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Flashbacks - Page 4

  • " Brother outlaw."

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    Juillet s’achevait péniblement dans des vapeurs métalliques, des fumées floconantes de bateau à aube haletant le long d’un faible bras de rivière que la mer repousse.

    Harassé de chaleur je trainais mon grand cadavre bruni, pleurant de sel et de sang l’absence de Julien, dans un Porto Cervo aux allures criardes de foire aux vanités, comme les filles du calvaire pleuraient le Christ en croix.


    Seul célibataire parmi des couples en état de béatitudes aggravées, je prenais en horreur l’étalage poissé de Monoï de leurs extases.

    Dieu que Walter et son amoureux me semblaient niais, lorsqu’ils roucoulaient plus fort qu’un peuple de ramiers aux flèches des cathédrales, leurs têtes mesquines penchées l’une vers l’autre, l’œil rond et sot, irréfléchi, le bec tout sucré par la crème des glaces qu’ils partageaient au même cornet.

    Et que dire de Sasha, rajeunie de vingt ans depuis qu’elle batifolait avec le petit fils, à peine majeur, d’un constructeur automobile Milanais dont elle tentait, mais en vain, d’ébranler la fortune dans les boutiques du Sottopiazza ?

    David lui-même, se consumait pour un long lys Bavarois, sorte de croisement improbable entre une Elizabeth frappée de très germaniques mélancolies et un Ludwig délirant de baroques passions au clair d'une lune blême, dont nous nous demandions ce qu’il était bien venu chercher dans un pays ou l'ombre est plus rare que les blanches gelées des jolis matins d’hiver aux dunes du Sahara , sa carnation neigeuse craignant à tel point le soleil, qu’il passait ses jours claque muré au plus frais d’une villa forteresse .

    "- Tu crois que c'est un vampire ? interrogeait, vaguement inquiète, Sasha.
    " - Ca me parait évident, répliquais je. Jamais je n'ai vu David aussi mordu !

    Mordue elle aussi, nous avait rejoins une chanteuse de variétés, un peu passée de mode aujourd’hui, que l’on disait sotte et creuse alors qu’elle ne l’était pas du tout, sauf ,bien sur, lorsqu’elles se mêlait d’ avoir des idées, certaines plus communes si possible que les ritournelles désenchantées qu’elle changeait en galettes d’or par la grâce d’une voix dont la rondeur sensuelle palliait au manque de puissance .

    Pire encore, notre diva voyait de la conspiration partout, des paparazzis derrière chaque parasol, si bien qu’elle me refilait, dés que nous mettions le nez dehors, le paquet cadeau du sigisbée décharné aux longues boucles cuivrées, aux longs yeux languides de petit faon, aux longues conversations analphabètes, lui tenant lieu de fiancé occasionnel.

    Quant à papa, moins idiot que le reste du troupeau, il s’était tiré en mer à bord d’un 18 mètres moteur loué au prix d’un appartement avenue Georges-Mandel, avec pour seul équipage "Belle-maman", ma « sœur-à-moitié » et l'espoir secret, hélas déçu, de noyer les deux emmerdeuses entre Naples et Capri.


    Julien, de son coté, séjournais à Ajaccio chez ses parents .

    S’il avait bien prévu de me laisser l’y rejoindre, il entendait au préalable, préparer son monde à l’onde de choc que ne manquerait pas de provoquer dans la cité Impériale la venue d’une tapette Parisienne au vocabulaire de carabin et aux manières de fille perdue.

    « - Tu comprends, mon amour, m’expliquait il trois fois par jour au téléphone, chez moi l’homosexualité n’est pas tellement bien vue. En ce qui me concerne, chacun « sait », mais ils font comme si de rien n’était. Sujet tabou, politique de l’autruche. « -Mais comment se fait il qu’un beau garçon comme Julien, gnagnagna, n’ait pas de copine ? » ; « -Oh vous le connaissez, Julien, il est tellement timide et tellement discret. ». Timide, mes couilles ! Condamné au placard jusqu’à la carte vermeille, oui ! Je pourrais bien sur, te faire passer pour un copain de fac ou un collègue de bureau, mais ça ne marcherait pas. D’abord parce que tu es trop jeune pour le rôle, et puis rien que la manière dont nous nous regardons est un aveu. Mes parents encore, je pense qu’ils sont prêt à accepter un homme dans ma vie du moment qu’il s’agit d’un homme bien ! Non, le problème c’est mon grand frère ! »

    Putain de frangin, parlons en du putain de frangin !

    Un gosse de bourges retourné à la terre pour y exhumer les racines agro-pastorales d’une famille qui n’avait jamais officié que dans les lettres et la magistrature.

    Un berger diplômé d’un institut supérieur d’agriculture, bien qu’il se la jouât volontiers autodidacte et homme des bois.

    Un égorgeur d’agneaux, un éventreur de porcs, un tueur de marcassins et de colombes.

    Un fabricant de fromages et de vins résinés des montagnes, toujours vêtu de treillis ou de bleus de chauffe, fleurant, du moins l’imaginais je, le lait aigre et la piquette tournée.


    Un militant Nationaliste convaincu, pour lequel tout ce qui n'était pas Corse et attaché aux traditions ancestrales de l’île - à fortiori les pédés; puisque de toute évidence un véritable Corse ne saurait donner dans l'inversion- devait être immédiatement et sans procès, brulé vif en place publique.

    Bref, un cauchemar vivant, mais un cauchemar que Julien vénérait.

    Un mot de travers au sujet de l’idole et il se fermait comme une clef d’arc scelle une voute.

    « - Parle pas comme ça de mon frère ! »

    A force de ne pas en parler « comme ça », je n’en parlais plus du tout, laissant à « Beau. Masque » le soin de composer avec son insupportable famille, tandis que je m’étiolais dans un paradis perdu ou la beauté sculptée des Adams moulés dans leurs petits maillots « Roberto Cavalli » laissait indifférents des yeux qui ne voyaient plus rien de ce qui n’était pas Julien.

    Du reste, à la plage je n’y allais plus, non par crainte de succomber à des excès de virilité dénudée, mais plus prosaïquement, parce que mon fichu téléphone ne captait pas de réseau dans la crique de Cala di Volpe ou nous avions établis campement et que je redoutais de louper l’appel qui m’aurais fait quitter l’ile dans la minute.


    Je ne mangeais plus et je buvais trop. Je ne sortais pas, ne dormais pas, je fumais comme une cheminée d’usine.

    Je passais mes nuits à affronter la chanteuse et son copain en de furieuses parties de poker, ce terrible jeu de stratégie et de mort. Le somptueux désastre de ma vie sentimentale me valait de bénéficier de mains princières.

    Au petit matin, plumés jusqu’à l’os mes pigeons allaient se coucher.
    Sur ses entrefaites, comme prévenue par un signal secret, arrivait, bougonne et peu amène la dame chargée de l’entretien de la maison.

    « -Pas encore couché ? C’est du joli !


    Elle me regardait longuement, pensive et peut être apitoyée.

    « -Mais comment tu fais pour vivre à l’envers de tout de le monde ?

    Je répondais que je ne savais pas, que je m en foutais, que je ne voulais surtout pas être comme tout le monde et c’était à peine si je mentais.

    Désœuvré, je déambulais dans l’enfilade de salons qui composaient le rez de chaussée, ouvrais des livres dont je relisais inlassablement et sans m'en souvenir toujours les mêmes trois ou quatre premières pages.

    La matinée avançait lumineuse et tropicale.

    J’appelais Sandra qui m’engueulait.
    J’appelais « La Miss » qui me battait froid.
    J’appelais mon père qui me cajolait.

    Je rejoignais enfin ma chambre dont le balcon donnait sur la mer. J’apercevais les premiers baigneurs éclaboussés d'azur.

    De jeunes Sardes aux mèches noires piquées d'or, à la peau boucanée, aux longs muscles agiles, jouaient à se battre pour de faux, à s enlacer pour de vrai. Leurs cris d enfants se mêlaient au fracas des vagues.

    « - Lâche-moi, oh pèdè !

    Et j’attendais que sonne un téléphone qui au fil des jours sonnait de moins en moins souvent.

  • " Le velour des vierges."

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    Captif des bras de Julien, je m’arrondissais mollement dans la douceur Virgilienne, loin d’être servile ou même arbitraire, d’une paix succédant à d’horribles guerres.

    Bercé de tendresses inouïes, j’y découvrais, dans un éclat glacé d’incrédulité, que d’avoir couché avec cent hommes ne me servait à rien depuis que j’en aimais un seul.


    De ces amas de corps fermes et nacrés ne subsistait qu’un souffle fade de marais, une senteur écœurante de chairs tournées fumant ma peau à jamais souillée d’un grouillement de charogne!

    Et j’avais beau, la laver cette peau, la poncer, la polir, l’étriller au sang , la baigner de musc et de lavande qu’elle gardait encore ses aromes d’infamie , à croire que l’on m’avait tiré , écorché , raclé à l’os d’un charnier de Bohème ou j’aurais croupi des jours durant, vagissant et plus qu’à demi mort, dans les humeurs intolérables des organes pourrissants et des fientes de corbeaux .

    Jusqu’à mes baisers qui me semblaient sentir la pissotière alors que ceux de Julien embaumaient le buis et la Girofle, l’anis étoilé et la fleur d’amandier.


    Il y avait eut tant d’hommes, mon Dieu, en si peu d’années.


    Pas d’amour mais cette illusion creuse de l’amour qui légitime le sexe dans ses aberrations tellement crues, tellement brutales, tellement délicieuses, qu’elles vous font pleurer de regrets lorsqu’elles passent au rang de souvenirs sublimes.

    Des tocades, des foucades.

    Des coups de têtes grimés en coups de cœur.

    « Le Pacha », ses yeux pales et ébahis ou perçait lorsqu’il les posait sur moi une lueur vacillante comme un repli de flamme sur sa mèche et qui était de l’incompréhension ou du chagrin, je ne sais pas, ses mains épaisses de marinier à gréer toutes les voiles, sa queue sombre et recroquevillée contre le gras blanc de la cuisse ou battait bleue et fragile une petite veine.

    Franck que j’avais cru aimer parce que, peu respectable lui-même, il ne me respectait pas. Franck son visage de magazine, un peu « Lui », un peu « Elle », ses allures de tapiole d’autant plus Parisiennes qu’il débarquait de Clermont-Ferrand, Franck, démon par chacun chevauché , à l’âme mesquine et aux envies malsaines dont les scories expulsées sur l’enclume à coups sourds de marteau contaminaient qui l’approchait de leurs éclats de métal infectés , Franck qui visait les penthouses dorés des beaux quartiers alors que ses appétits de flétrissures allaient le conduire dans les caves tristes et sales des productions « Citébeur ».

    En sommes qu’avais-je de mieux à offrir à Julien qu’un corps, certes appétissant, mais passé par tant de mains qu’il s’en était fané comme l’étoffe d’un veston rongée jusqu’à la trame à force d’être porté ?


    Les richesses d’un esprit que j’ornais chaque jour d’avantage, tombé que j’étais dans la passion des grimoires et des rimes ?

    Julien, me semblait il, n’en avait que fiche, lui dont l’intelligence, froide, précise, analytique faisait l’admiration de tous, lui qui ne cessait de nous éblouir par la finesse de ses raisonnements, la rondeur de sa faconde, l’étendue de sa culture au point que je me demandais s’il ne m’eut pas préféré sot, Béotien, incompréhensif, mais point trop obstiné tout de même, afin de me former à l’image de ses idéaux.


    Car non content d’avoir trainé mes précieuses dans tous les paddocks pourris de la capitale, de ne correspondre que d’assez loin, de nuit et dans le brouillard, aux critères physiques dont on le disait friand, je me permettais d’apporter mes contradictions morveuses dans des débats aussi étincelants qu’argumentés auxquels six mois plus tôt je n’aurais compris que pouic.


    Ainsi, par exemple, je ne voyais pas d’intérêt à l’histoire telle qu’elle était enseignée dans les écoles, les collèges, les lycées et soutenaient que les enfants, de quelque horizon social et culturel qu’ils viennent n’avaient pas besoin de se farcir des hiéroglyphes Egyptiens, la chute de Sparte ou les armes de la Macédoine pour appréhender rationnellement le monde dans lequel ils vivaient ce à quoi, « Beau. Masque » répliquait que l’on ne peut vraiment savoir ce que l’on est si l’on ignore d’où l’on vient.

    Bien heureusement et même si Julien fut de tous les hommes qui marquèrent ma vie celui avec qui je communiquais, j’échangeais, je partageais le plus, nous ne gaspillions pas nos jours à examiner, améliorer, détruire, reconstruire les systèmes passés, présents et à venir.

    Nous vivions à pleins poumons, aussi naturellement, aussi insoucieusement que nous respirions.

    Nous riions aux larmes de nos mots d’enfants ivres de vin, de sève, de scintillante jeunesse, nous blaguions à tous propos, le plus volontiers hors de propos, nous badinions follement, nous regardions le défilé des garçons au printemps des avenues en nous disant que, finalement, ils étaient bien jolis mais que, l’un pour l'autre, l'autre pour l'un, nous étions mieux encore !


    Nous sortions beaucoup, au théâtre, au cinéma, à l’opéra, dans les diners et les salons, chichement dans les boites ou dans les bars, nous recevions nos amis, nous cuisinions, nous faisions du sport et nous affrontions aux cartes ou aux échecs.

    Nous voyagions chaque fois que nous en avions l’occasion.

    Et nous faisions l’amour sans nous lasser jamais, tant l’amour avec Julien était simple, naturel, enjoué, frais, pétillant, solaire enfin, décrassé de toutes gènes comme de toutes pudeurs, privé de ses ombres violentes, mauvaises , obscènes détournant le relief des corps des éclatantes lumières, des neuves beautés, des sublimes puretés qui ne craignent pas de payer au plaisir le prix qu’elles doivent payer, si bien que sous des caresses inédites ou la douceur des mots comptait autant que celle des gestes, ma vilaine peau de débauché, ma peau de repenti , ma peau de pénitent vibrait affolée des limpidités sanguines du clair velours des vierges.

  • " Les ailes du desir."

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    Après l'anicroche d'Autheuil, une fois mes rires et mes raideurs, mes migraines épathiques et mes hébétudes narcotiques dissipées, je me sentis de fureur sacrée, pousser ,membraneuses, amples ,vibrantes des ailes d'Incube qui, crevant la nudité de mon dos, déchirant mes muscles en de violentes blessures, m’élevèrent jusqu'à des sommets inconnus de barbarie ou des serpents pythons semblables à mes rancœurs nouaient leurs anneaux d’aveugle sensualité autour du corps d’un Julien livide et supplicié.

    De mon gladiateur sacrifié, cependant, je ne perdais pas le gout, encore moins le désir de ces merveilleux désirs dans lesquels, tombant de fièvre quarte en chaud mal, de martyrs en voluptés, des semaines durant, je me consumais.

    Suppléant à une routine de médiocre tenue, l’effervescence ou je me débattais dés le saut du lit, lorsqu’elle ne dévorait pas mon sommeil de ses flambées impures apportait un éclairage nu, cru, frontal sur une existence pitoyablement bourgeoise, morne, indolente et atone en dépit des brèves secousses dont je talonnais ma monture afin de maintenir cette allure du petit galop qui jamais ne prenait un virage en dehors mais qui me semblait, toutes paupières cousues, plus épique encore que les chevauchées de hautes couleurs de ces preux d'Angleterre ,qu’emportaient dans un grand vent de pétales et d’oriflammes , les harmoniques baroques d’un poème de Beuern mis en musique par Carl Orff .


    La rage aux dents, encensant sous l’insulte d’une phrase mesquine -petite merde, salope, minet rupin, avait il dit - dont les ricochets suffisaient à me glacer d’écume, je m’acharnais à prouver à quelqu’un qui ne me demandait rien, plus qu’à moi-même qui n’en demandais pas d’avantage, que je valais mieux que ce que mes nuits cocaïne et champagne, ma vagabonde et farouche tribu Tzigane, mes blêmes amours mortes-nées dont les effigies de cire s’exhibaient dans un musée des erreurs entre la rue Beaubourg et le Boulevard Beaumarchais , laissaient entrevoir d’une personnalité en démolition avant même que de s'être construite .

    A la stupéfaction générale je congédiais mes dealers et mes amants, ne conservant pour le bon équilibre de mes nerfs qu’un petit rouquin dont le cul blanc comme un rêve de crème aimait à être battu jusqu’à l’incarnat des feux d’infamie et dont je me souviens qu’il se parfumait à la même eau de cédrat et de verveine que ma grand-mère, contrariant par là des bandaisons qui cependant ne demandaient qu’à s’ébaudir, ce à quoi elles consentaient de bien bonnes grâces, une fois le bambin , savonné , rincé et talqué à la poudre d’Iris .

    Plus étonnant encore je repris le chemin de la fac, me fondis, sage et bien peigné, débarbouillé de mes paillettes, privé de mes anneaux d'oreilles, de mes colliers d'émaux ,gardant juste au cou une croix de corail dont je pensais qu'elle me portait bonheur, dans la masse houleuse et moutonnante d’une promotion que j’imaginais fade et triste , alors qu’elle était rieuse et bohème, me découvris le gout des livres et de l’étude , l’amour de l’histoire , de l’art , de l’histoire de l’art et finalement passais comme en me jouant des examens que l’on disait redoutables .

    Dans la foulée et puisqu’un bonheur n’arrive jamais seul, je décrochais un entretien d’embauche – des entretiens devrais je écrire car on demanda à m’entendre six fois –auprès du voyagiste plein de mansuétude et d’abnégation qui aujourd’hui m’emploie encore.

    « -Ainsi, riait Julien tandis qu’il embrassait mon ventre nu, c’est un peu grâce à moi que tu es ce que tu es.


    J’étendais mes doigts en serres pour agripper ses boucles brunes et drues, tirais en arrière sa belle tête halée.

    « - Au vu du résultat, il n’y a pas de quoi pavoiser.

    Julien détachait mes mains de ses cheveux, pesait sur mes avant-bras jusqu'à ce qu'ils cèdent, tandis que son corps sur le mien devenait plus lourd.

    « - Et si je te disais que cette après midi là, à Autheuil, petite merde, petite salope, petit minet rupin, si je te disais que moi, je t’aimais déjà !

    Je cherchais à croquer une bouche irrégulière, vivante, mobile, une bouche de beurre, de sucre, de rhum doux et qu’il me refusait.

    « - Je te dirais moi, qu’il faut laisser aux vrais menteurs le soin de bien mentir, Monsieur l’observateur pernicieux de la vie des autres, Monsieur le journaliste !

    Avec violence, avec douceur, enfantin, il me mordait au sein.

    « - Je te haïssais, c’est donc que je t’aimais un peu.

    Je me dégageais de son étreinte, roulait sur le flanc pour mieux revenir aussitôt me pendre à son cou.

    « - J’aime bien quand tu m’aimes moins, et mieux lorsque tu me détestes un peu.

    Graves et beaux ses yeux du bleu perçant des pervenches viraient au mauve presque noir des violettes Italiennes et des eaux profondes.

    « - Une chose est certaine, mon terrifiant amour, devrais je vivre cent ans et faire cent fois le tour du monde, il n’y a aucune chance que je recroise un jour une plus somptueuse tête à claques que toi.