'un talon impatient.

    Un branque, un louftingue, un jeté, un maboule !
    Bon pour Sainte Anne, La Garancière, les petites maisons, le pavillon des illusions, ou vous voudrez, mais camisole obligatoire !

    Les malheureux à qui j'impose ce déplorable spectacle s’affolent.
    « - Ca ne va pas ? S’inquiètent-ils avec cette douceur condescendante que l'on réserve aux grands malades ou aux imbéciles.

    Je ne daigne pas répondre.
    La nuit est venue et je rayonne, je fulgure, je rutile.

    Mais que fait il donc de ses nuits ce grand caramantran de « Mauvaise. Graine", s’il ne dort pas, Vous demandez vous certainement ?

    Il sort , il bringue , il baltringue ; et lorsqu'il ne sort pas , ne bringue pas , ne baltringue pas ( plus de sous , rien à se mettre ) , il bouquine , il écrit , il se promène dans vos vies ( oui , les vôtres , vous qui lisez ces lignes! J’avoue, je joue les fleure-fesses sur vos blogs !).

    Il téléphone aussi.

    Enormément.

    Hein ? Comment ça ?
    Au beau milieu de la nuit ?
    Il ne sait qu'il y a des gens qui dorment, eux, et que la sonnerie d’un téléphone, ça réveille ?

    Pas dans mon monde, mes amours.

    Dans mon monde, les téléphones s'allument en silence.
    Dans mon monde vous avez plus de chance de joindre votre interlocuteur à quatre heures du matin qu'à deux heures de l'après midi.

    Les rapaces nocturnes fréquentent rarement les belles de jour.

    « _ Allo, c'est toi? C'est moi. T'es ou ?
    Au " T….. "! Y a qui ? Ah bon, elle n’est pas morte cette pute ?
    Et Chris, il est là, Chris ? Enculé de pédé à roulettes, il m'a dit qu’il ne sortait pas ! Avec qui il est ? Bon, ça va c'est son cousin.
    Oué, il est beau, oué ! On le saura qu’il est beau ce brise cœur, arrête de me casser les roubignoles avec ce mec! Bé non, il m’intéresse pas, dis pas n’importe quoi ! Je ne vais pas me la jouer "Joséphine-à-la-renverse" juste parce qu‘un mec est joli à regarder !

    Ah bon, il a l'air de s'éclater la mouette, Chris ?

    Attends un peu demain, je vais lui mettre le compte au duc de Mornifle.
    Il va m'entendre chanter, le « Cricri- d'amour » !

    " Sola abbandonata in questo popoloso derserto che chiamano Parigi" ! "

    La Traviata " en intégrale ! Version Scala 55, Luchino/Callas !

    Elle va lui cracher le poumon droit en pleine poire la Violetta au bel Alfredo !

    Mais bien sur que je m'en fous, qu'est ce tu vas chercher ? Amoureux de Chris ! Moi ? ! Qu'est ce qui te prend Simone Garnier ? Tu nous rejoue " Tournez Manège " ? T’en a torché combien de bouteilles ce soir?

    Mais non, je ne suis pas méchant, arrête de chougner comme une pisseuse
    Non ; je ne viens pas. Plus de sous, rien à me mettre. Et puis c'est jeune cette boite; je vais encore passer pour la grand mère des Schtroumpfs.
    Tiens par exemple, l'autre soir, y a un Aztèque qui me tire par la manche.

    Un mètre douze au garot, 16-17 ans au compteur, une gueule à niquer uniquement les années bissextiles et encore, pendant une éclipse. Bref, le fils d'Harry Potter et de Mimmie Mathy!

     

    Y me fait, tout en me désignant d’un mouvement du menton un jambon de Bayonne en limouille rose shocking et bénard pistache! Une tranche Napolitaine, le gniard! Avec des fruits confits plein sa bobine et tout, y me fais donc : « -zcusez moi, monsieur, mon pote, là bas, il voudrait savoir combien vous mesurez

     
    Moi tu me connais, déjà je n’aime pas qu’on touche à mes habits sauf à me les arracher pendant le coït mais qu’en plus un môme que j’aurai put très bien enfiler façon perle de corail sur tige d’acier s’il avait été vaguement bitoculmetable me vouvoie ça me file des aigreurs d’estomac.


    Sans compter que je réalise par la même occasion que je me suis fait enfler vilain par notre pote « Aramis » et sa fabuleuse crème aux prépuces de cachalot séché «  qui vous rajeunit de dix ans dés la première application » auquel cas depuis le temps que je m’en tartine la gueule je devrais me trouver, à l’heure actuelle en couches culottes dans les allées du parc Monceau occupé à jouer aux billes.


    Bref tout ça pour te dire que je ne me trouvais pas dans une humeur à minauder des guimauves bleus-citrons.

    « -Pourquoi, je réplique donc ; je lui demande, moi, combien elle pèse la Balasko ?

    La figure du mioche se froisse.
    Du coup, bonne pomme, je me radoucie.

    « -1 mètre 87, nabot ! Et je commence à peine ma croissance !».

    Y se marre, pas bégueule, il s'apprête à lâcher sa vanne.

    « -Non, parce qu’il parait que les grands mecs ont des grandes queues.

    Je ne l’ai pas vue venir celle là, pas du tout ! Le jour de ce foutu jugement dernier je suis certain que la Pierrette me la sortira encore histoire de rigoler un dernier coup.

    «- Il vaudrait mieux pour toi que ça soit une légende urbaine, loupiot ; je lui balance ; parce que sinon c'est un drôle de zizi d'oiseau mouche que tu dois trimballer dans tes calcifies ! Pas besoin de poche kangourou, un étui à sifflet et t’es à l’aise ! "

    Scié le mouflet !

    Non mais oh, qui on est ? On ne va pas se laisser marcher sur nos Pradas par des nains de jardin.

    Y sont incroyables les gosses de nos jours!

    ZOB-SE-DES !

    Bientôt ils vont se pointer en boite avec un mètre de charpentier et te mesurer le boa dés que tu débarques !

    On n'était pas comme ça à leur âge ?

    On était pire tu crois ?

    Bon ce n’est pas que je m'ennuie mais je vais mater la qutrième saison de « Gossip Girl ». Ciao amore! You know, you love me! XO, XO.»



    Quand je vous disais que mes nuits sont plus belles que vos jours……….