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pupo

  • " Le premier matin du monde. "

    zzzzzzzzz-cricri-autheuil-0.jpgSi la marée m’avait emporté, sans doute me serais je assoupi, apaisé, assouvi, gisant de chair fermé sur l'écho de mon plaisir.

    Mais la mer est loin déjà, la plage immense et vide; mon corps oublié sur le sable qui le blesse sonne creux et lourd des accords d une sonate avortée.


    A la dérobée, j’observe Chris, assis en caleçon et large chemise ouverte à un petit bureau un peu démodé, probablement signé Grange; ses mains habiles et légères volant sur le clavier de son ordinateur.

    Le profil sans défauts du drôle se perd dans un glacis de lumière cérulescente ou s’estompent le nez court et droit, tout retroussé d’impertinence, la grâce sensuelle des lèvres meurtries, le modelé lisse et rond du menton.


    Certes Chris est beau.
    Beau à en mourir.
    A en mourir d’amour.


    Cependant, la joliesse exquise de ses traits porte en elle même sa propre limite ; l’égale monotonie d’un paysage dépourvu d’imagination ou l’on aimerait trouver, dans une brisure infime des lignes, dans un hiatus léger des couleurs, quelque subtile irrégularité propre à en pervertir la pureté.


    _ Christopheeeeeeee !


    Je feule comme un matou en rut.
    Allongé sur le ventre, tout à fait nu; je tends vers lui un bras interminable et tentaculaire.


    _ Christooooopheee , viiiiiiens !


    Il dit " j’arrive.», il dit " attend ", il dit

    " tu n’en as donc jamais assez ».


    Il fait le fier, il fait le fort.
    Il rit de folle adolescence.


    J’ai envie de lui faire rentrer ce rire au plus profond de la gorge.
    Me reviennent alors, comme des chocs, comme des chutes, les images de cette aube fondatrice, de ce premier matin du monde, lorsque nous avons unies nos grâces dépareillées au sortir d’une nuit aussi liquide et translucide que la vodka qui lentement coulait son flux froid dans nos veines. Un café et une orange pressée dans un bar sur le port tandis que les serveurs lavaient les terrasses au jet. Une ancienne rengaine de Pupo à la radio, « Su di noi, encor’una volta, dai, su di noi … ». De grands bateaux à quai et l’absence presque totale de vent.
    Il n y avait pas beaucoup de lumière, pourtant Chris rayonnait, cuirassé d or et d’enfance.


    Se pourrait il qu’il se souvienne de notre promenade dans le dédale du Sottopiazza déserté par les fêtards, de nos corps s accordant au rythme d’un pas égal ; de nos visages argentés se reflétant l' un l' autre; de nos yeux phosphorescents et maladifs trouant l’obscurité projetée par l’escalier sous l’arche duquel nous nous étions réfugiés.


    Moi, je garde la mémoire encore assez émue des lèvres de Chris, presque dures dans mon cou ; sur ma bouche, soudain, vivantes et avides ; des mots qu’il prononça juste après le baiser : " Je crois que nous allons avoir une bien belle fin d’été.»
    L’été de tous nos possibles est terminé, nigaud, voici venir l hiver de nos désillusions.


    « Mauvaise . Graine », figure de fifre, arrête donc de te pencher sur ton passé, tu vas tomber à la renverse ; arrête donc de gâcher ton quotidien à coup de petites cruautés inutiles comme on plante des aiguilles dans une poupée vaudou et puisque l envie te prend de faire un crime ; cours, vole, sauve toi, sauve le.
    Que diras tu aux juges lorsqu’ il faudra raconter, expliquer, mentir encore, mentir toujours ? Christophe avait cessé de me ressembler ? Christophe commençait à me ressembler ?


    Hélas, on ne coupe plus la tète aux pauvres fous.


    Mais enfin, qu’attends-tu de cet amour puisqu’il est médiocre ; puisqu’ il manque d élan, de flamme, de souffle ?
    Il te gène cet amour, il t’embarrasse, il te pèse. Il est aussi naïf et maladroit qu’un dessin d’enfant.
    Rassurant, cependant, il te dit qu’à plus de 30 balais consumés tu es encore capable d’enchanter les rêves Brocéliande d’un plus jeune que toi, d’un plus beau que toi. Il farde d’un doigt d’aurore ton masque exsangue de noceur ; il enlumine ton orgueil de volutes dorées, il charme ton corps rompu pourtant à toutes les indécences, il s’échoue aux douves de ton cœur forteresse.


    Pourquoi Chris a- t- il soudain, alors qu’il se détourne de son écran, ce sourire vague, incomplet, trébuchant sur l’arc souple de ses lèvres avec la grâce hasardeuse d un début de sanglot et que j’aime beaucoup ?


    « -C’est quoi déjà le nom complet de L.A ? Me demande t il.


    Je grommelle pour la Nième fois :

    « -Pueblo de Nuestra Señora la Reina de Los Ángeles del Río de Porciúncula


    Chris frappe son front du plat de sa paume.

    « -Putain, c’est trop naze un blaze pareil ! Jamais je ne le retiendrais. Et même si je le retiens je n’arriverais pas le prononcer.


    Je ramène sur mon sexe en déconfiture les plis d’un drap malmené par nos ébats.

    « -On s’en branle, Christophe. JE m’en branle. Tes clients s’en branlent. Tout le monde s’en branle.


    Aimable la « Mauvaise . Graine » à 5heure du mat, lorsque quasiment à sec de sperme mais point d’idées salaces elle espère tirer sa dernière crampe avant le passage du marchand de sable.


    Et pendant ce temps, au lieu de lui mignoter la friandise, à quoi s’occupe « l’unique objet de son ressentiment » ?
    Croyez-le ou non il surfe sur la toile.


    Pas même sur des sites de cul, pauvre malheureux.
    « Le blog d’un trou à jus », « Le journal d’un sac à foutre », « Les mémoires d’un glory hole », « Xtube », « Porntube » ; pas le style de la maison.


    Que croyez vous qu’il fasse tandis que ma bite mollit, le choupinou favoris de mes noix de Cajou ?

    IL REVISE !


    Le programme de son prochain contrat !
    Los Angeles, California !
    Le « Hollywood Babylon Tour », attrape blaireaux inscrit au catalogue d’un Tour Operateur concurrent de celui qui m’emploie.


    Je vous jure, on colle cette scène dans un film, le scénariste a intérêt d’aller se planquer à Bikini, sinon c’est un homme mort !


    Pleurez Margot ! Ma vie sexuelle est un désert, ma vie sexuelle est un désastre !
    Voilà sans doute pourquoi, j’écris autant de conneries!