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monte carlo

  • " Nous irons à Monte Carlo."

    zzzzzvania-monte-carlo.jpgChris est venu me récupérer à l'aéroport de Nice.


    Halé et parfumé, white jeans et T- shirt Tropézien, blouson de cuir bleu passé de chez Dior (vous ne pouvez pas le louper, c’est marqué dessus en lettres fluorescentes !).


    Mauvais genre juste ce qu'il faut.


    Comme j’aime.

    Bref, une pintade Azuréenne.

    Un bisou, deux bisous, « non- pas- la- bouche – y- a -du -monde », et nous voici parti pour la principauté à bord d’un pot de yaourt si exigu que mes genoux flirtent dangereusement avec le tableau de bord.

     


    En route, je m’enquière de la compagnie. Chris me rassure ; les adultes (A noter au chapitre des singeries me le rendant parfois insupportable que Chris évoque les adultes comme s’il n’en était pas un lui-même) ont choisi de s’exiler dans les Alpes Suisses. Seront donc présents, son plus jeune frère, son cousin germain - notre hôte-, ainsi que les amis de ce dernier, une bande de folle « que- tu- vas -adorer -détester » ; plus une fille totalement cinglée « que- tu- vas- détester- adorer ».

     


    Me voilà bien tranquille, je vais pouvoir roter mon champagne, péter mon caviar et prononcer des mots inconnus du dictionnaire sans provoquer d’incidents diplomatiques.


    A moins que je ne fasse la grâce à mon amoureux de me tenir correctement, très gendre idéal, en bout de table.

    La demeure ou nous logeons ressemble à une version miniature du Palais Sans-souci de Potsdam quoi qu’en plus chargée.


    Bref, une meringue.


    « Mauvaise. Graine » ma fille, s’il te restait un doute, tu peux en faire le deuil : tu es bien chez les riches, aussi incongru, déplacé, malséant qu’un Poivrier sauvage dans une roseraie, même si l’incongruité est devenue à ce point quotidienne qu’on y prête plus attention !


    Quant au fameux cousin ; de faux airs d’asiate, des épaules à déménager les pianos, une bouche à embraser les banquises, des dents de magazines

    Bref, une bombe sexuelle, un pur concentré de testostérone, le plus affuté des pièges à garçons qu'il m'ais été donné de croiser !


    A mon avis, lorsque ce mannequin traverse le Marais, les pamplemousses doivent suinter, les noix de cajou éclaté, les bananes jouer les métronomes sur son passage ! Il faut distribuer du Temesta en intraveineuses pour calmer la tachycardie des donzelles, du bromure à la louche pour empêcher un viol collectif.


    Du reste, moi-même je ne me sens pas très bien. Une écume blanchâtre à la commissure des lèvres, je déraille sur toute la ligne, je rougis, je palis, je brule de partout, je perds mes mots, j’en invente d’autres ; ceci au grand agacement de Chris.


    « - Calme tes ardeurs « Mauvaise. Graine », me conseille t’il tandis que nous rejoignons notre chambre. Mon cousin n’est pas pour tes dents de loup.

     


    Piqué dans ma vanité, j’enfourche illico mon plus fougueux destrier.


    Mais comment ose t il me prêter de si vils desseins alors que je ne suis qu’angélisme et probité ?

    Du reste je ne l’ai même pas regardé son cousin. Je n’ai pas vu qu’il a les yeux de ce vert translucide des jades anciens, un adorable grain de beauté sur l’arcade gauche, pas plus que je n’ai remarqué ce minuscule éclat de saphir à son oreille ni le tatouage Maori sur son cou. Et puis tu sais bien toi que je n’aime que toi !


    « -Des clous ! Ricane le macaque, fâché que la discussion ricoche dans une direction contrariante.


    Plus pincé qu’une chanoinesse en carême, je lui fais valoir que je m’estime encore bienheureux d’être admis au sein de sa famille, leçons de musiques comprises, sur la base d’un tarif préférentiel, pour m’abstenir de me montrer brutal et discourtois en culbutant le maitre de céans avant même d’avoir vidé sa cave à vins et mis à sac son palais d’été.


    Et là, tandis que je m’apprête à enfiler les arguments oiseux –d’aucuns diraient les clichés-voici qu’un feu rouge me stoppe net.


    Warning !

    Terrain glissant !

    Eviter le sujet du « J’encule les altesses, je conchie les Milords, je pisse à la raie des aristos ! Grace à Dieu, nous ne sommes pas du même monde et vive la révolution ! », Histoire de ne pas s’entendre répondre « Mais alors, que fais tu dans le mien de monde, anarchiste des deux que je ne te lècherais plus ? Dégage s’il ne te convient pas, mon monde, bouseux, manant, cloporte ! ».


    A force de baiser hors de sa classe, on fini par le connaître le grand livre des phares, par ne plus confondre la braise racoleuse et le signal de détresse ! Pas envie de se retrouver à la rue la « Mauvaise. Graine », obligée de turbiner devant l’« Hôtel de Paris » un 15 Aout pour pouvoir s’offrir un whisky, trois cacahouètes et la douceur d’un bar de palace.


    Pour le coup, je passe fissa du mode cigüe au mode miel aux lèvres.


    Mon lapin, ma puce, mon canard en sucre, je m’en fiche moi de ton cousin. C’est un con spontané, ça se voit ! Toi tu es tellement plus intéressant, tellement plus …… Tellement plus-plus quoi !


    « Monsieur plus-plus » n’est pas dupe un centième de seconde, mais pas plus que moi il n’a envie de passer Feragosto sous les retombées acides d’un parasol thermonucléaire.


    Aussi me sourit-il.

    Aussi m’ouvre t il les bras.
    Et les draps d’un lit si haut que si tu en tombes tu te tues.


    C’est une bonne pomme mon Christophe et dans le fond, il se peut qu’il m’aime bien.