Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

gainsbourg

  • " Depression au dessus du jardin."

    zzzzzzzzzzzzzzzv-j-0215.jpgJ’ai changé, ne me déplaise !
    Enormément ! En peu de temps !
    Est à cause du passage périlleux à la trentaine ?

    Est-ce à cause de Christophe ? De notre relation désastreuse semblant ne vouloir ricocher que dans des directions défavorables ?

    Naguère , mon énergie , ma vitalité , mon intenable impudence , cette manière éhontée de ne pas tenir en place sans jamais chercher la mienne ,de semer des tempêtes pour un tout , pour un rien , pour un tout petit rien ; de vivre mes amours comme on force un blocus , de les immoler ces amours sur des buchers aux allures de gaillards feux de plages , ce sacré chambard accompagnant la désinvolture de mes envols vers d’autres bras , d’autres draps ,d’autres impostures ; faisaient de mon existence un déluge , un océan en furie.
    Déluge, j’en ai brisé des digues, j’en ai inondé des plaines, j’en ai submergé des montagnes, dévalé des précipices.

    Océan, j’en ais fait des vagues, toutes identiques, toutes différentes!
    Berceuses de barcasses, chavireuses de chalutiers, briseuses de cargos.
    Vous n'en avez pas passé une, que déjà, la suivante se pointe en rafale.
    Elle vous prend en traitre , elle vous soulève , elle vous élève vers ce que croyez être le soleil , elle vous attire puis vous repousse , elle vous enveloppe , elle vous borde , elle vous déborde , elle vous roule , elle vous boule , elle vous envoie valdinguer dans les abysses .

    Vous avez de l'eau dans les yeux et les oreilles, du sel vert et acide dans les narines, un bouquet d'algues pourries dans la bouche ; si vous ne vous noyez pas, Dieu est avec vous.

    Ou le diable, allez savoir !

    La vie ça s'appelle la maladie que j’ai attrapée en naissant.
    La vie magistrale. La vie plus grande que la vie !
    « Biger than life » en français tel qu'on le cause.
    La vie broyeuse d'autres vies. La vie exigeante, impitoyable, immense et animale.
    La vie torrentielle !

    Mais voici que les temps changent. L’océan est une flaque, le déluge une bruine, « Mauvaise. Graine » une épave.

    La vie , ma vie , cette vie , je la régurgite en un lent , long ,lancinant écoulement , une sanie noire et malsaine , qui me laisse faible, appauvri, vagissant comme au creux d'un berceau .

    Pourquoi on se lève, pourquoi on se couche, pourquoi on bosse, pourquoi on baise, pourquoi on baise plus ?

    Pourquoi fais-je semblant d’écrire ?

    Pourquoi ses longs yeux d’ambre liquide ce sont ils changés en deux petits lacs gelés, ternes, occultes ?

    Je fus , pour l'unique fois de ma vie , un petit ami parfait , un ami parfait , un amant parfait . J'ai enchanté ses nuits, ses jours et ses rêves. Je lui ai offert des voyages autour de mon lit, des bouquets de rire, de perles, de mots. Je l’ai consolé, je l’ai cajolé. Je l’ai rendu plus beau que beau. Je l’ai baisé à m'en peler la bite.

    Je fus le roi, le fou, l’illusionniste, l'esclave accroupi.

    Je suis une cloche !

    Ce soir, nous sommes passés à un poil de cul de la catastrophe, à un frisotis du dernier Bing Bang.

    Je le voyais venir et je serrais les poings.

    Cette douceur dans la voix, cette fièvre soudaine hachant son débit, ces hésitations, ces phrases qui finissaient en soupirs, cet abandon que je ne lui connaissais pas.

    Les mots qu'il n'osait prononcer déchiraient l'opacité de son silence.

    J'ai prié : pas maintenant, pas déjà, pas comme ça !
    Il a compris, je crois.

    Il a dit : « -Bon, je me couche, moi ! Dors bien fais de doux rêve !
    « _ Ok, bonne nuit.
    « _ Tu sais, je ....
    « _ Tais toi !

    J’ai quitté la chambre.

    Deux heures du mat et des minutes.
    Fin de partie au Sans-soucis !
    Au rez -de- chaussée j’ai récupéré une bouteille de Vodka, beaucoup de glace !

    A présent, gelé comme un coing, presque délivré de la conscience de mon corps, l'esprit en déroute, le cœur calebasse battant sous des paumes africaines, j’attends de sombrer dans ce « sommeil ivre » dont parle Rimbaud.

    En pure perte !

    A cette heure de la nuit et dans l'état ou je me trouve, j’oublie d’ordinaire la cause de mes tourments.
    Je me sens même, la plupart du temps, assez d'humeur à me lancer dans des digressions illuminées sur la vie, l’amour, la coiffure, le vin.

    Le point de non retour atteint, déjà en terre lointaine, les mots me viennent comme des chocs, pitreries, agressions, jetés battus, « je-t-ai-battu », hideuses têtes d'Iokanaan au poing sanglant de Salomé.

    La logique ainsi qu’un petit pantin désarticulé, funambule sur un fil ténu, tendu entre deux paradoxes. Les idées fusent, fusionnent, s'estompent aussitôt.

    Délire, verbiage, clairvoyance.

    Références aux princes de la cuite: Baudelaire, Apollinaire, Audiard, le grand serge!

    "Dépression au dessus d'un jardin
    Ton expression est au chagrin
    Tu as lâché ma main
    Comme si de rien n'était.
    De l'été c'est la fin
    Les fleurs ont perdu leurs parfums
    Qu'emporte un à un
    Le temps assassin."

    Gonflé d’importance, pédagogue sentencieux, je cherche à me convaincre, à coups d’aphorismes d'argile, que l'alcoolisme pas plus que l'amour n'a besoin de raisons. Que l'on cherche toujours des excuses plus que des explications. Que j’aime boire moins par goût de l'alcool que pour l'ivresse qu'il procure.

    Que je bois pour oublier.

    Oublier qui ? Oublier quoi ?

    Oublie-moi toujours, jamais je ne t’oublierais.

    Le crabe dans les vapes affute ses ciseaux. L'alcool sur la plaie fait comme du sel, il brule sans cautériser. Il n'a ni beauté ni bonté.

    Pouvoir thérapeutique ?

    A dose homéopathique, sans doute.

    Quatre verres de vin te feront le cœur sain, le sang fluide, les artères souples.

    Quatre verres de vins ? Cuite mesquine !

    Moi, je bois tel un soudard, pour la destruction et la gloire.
    Gloire des armes, gloire des larmes, gloire mensongère des tréteaux, gloire des fontaines et des Bacchantes, gloire chavirante des bateaux.

    Boire pour s’oublier, se transmuter, se transformer.

    En quoi ? En objet de risée, en dindons de farces bouffonnes ?

    C'est une maladie que l’alcoolisme, une maladie honteuse.

    Les cancéreux apitoient, les alcooliques prêtent à rire. Ils quêtent de l'amour et ne récoltent que des lazzis.

    Ce soir je pourrais tuer pour une déclaration d’amour !

    Une qui aurait de la gueule, de l’allure, du panache !

    Comprenez moi, je suis comme Sophie Marceau dans " La boum 13 : Romance à l'hospice ", je n'ai rien contre le fait qu'on me dise " je t'aime "; mais pitié Messieurs, un peu de classe, un peu d’audace, un peu d'originalité !
    Soignez le décor, soignez la présentation ; mettez un costard et genou à terre. Sortez les fleurs et les confettis, les revolvers et les couteau. CInvoquez les violons de Baudelaire, les orages furibards des sœurs Brontë, le technicolor flamboyant des mélos de la «  MGM  ».

    Ne le dites pas au téléphone.

    Encore moins par SMS.

    Surtout pas sur MSN.

    Par signaux de fumée, à la limite vous le pouvez.

    A condition de vous appeler Sitting Bull, bien sur.

    Ah, vous vous appelez Christophe ?
    Glad to met You. My Name Is Graine, Mauvaise. Graine !

    Vous êtes un petit breton, fils de la pluie et des marées. Dans ce cas, donnez-vous un petit peu de mal.

    Faites rugir l’Atlantique, faites gueuler les goélands, chapardez les mots de Chateaubriand et faites m'en offrande.

    " Mon dernier rêve sera pour vous "

    Vous devez vous dire, elle est mignonne la « Mauvaise. Graine » ; mais c'est un truc de midinette que d'accorder tant d'importance à deux notes et demi de musique que certains vous chantent aussi souvent que " Bonjour comment ça va ? " dans une journée ; que de toute façon, il n'y a pas d'amour mais des preuves d'amour et patati et patalaire, l’infini à portée des caniches.

    Peut être avez vous raison.

    Moi, je suis persuadé qu’un " Je t'aime " n'est jamais innocent.
    C'est une balle de revolver qu'un " Je t’aime ».

    Ou il vous effleure sans vous blesser, ou il vous explose le cœur.

    Tant qu'a faire, s'il doit me tuer que se soit en apothéose.

    Je veux des fanfares et des vivats, des serpentins et des ballons, un ciel tonnant de 14 Juillet.

    Et tant pis si au fond, moi, je ne l’aime plus.