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rome - Page 2

  • "Premiers pas dans la mafia"

     

    zzzzzzzzzzzzzzzzartfxm09.jpgS’acclimater en pays étranger, même lorsque vous en connaissez parfaitement la langue, l’histoire et la plupart des coutumes n’est pas forcément une situation de tout repos. Il vous faut, outre composer avec cette nostalgie insidieuse que l’on nomme « mal-du-pays »; mais que je qualifierais plus justement, pour l’avoir pratiquée au-delà du raisonnable, de « mal-des-vôtres » ; trouver rapidement vos repères géographiques, sociaux, professionnels; vous faire votre petite place au sein d’un environnement qui jusque là c'est raisonnablement passé de votre encombrante petite personne; tout en sachant que quoi que vous fassiez vous y resterez, fut ce au terme de longues années; irrémédiablement méconnu , irrémédiablement différent, exotique aux yeux des locaux, et parfois même regardé comme potentiellement néfaste .

     

     

    Si de plus vous êtes un pédésexuel à faire passer Dame Elton John pour le champion du monde de la chatte fourrée, votre intégration dans une société latine, machiste, catholique, apostolique et forcément Romaine n'en sera que moins aisée.


    Ma première surprise fut de constater que mes nouveaux bureaux, mes nouveaux collègues ne différaient guère de ceux que je venais de quitter. On traitait Via della Ferratella in Laterano, à peu de chose près, les mêmes dossiers que boulevard Malesherbes, on y commentait les mêmes coucheries, on y assassinait ses rivaux avec la même férocité, et si le café – Italie oblige – y était meilleur, la déco élégante et froide ne variait pas d’un iota.

    Seule différence notable, alors que l’agence de Paris regorgeait d’aimables tapioles au verbe leste et aux cravates colorées, celle de Rome semblait n’employer que des hétéros, exception faite d’une gouine revêche et osseuse pour laquelle tout ce qui portait pénis méritait la mort par le pal, demoiselle qui en dépit des trésors de charme que je déployais pour l’amadouer me demeura hostile jusqu’à mon départ.


    Je passais donc les premiers temps de mon séjour en compagnie d’arrogants petits coqs parlant ballon et nichons, de jeunes mamans préoccupées par l’éducation de leur marmaille et pire que tout, d’entremetteurs des deux sexes bien décidés à fourguer le nouveau venu – un beau parti murmurait on – à quelque Bovary Italienne sèche comme une fleur d’aubépine entre les pages d’un roman .


    Ma libido d’ordinaire enthousiaste ayant eut la courtoisie de s’inscrire aux abonnés absents, je jouais donc les males dominants, barbe d’aventurier , sourire de pirate et pectoraux saillants, poussant le vice jusqu'à courtiser une graphiste qui n’avait, la malheureuse, rien à faire de mes attentions, me désolant de ses dédains sur un air de Lamento dés que je rencontrais une oreille compatissante; jusqu’à ce qu’un beau matin ou un vilain soir, certains picotements, certaines raideurs au niveau de mon entre jambe ne viennent me rappeler que j’avais vingt six ans, une bonne santé, un sexe indéniablement masculin dont je pouvais user autrement que pour uriner; sexe qui, est il besoin de le rappeler; ne consentait à s’ériger en colonne Trajane qu’en présence d’anatomies,elles mêmes, incontestablement masculines.

    Je compris qu’il était temps pour « Mauvaise. Graine » d'ôter son masque grotesque de Fascio Mascio afin d’endosser sa panoplie pourpre et or de « matador-mi amor-mis à mort » avant d’aller bruler ses ailes guillochées d’argent aux lampions bigarrés illuminant les nuits pédoques de la capitale de l’Empire.


    N’ayant jamais été féru des lieux de drague dont le coté clandestin , honteux , voire malsain me répugnait, pas plus que d’ étreintes mesquines torchées à la « vite fait-mal-fait »; je me dispensais d’aller trainer mes escarpins Gucci dans les jardins du Monte Caprino , ou sur la plage du Buco, au bien nommé lieu-dit « Settimocielo », et décidais de faire mon entrée dans la pédésphère Romaine par la grande porte, même si pour l’atteindre je choisis d’emprunter la discrète antichambre d’un bar feutré, intime et chaud repéré sur le net .

    Ironie du sort ou malice assumée, les païens, les débauchés, les libertins, les sodomites en somme, avaient choisis de s’installer non loin de l’église San Crisogno édifiée au Ive siècle de notre ère et que l’on considérait comme le plus ancien site de culte de la ville. J’avouerais franchement, puisque « Mauvaise. Graine » je suis, que l’idée de me livrer à cent turpitudes à l’ombre d’un lieu saint entre tous, me mettait dans une joie féroce.


    Comme vous pouvez-vous en douter, une « Mauvaise. Graine », ça soigne ses apparitions aussi me précipitais je chez une esthéticienne qui me fit la peau aussi lisse, aussi veloutée que le derrière pommelé de ces chérubins imbéciles, aux ailes froufroutantes et aux mines équivoques volant par nuées au plafond de la Sixtine , puis chez un dentiste du cabinet duquel je ressortis avec un sourire que l’on ne pouvait contempler sans lunettes noires sous peine de voir sa rétine irrémédiablement endommagée.


    Se posa ensuite, devant un dressing plein à craquer de fringues griffées, l’inévitable et grave question du « keske-j’vais-mettre ? J’ai-rien-à-me-mettre ! » .
    Comment s’habille-t-on pour prendre d’assaut la ville éternelle lorsque l’on sait que les Romains, et à plus forte raison les pédales Romaines, sont des toxicos de la mode ?

    Chic et choc ?

    Chic et toc ?

    Chic et salope ?

    Salope très salope et pas chic du tout ?


    Je ne sais plus pour quelle tenue j’optais mais ce fut un V beau comme un camion de pompiers qui un soir de Mai, le joli Mai, poussa la porte du « Garbo », Vicolo Santa Margherita, dans le quartier du Trastevere ce lacis de ruelles traçant son réseau serré derrière la piazza Sidney Sonnino; un V qui ignorait encore au moment ou il pénétra dans le bar que ses amours Transalpines ne porteraient jamais et pour jamais que l’unique prénom de Silvio.

  • "When in Rome....."

    z-roma-pioggia.jpgIl se dit qu’à Rome les bouches d’égout mordent les doigts des menteurs.


    Il se dit qu’à Rome les fontaines rient du long rire gouleyant des putes érudites qu'aimèrent les papes du Quattrocento.


    Il se dit qu'à Rome des chats, gras à lard, car nourris jusqu'à l'écœurement par les bonnes âmes du voisinage, vivent par centaines dans une maison située en plein centre ville entre les quatre temples de Largo Argentina.
    Il se dit qu’à Rome les statues parlent, les portes délivrent les secrets de sortilèges oubliés, les réverbères enchainent pour l’éternité le cœur des amants.

     
    Il se dit qu’à Rome il est possible de déguster des parfums au coin d’un bar comme chez nous des grands crus d’Alsace, de Bordeaux ou de Bourgogne.


    Il se dit qu'à Rome les garçons, Tifosi ou Vitelloni, sont plus beaux, plus chauds, plus accessibles que n'importe ou en Italie.

    Lorsque voici près de cinq ans, gonflé de condescendance imbécile; bedaine Flamande, teint fleuri et œil arrondi de satisfaction bovine, mon chef de service m’annonça, que j’étais muté à Rome, j’avoue que je fis un peu la gueule.

    Depuis des semaines, les cassandres des couloirs, plus visionnaires que la Pythie de Delphes, me faisaient espérer New York en sifflotant allégrement le thème de «Sex and the City» sur mon passage.

    Je m’étais imaginé au petit matin, sur le grand fleuve, un joli garçon à mon cou , assis sur un banc qui, peut être, n’existe pas; évoquant Dos Pasos et Woody Allen, tandis qu’au dessus de nous émergeait de la nuit comme un paquebot sort de la brume, l’armature fantastique du pont de Brooklyn .

    J’avais rêvé du Chrysler building, du Rockefeller center, d’une java sur Broadway; d'un pique-nique à Central Park ou d'un brunch à Soho, d'une virée au marché bio d’Union Square.

    Je me régalais d'avance, accompagnée de quelques grammes de caviar de la Caspienne, d’une tasse de « prince Vladimir » au subtil gout de vanille et d’épices dégustée au « Russian Team Room ».

     J’avais rêvé, Gershwin, d’une rapsodie en bleu; des empreintes laissées par Billie Holiday et Truman Capote dans ces clubs underground du lower East side ou se fumaient d'étranges cigarettes, d’un bar un peu bizarre sur Christopher street, peuplé de faux marins, de faux flics, de faux durs, de tendres voyous; d’une après midi shopping chez Bloomingdale’s en compagnie de Carrie Bradshaw ou Rachel Green.


    Bref, alors qu’il avait fantasmé la grosse pomme en paillettes, technicolor et cinémascope, on envoyait Lucifer se faire exorciser dans un champ d'Antiques ruines veillées par des curés et des cornettes.


    J’avais visité brièvement Rome avec ma classe de 2nde ou de 1ere quelques années auparavant et je n’en gardais pas un souvenir impérissable.

    Il y avait bien eut une cuite à l’Asti qui nous avait valu quelques fous rires et un joli teint d’épathiques pour le reste du séjour ; or cela nous nous étions tapé toutes les églises de la création, tous les vestiges du Palatin, du Capitole, les vastes tombeaux de la voie Apienne, les monastères de l'Aventin ; mangé des pizzas aigres et des pates collantes dans des trattorias qui sentaient la misère et passé de bien mauvaises nuits allongés sur d'austères lits de fer dont la plus sévère des casernes n'eut pas voulu, au premier étage d’une ancienne abbaye reconvertie en pénitencier pour adolescents sans doute parricides et que l'on n'avait plus dut chauffer depuis les jours empourprés ou les Borgia répandaient la luxure, l'inceste et le meurtre aux pieds du Saint siège.

    Pour faire bonne mesure, j’avais aussi sucé deux ou trois queues locales, mais on peut dire à ma décharge, plus qu’à celles de mes partenaires, qu’à l’époque je suçais volontiers, mal et un peu n’importe qui.


    Il va sans dire que je rentrais de ce périple un goût bien amer à la bouche.


    Depuis, j’avais souvent séjourné en Italie, principalement à Florence, ville musée dont je ne me lassais jamais et à Milan dont l’énergie, l’invention, la modernité convenaient plutôt bien à mon tempérament intrépide.


    De la ville éternelle, de ses sept collines, de son Colisée dont on ne finissait pas d’achever la restauration, de ses cascades de marbres et d’ors, de ses dômes et de ses cloches, de ses pourpres cardinalices, de ses papes grotesques, je ne voulais plus entendre parler.


    Je protestais auprès de mon chef de service.


    « -Je parle couramment Anglais; le bureau de New York m’eut mieux convenu ! »


    L'autre putain de sa race maudite - qu'il lui vienne la gratte, les bras courts et une paire de cornes au cul - balaya l’argument d’un geste vague de la main comme on chasse une poussière.


    « -Tout le monde parle couramment l'Anglais dans nos métiers. En revanche, rares sont ceux qui possèdent votre connaissance de la langue et de la culture Italienne. Vous aimerez Rome, vous verrez ! Il y fait toujours soleil. »


    Trois semaines plus tard je débarquais à Fiumicino sous un orage comme on en avait plus vu depuis Tibère l'ancien et prenais logis dans un appartement vaste et poussiéreux, Via Gregoriana, à deux pas de la Piazza di Spagna.


    Puis le soleil revint et je croisais sur le chemin du bureau un long manteau de daim crème porté par un garçon dont les souples cheveux bruns balayaient un front vaste, voilant parfois dans le vent de la marche l’éclat d’un regard, un peu oblique aux reflets de glacier. Une large besace en bandoulière, des rouleaux d’affiches plein les bras, au cou dans l’échancrure d’une chemise de fluide jersey une épaisse chaine d’argent aux maillons plats, il m’offrit d’un air de connivence un sourire enfantin qui semblait me vouloir du bien.


    Il n’en fallut pas plus pour que je tombe amoureux et de Rome et de Silvio.

  • " Chronique d'un dépucelage programmé." ( 1 )

    "Bien avant les jours et les saisons."


    zzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzvania-.jpgJe le croisais à Rome au printemps dernier.
    Il traversait le hall fastueux d’un palace, l’air faussement détaché, presqu’hautain, tenant par le bras une grande poupée Russe, sans doute l’un de ces innombrables aspirant mannequins ayant profité de la chute du mur pour enjamber de leurs pattes faméliques les vestiges du Marxisme, et qu’il escortait égarée et dolente, telle une somnambule . Lui, le regard dissimulé derrière des lunettes d’aviateur, allait d’un pas de plus en plus large, brutal, hâtif à mesure qu’il s’approchait des portes, un pas d’idole descendue parmi la plèbe, pleine de répugnances et de craintes ingrates, soucieuse de passer inaperçue et dans le même temps susceptible de se chiffonner dés lors qu’elle n’était pas reconnue, abordée, flattée.

    Il avait bien tort de s’en faire.

    De toutes les ombres indifférentes et silencieuses glissant sur les marbres d’un sol scintillant des gemmes qu’y projetait sur un rythme paisible de carrousel, un magnifique lustre de Murano – celui la même choisi par Visconti pour figurer dans la célèbre scène de bal concluant son « Guépard » -, j’étais bien la seule à me souvenir de son nom.

    Le premier saltimbanque d’une longue liste de charmants baladins.

    Mon premier amant.

    Quinze ans s’étaient écoulés depuis que nous nous étions quittés dans une paix armée annonçant une guerre qui finalement n’aurait pas lieu. Durant ces quinze années, l’adolescent effronté auquel il avait appris les ruses de l’amour s’était changé en homme revenu de tous les plaisirs et de toutes les impostures.
    Lui, après avoir connu la gloire passagère d’un rôle vedette au théâtre puis au cinéma, avait lentement sombré dans l’humiliation des soupes télévisuelles.
    Je savais pour l’avoir lu dans la presse qu’il tournait pour la R.A.I, l’une de ces interminables séries mélo-raclette dont, l’Italie, ce tremplin à secondes carrières pour les comédiens qui en France n’en ont pas eut de première, est friande. Je n’avais pas envisagé que nous pourrions nous rencontrer et moins encore qu’il ne me reconnaitrait pas.
    Car s’il me frôla de sa manche, s’il tourna, un instant vers moi, un visage ennuyé d’altesse bousculée, son absence de réactions laissait clairement entendre que mon sourire tout de même un peu ému, l’expression plus interrogative que surprise de mon regard, n’avivaient aucune étincelle dans sa mémoire.
    J’avais été un minet, entre autres, dans son lit de jeune séducteur. Je n’étais plus qu’un passant anonyme à ses yeux fanés de vieux beau.
    Du reste, comment lui en vouloir alors que j’avais oublié moi-même la moitié des garçons avec qui j’avais couché ? Et si néanmoins mon orgueil se froissait au spectacle de ce discrédit, il me fallait admette que je me rappelais cet homme, au demeurant très oubliable, uniquement pour lui avoir accordé le privilège, dont il ne mesura pas plus que moi l’importance, de me déberlinguer.

    L’été 93, j’allais sur mes 16 ans, pressé de les atteindre sans qu’il y ait de raison particulière à cela. J’aimais ce chiffre rond comme la tête d’une clé dont je pensais qu’elle me donnerait accès à toutes les libertés qu’en fait je m’octroyais déjà.
    J’avais passé Juillet à me dorer au cap Martin, avec mes grands parents, je suais, Aout, pratiquement abandonné de tous dans un Paris qui me faisait penser à la Roumanie tant il pullulait de touristes venus de l’Est.
    David, mon meilleur ami, mon presque frère, séjournait à Milan chez sa mère. Sandra, notre fag hag atitrée, était allée se perdre sous les mélèzes de Monêtier-les-Bains. Papa travaillait en Afrique du Sud. L’ainée de mes tantes, Liouba croisait quelque part entre Grèce et Corfou. Sa cadette, Stassia enceinte jusqu’aux yeux ne quittait plus son lit. A Autheuil on rénovait la toiture après qu’une tempête l’ait arrachée.


    Arthur avait 3 ans.

    Restait Sasha, ma tante benjamine, coincée en ville par les répétitions d’une pièce dans laquelle elle avait obtenu le seul rôle consistant de son obscure carrière.
    Débarrassée de ses moutards, expédiés chez leurs pères respectifs, la ravissante se montra ravie de me « recouillir » comme elle le disait en riant.
    Nous nous étions toujours parfaitement entendus aussi notre cohabitation se déroula-t-elle à ravir.
    Sasha me laissait libre comme l’air, je feignais en échange de ne pas remarquer que le joli garçon, tout embaumé d'un virevoltant parfum de framboises, de fleurs d'amandier et de clair de femme, assis à la table du petit déjeuner n’était pas le même que celui de la veille.
    A part tenir le compte des amants de la belle, je ne me trouvais pas grand-chose à faire n’étant à l’époque intéressé par rien, jusqu’au jour ou je me découvris un gout irrésistible pour le théâtre après que le principal partenaire de ma tante, en compagnie duquel nous avions pris un café, à la terrasse des « Deux magots », m’eut trouvé charmant.

    « - N’y pense même pas, Stan!, avait grogné la louve prête à déchiqueter le bel impertinent pour l'honneur d'un louveteau qui n'en demandait pas tant.

    Staniland avait rit de son grand rire aboyant et qui sonnait affamé, m’avais adressé l’imperceptible clin d’œil de celui qui a compris et qui ne dit pas non, tandis qu’il jurait sur ses grand dieux et sur la tête de Sainte Jeanne Moreau que bien évidement, il n’y pensait pas.

    Qu’importe puisque j’y pensais pour deux.

    Vigoureuses et sombres, les vapeurs d’une sexualité avide nimbaient ce jeune trentenaire aux traits réguliers et aux cheveux ras, d’une lumière sans indulgence, voire même cruelle, par laquelle je me laissais hypnotiser immédiatement, songeant que si mes appétits croissants n’avaient eut pour l’instant d’autre défouloirs que quelques innocents tripotages ou suçotages dont David s’était montré la victime extasiée, ces appétits trouveraient dans les leçons d’indécence délivrées par un professeur de cette qualité, de quoi se repaitre dans toute la barbarie qu’ils appelaient.

    Je baratinais donc Sasha pour qu’elle me laissât l’accompagner au théâtre, ce à quoi elle consentit après qu’elle eut à son tour baratiné le metteur en scène auquel elle assura que je l'idolâtrais quand j’ignorais jusqu’à son nom, que je me passionnais pour le théâtre , alors qu’abonné par ma grand mère aux matinées du Français j’en profitais pour y rattraper mes heures de sommeil et qu’en sus je pourrais rendre tout un tas de petit service susceptibles de simplifier la vie à une troupe autant accablée par la chaleur que par la noirceur cinglante d’un texte aux allures de cortège funéraire.

    Et c'est ainsi mes biens chers frères, que je devins le factotum d’une bande d’illustres comédiens occupés à servir la prose cambrée dans une cruelle absence de pitié d’un auteur qui aimait les garçons au point de désacraliser « Les jeunes filles », comédiens me trouvant tous "tellement chou","tellement trognon" dans mes petits shorts d’été que je retroussais aussi haut que possible sur mes jambes halées, histoire de donner de la motivation, si encore il en avait eut besoin, à celui ,que parmi eux, j’avais froidement choisi comme première victime de mes instincts cannibales et qui quelques rides plus loin ne me reconnaitrait pas.