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  • "La parole est à la defense."

    zzzzzzz-v-by-gert.jpgJe ne sais pas combien vous êtes à me lire. Et en toute franchise le nombre ne m'interesse pas.

    En revanche vos réactions m'intressent. Peu importe qu'elles soient élogieuses ou hostiles.

    Ce qui m'interesse est de maintenir ce blog vivant. Et avec la prise de contrôle de Facebook, nous savons tous que ce n'est pas facile.

    J'écris mal ou bien, je me livre maladroitement ou pas, peu importe puisque je fais l'effort d'aller vers vous.

    Repondez moi, absolvez moi, cruxifiez moi, mais avant tout soyez là.

    Ne me laissez pas seul à regarder mon nombril. Réagissez.

    Enrichissons nous les uns les autres.

    Echangeons, connaissons nous car quel est l'interet d'un blog lorsqu'il est uniquement tourné vers lui même?

    Allez les gars, les filles, lachez vos com et faites en sorte que je reste vivant.

    XO XO, Gossip girl.

     

  • « Rentrée des classes, sortie de placard. »

    zzzzzz-v-by-fx-96-02.jpgDavid, Sandra et moi entrâmes en seconde sans le moindre enthousiasme.


    Terrassés d’ennui à la simple pensée de devoir affronter les homélies laïques que nous dispenseraient d’un timbre tout bercé de monotonie automnale des profs aussi peu soucieux de notre avenir que nous l’étions nous mêmes, déterminés à ne rien apprendre qui put entraver une libre pensée que nous qualifions exagérément de nihiliste alors qu’elle n’était qu’un vaste foutoir de lieux communs ramassés dans des magazines de salle d’attente, nous cheminions à petits pas de misère vers le seul bahut Parisien qui voulut encore de nous.

    Il y avait belle lurette que la rentrée des classes – que Sandra appelait « la rentrée des Alpes » en raison de ses allures moutonnantes - n’avait plus pour nous le parfum nostalgique du cuir de Russie, de la colle blanche, fluide comme de la crème aux amandes et des pastels aussi gras et capiteux que les fards des houris du prophète , belle lurette que nous n’éprouvions plus aucun plaisir à parader dans des vêtements neufs et chers, absolument identiques à ceux que portaient nos camarades, ni à échanger des souvenirs de vacances plus ou moins imaginaires dans lesquels des flirts plus ou moins fantasmés se changeaient en expériences sexuelles plus ou moins inédites, elles totalement mensongères.

    Nous échouâmes cette année là dans une classe littéraire ou on lisait plus volontiers « Biba » et « Vogue » que Montesquieu ou Molière, classe presqu’exclusivement composée de fausses vierges affichant ce qu’il restait de leur bronzage et de leurs ruts estivaux dans des petites robes, encore assez légères, aux teintes gourmandes de bonbons et qui s’évasaient au dessus du genou avec des grâces alanguies de pétales ployés par les notes romantiques et poudrées dont ces jeunes filles si peu rangées parfumaient leurs ourlets.
    Les cils passés au bleu Majorelle, les lèvres au rose de caftan, voilée de transparence Indiennes, scintillante de sequins argentés, Sandra, en pleine période baba-cool post Woodstock tendance Katmandou/Marrakech avec un détour par la rue Spontini, comme d’ordinaire dénotait, tandis que David et moi, seuls garçons à peu près baisables parmi cet aréopage d’apprentie salopes déguisées en innocents magnolias prenions un plaisir sournois à répondre à leurs sourires mouillés par des regards de braises.

    Arrivé d’Afrique la veille, papa s’était ramassé dans les gencives avant même d’avoir put défaire ses valises, l’uppercut fanfaron de ma grande révélation sans que son sourire de porcelaine ne se fendille pour autant.

    « - C’est incroyable le nombre de pensées qui peuvent te traverser l’esprit en trente secondes, m’avouera t’il des années plus tard.

    Je me suis dit pourquoi lui, pourquoi moi? Pourquoi nous? L'ais je trop aimé ou pas assez? Pourquoi est il si calme, si sur de lui? D'ou vient cet éclat vermeil sur son visage? Sait-il au moins dans quoi il s’engage? J'ai cherché l'erreur, la faute, le coupable. Tes tantes, tes grand parents, ta mère, tout le monde y est passé. Et moi le premier! Par-dessus tout j’ai eut très peur. Du sida, bien sur, mais aussi du milieu ou j’avais beaucoup trainé avec mes copains gays dans les années 80. Ce milieu aux allures de fosse aux caïmans, ce milieu qui n’est jamais charitable. La fête perpétuelle, l’emphase, la dérision n’y sont que le masque d’une détresse infinie. Je ne connaissais alors aucun homo heureux. Tout ceux que je fréquentais étaient instables, rongés par le doute et la culpabilité, sombres, déchirés ou alors complètement égocentriques, enfermés dans des rôles de poupées de salons, d’infantes pavanantes, pétrifiés par la peur de vieillir, de ne plus séduire. Est-ce qu’un père peut souhaiter cela pour son fils? La plus atroce des réclusions, celle qui t’emprisonne en toi-même? J’aurais peut être dut mettre des barrières à ce moment là, t’imposer des conditions,poser des limites, encadrer cette nouvelle vie. Je ne l’ai pas fait, je n’ais pas voulu le faire. Egoïstement! J’ai songé, s’il tombe, s’il se fait mal, tant mieux, je le ramasserais, je le soignerais, je le récupérerais. Tu vois à quel point je peux me montrer minable ! Je t’ai regardé longuement. Tu avais l’air d’un bébé, mon bébé, pourtant je sentais ta force et ta détermination. Je savais, et tu le savais également, que nous n’avions pas affaire à un passage, à un rite d’adolescence mais que l’amour des hommes t’accompagnerait toute ta vie. Et je les ais maudits ces hommes, tu ne peux pas imaginer, eux qui allaient venir, séduisants et meurtriers pour m'arracher mon petit garçon, pour me l’enlever à jamais. Sans doute aurais je détesté des femmes avec la même force , d’avantage peut être puisque je les connais mieux. Cette dernière idée m’a fait comprendre que peu importait au fond que tu sois gay ou hétéro, ce qui comptait vraiment c’est que tes amours ne te blessent ni trop tôt ni trop fort, mais en la matière, j’étais impuissant. C’était ta vie que tu devais vivre ou qu’elle puisse te mener, quelques soient les chemins qu’elle puisse emprunter. Tu avais grandi sans que je m’en aperçoive. Mon rôle n’était plus de te protéger mais de te consoler. Alors j’ais fait une plaisanterie, je crois, à propos d’un magazine ou je ne sais quoi et puis je t’ai laissé partir. Tu te souviens, lorsque tu as emménagé rue d’Aboukir ? Tu m’as dit sur un ton de reproche « - Maintenant que tu as ta femme et ta fille, tu me laisses partir bien facilement ! ». Que pouvais-je répondre à cela, mon fils ? Parti tu l’étais depuis longtemps. Exactement depuis ce soir de Septembre 93 ou tu etais entré dans ma chambre avec l’allure bravache d’un général au pont d’Arcole et ou tu avais prononcé ces mots : « - Papa, je sais que je vais te faire de la peine, mais jure moi d'abord que tu ne m'aimeras pas moins. Papa,il faut que je te dise……. » Et tu vois, je savais, je savais déjà! Et je ne t'en aimais que d'avantage à supposer que ce soit possible!

      

    Ignorant tout de ces dilemnes, je me sentais, en ce matin de rentrée, une âme de jeune César. Je m'enivrais de moi même, de mes audaces, de cette liberté si facilement conquise et dont je pensais qu'elle me permettrait de me montrer tel que j'étais aux yeux du monde. Si j'en avais eut le pouvoir j'aurais organisé une "gay pride" à ma propre gloire. J'aurais aimé que chacun connaisse ma qualité d'affranchi.

    Du reste, chacun n'allait pas tarder à la connaitre tant je mis de constance à répéter à qui voulait bien l’entendre le petit discours de presentation que j’avais méticuleusement préparé.

     « - Salut . Je m’appelle V.V.S. M . J’aurais 16 ans à la fin du mois prochain. Ma famille est d’origine Ukrainienne, mais nous sommes établis à Paris depuis de nombreuses générations. Je suppose que ça fait de moi un véritable Parisien. Je n’ai jamais aimé l’école qui me l’a bien rendu. Cela ne signifie pas que je sois un élève difficile. Indifférent, tout au plus. Cependant, je suis doué pour les langues et j’adore l’Histoire lorsqu’elle s’échappe des livres d’Histoire pour venir me raconter des histoires. Je n’ai pour l’instant aucun projet d’avenir concret. Mon avenir sera ce qu’il pourra, ce qu’il voudra. Ma seule certitude à l’heure actuelle est d’aimer les garçons. Car oui, je suis gay ! Cela te pose un probléme? Non! Dans ce cas disons que tout va bien!

    Au lieu des vagues escomptées, mes coming-out succéssifs ne provoquèrent qu’un faible clapotis, une ride fugitive à la surface d’un lac ou des barques dociles dérivaient mollement parmi l’or brillant des Jacinthes et les bosquets d’Iris géants en direction de cette terre lointaine et étrangère, dangereuse peut être, que l’on appelait « VIE ACTIVE ». 

     En majuscules, en capitales, l’expression nous était martelée comme une sourde menace, « Lorsque vous entrerez dans LA VIE ACTIVE…. », « Quand vous affronterez LA VIE ACTIVE …. », à croire que l’existence, pourtant bien agitée, que nous menions durant nos années-lycée s’apparentait à une longue et paisible sieste dont nous nous réveillerions au lendemain du bac horrifiés de constater que les grandes et petites heures de nos leçons d’hébétudes n’avaient pas plus laissé de traces dans nos cervelles obtuses qu’un baiser envoyé du bout des doigts n’en laisse dans l’azur laiteux qu’il traverse.

    Légèrement dépité, je constatais que se révéler pédé en 1993 ne suscitait ni curiosité, ni scandale, ni controverse, pas même un bête ricanement qui m’eut au moins permis de faire de coup poing.
    Quelques filles cependant, me montrèrent de l’intérêt, sans doute persuadées de pouvoir me reformer, projet qu’elles abandonnèrent très vite, leurs agaceries se heurtant à un marbre qu’à coups de burin elles n’eussent sut entamer, préférant, dés lors, m’attribuer le rôle omnipotent d’arbitre de leurs élégances et confident de leurs peines de cœur.
    Et Dieu sait qu’elles romançaient des chagrins d’amour comme on brode des arabesques de jais sur la délicatesse chantante d’un velours rouge sang.
    Ces gamines, suaves comme des lys aux sucs empoisonnés, aimaient comme au théâtre. Il y avait du Racine dans leur aveuglement à s’embraser pour celui qui flambait ailleurs. Oreste aimait Hermione, Hermione aimait Pyrrhus, Pyrrhus aimait Andromaque laquelle aimait un tombeau.

    « - Vania, explique moi, toi qui connais les hommes pourquoi Jean-Hughes ne me regarde même pas et cavale après Natacha alors qu’elle sort avec Albert ! Elle est tarte en plus Natacha. Pas de seins, pas de fesses, pas de courbes. Il doit aimer jouer aux osselets, je ne vois pas d’autre explication. Ou alors c’est qu’elle couche cette grande salope ! »

    Bien entendu, toutes couchaient mais ces nobles Proserpine se seraient volontiers laissé noyer dans une caverne engloutie plutôt que d’avouer avoir abandonné leurs virginités dans des lits de hasard un soir qu’il faisait chaud et que leurs tailles dolentes comme de la soie turque s’enroulaient aux bras de garçon qu’elles trouvaient beaux.

    J’aimais assez cette idée absurde et qui courrait les préaux selon laquelle je connaissais les hommes, moi qui n’en connaissais qu’un seul et encore si mal. Cette ignorance, à vrai dire, ne m’empêchait pas de théoriser des après midi entières, dans des cafés prétoires ou nous fumions de la fumée et buvions des bulles, tandis qu’à la télévision Whitney Houston chantait « I will always love You. ».

    « - Les mecs, tu vois, disais je comme si je n’en étais pas un moi-même, ils sont comme ci ; ils sont comme ça…… », et d’enfiler des banalités telles des perles de pacotille le long d’un fil de nylon.

    Mes gracieuses m’écoutaient religieusement. La bouche légèrement ouverte, elles gobaient mes mouches cantharides comme les phalènes d’or d’une nuit ensorcelée, sans imaginer un seul instant que j’avais en la matière moins d’expérience que la plupart d’entre elles.
    Car si je voyais encore Stan, c’était à l’occasion et pour tuer le temps. Déjà je le trouvais moins séduisant. Bientôt il me paraîtrait tout à fait quelconque, jusqu’à ce que j’en vienne à me demander par quels mystères j’avais put me taper un vieux machin pareil.

    Mes jeunes filles en fleur avaient des frères en bourgeons et moi des appétits de plus en plus vivaces de chaires à peine carnées et d’innocences que je savais désormais comment convertir au péché.